Le grand voyage
et plus haute.
Ils revinrent sur leurs pas à la recherche de l’endroit où ils
avaient caché leur tente et leur équipement après que Whinney avait été enlevée
par la troupe de chevaux sauvages.
— Il me semble reconnaître le paysage... ce doit être par
ici, dit Jondalar.
— Oui, c’est aussi mon impression. Je me rappelle ce
promontoire, mais le reste a tellement changé ! fit Ayla avec désarroi.
Les rives gelées, les congères et les tertres de neige
empêchaient de voir où commençait le fleuve. Les rafales de vent et la glace
qui s’était déposée sur les branches dans une alternance de gel et de redoux
avaient couché plusieurs arbres. Des arbrisseaux et des ronciers ployaient sous
le poids de la glace et de la neige ; les voyageurs, les prenant pour des
rochers, s’empêtraient dans leurs branches quand ils tentaient de les
escalader.
L’homme et la femme s’arrêtèrent près d’un bosquet et scrutèrent
les environs en quête d’un indice qui les guiderait jusqu’au fourré où ils
avaient caché leur tente et leur réserve de vivres.
— Nous ne sommes pas loin. Je sais que c’est par ici, mais
tout est si différent ! s’exclama Ayla. L’apparence est souvent trompeuse,
tu ne trouves pas ?
— C’est vrai, tout change en hiver, dit Jondalar en la
regardant sans comprendre.
— Je ne parle pas seulement du paysage. C’est difficile à
expliquer. Regarde S’Armuna, par exemple. Lorsque nous sommes partis, elle t’a
demandé de transmettre son bonjour à ta mère. Mais elle a spécifié de la part
de Bodoa. C’est sous ce nom que ta mère la connaît, n’est-ce pas ?
— Oui, certainement. Dans sa jeunesse, elle devait s’appeler
Bodoa.
— Et elle a abandonné son nom pour devenir S’Armuna. C’est
comme la zelandoni dont tu parles si souvent, celle qui s’appelait Zolena.
— Oui, on abandonne son nom volontairement en devenant
Celle Qui Sert la Mère.
— Oui, je sais, dit Ayla. Creb faisait pareil quand il
revêtait l’habit de Mog-ur. Il ne renonçait pas à son nom, mais il était un
autre homme quand il dirigeait la cérémonie en tant que Mog-ur. Creb
ressemblait à son totem de naissance, le Chevreuil, timide et tranquille. Il
parlait peu, comme s’il épiait les autres de sa cachette. Mais lorsqu’il était
Mog-ur, il prenait la puissance et l’autorité de son totem, l’Ours des
Cavernes. Il n’était jamais complètement ce qu’il paraissait être.
— Toi aussi, tu es comme cela, Ayla. La plupart du temps tu
préfères écouter, mais avec un malade ou un blessé, tu changes. Tu prends l’initiative,
tu ordonnes et on t’obéit.
— Je n’avais jamais envisagé les choses sous cet angle. Je
ne cherche qu’à aider.
— Oui, je sais. Mais cela va plus loin. Les gens sentent
que tu sais ce que tu fais, et je crois que c’est pour cela qu’ils t’obéissent.
Si tu le voulais, tu pourrais devenir Celle Qui Sert la Mère.
Ayla se rembrunit.
— Je ne crois pas. Je veux garder mon nom. C’est tout ce
qui me reste de ma mère, dit la jeune femme, qui désigna soudain un tas de
neige étrangement symétrique. Regarde, Jondalar !
L’homme examina le tertre sans comprendre, mais peu à peu le
dessin régulier du monticule lui évoqua quelque chose de familier.
— Serait-ce... ? interrogea-t-il en éperonnant Rapide.
Le monticule était cerné par un enchevêtrement de ronces, ce qui
augmenta leur excitation. Ils descendirent de cheval et Jondalar, muni d’une
grosse branche, se fraya un chemin parmi les piquants. Au centre du fourré il
frappa le tertre de son bâton, et la neige s’effondra, dénudant le canot
retourné.
— Le voilà ! s’écria Ayla.
Ils aplatirent les longs rameaux épineux à grands coups de pied
pour atteindre le canot et les paquets soigneusement enveloppés qu’il
recouvrait.
L’agitation de Loup leur fit comprendre que la cachette n’avait
pas été totalement efficace, et en découvrant des excréments de loup, ils
comprirent son émoi. Les loups avaient saccagé leurs affaires et réussi à
déchiqueter certains paquets pourtant bien camouflés. Même la tente était
déchirée mais ils s’attendaient à pire.
— L’anti-Loup ! s’exclama Jondalar. C’est sûrement
grâce à ça qu’ils n’ont pas saccagé toutes nos affaires.
La mixture qu’avait inventée Ayla pour décourager Loup de
mâchouiller leurs peaux avait sauvé une partie de leur équipement.
— Et
Weitere Kostenlose Bücher