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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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quand la
neige a été ramollie par le soleil, et au matin leur fourrure gelée est prise
dans le sol. Ils ne peuvent plus bouger. C’est le moment idéal pour les
chasser. Mais même s’ils ne sont pas massacrés par les chasseurs et que le
dégel tarde, ils restent cloués au sol et meurent lentement de faim. Les plus
jeunes meurent parfois de froid.
    — Quel rapport avec le fait d’aller au nord ?
    — Plus tu vas vers le glacier, moins il y a de neige. Te
souviens-tu du jour où nous avons chassé le mammouth avec les Mamutoï ? Il
n’y avait qu’un torrent qui provenait de la fonte du glacier. Et nous étions en
été. L’hiver, tout est gelé.
    — Et c’est pour cela qu’il n’y a presque pas de neige par
ici ?
    — Oui. Dans cette région, il fait toujours froid et sec,
surtout en hiver. On dit que c’est à cause de la proximité des glaciers. Ils
recouvrent les montagnes du sud, et le Grand Glacier n’est pas très loin au
nord. La région limitrophe est un territoire de Têtes Plates... heu, je veux
dire du Clan. Elle commence un peu plus à l’ouest, précisa Jondalar qui avait
remarqué la réaction d’Ayla et se sentit gêné. Il y a un autre dicton sur les
mammouths et l’eau, mais je l’ai oublié. C’est quelque chose comme : « Si
tu ne trouves pas d’eau, cherche les mammouths. »
    — Ah, celui-là, je le comprends, dit Ayla qui regardait
au-delà de Jondalar.
    Il se retourna pour voir ce qui l’intéressait. Les femelles
avaient remonté le fleuve et joignaient leurs efforts à ceux des mâles.
Plusieurs d’entre elles attaquaient une étroite paroi de glace presque
verticale qui s’était formée au bord du fleuve. Les plus gros mâles, parmi
lesquels un vieux mammouth au poil sillonné de gris, et dont les défenses
impressionnantes se croisaient devant les yeux – perdant ainsi
beaucoup de leur efficacité –, creusaient la paroi et arrachaient des
blocs de glace énormes. Ils les soulevaient ensuite avec leur trompe et les
fracassaient en petits morceaux en les jetant violemment au sol. Le tout
accompagné de mugissements, de barrissements, et de piétinements
assourdissants. Les bêtes énormes semblaient prendre un plaisir évident à ce
petit jeu.
    Cette technique pour casser la glace était connue de tous les
mammouths. Même les minuscules défenses de cinq centimètres des jeunes d’à
peine trois ans qui venaient juste de perdre leurs incisives étaient déjà usées
à force de gratter la glace, et la pointe des défenses de cinquante centimètres
des jeunes de dix ans présentaient une usure caractéristique à force de racler
les parois verticales des murs de glace. Lorsqu’ils atteignaient leur
vingt-cinquième année, les défenses des jeunes mammouths commençaient à s’incurver
vers le haut, modifiant alors leur utilisation. La surface inférieure des
défenses s’usait dans les efforts pour déblayer la glace et la neige qui
recouvraient les plantes des steppes. Casser des blocs de glace représentait
parfois un danger, et les défenses se brisaient souvent. Mais les pointes
cassées étaient vite polies par l’acharnement des mammouths à creuser et
dégager des blocs de glace afin de se désaltérer.
    Ayla s’aperçut que d’autres animaux s’étaient assemblés. Les
troupeaux de mammouths ne cassaient pas seulement des blocs de glace pour leur
consommation personnelle, toute la communauté animale en profitait et
accompagnait les mammouths dans leur migration. Les énormes créatures laineuses
ne se contentaient pas de dégager des blocs de glace en hiver, ils creusaient
aussi des trous dans les lits asséchés des rivières en été, qui se
remplissaient ensuite d’eau. Ces réservoirs profitaient aussi à ceux qui
avaient la bonne idée de suivre les géants.
    Ayla et Jondalar longeaient les berges de la Grande Rivière
Mère, soit à cheval, soit à pied. La neige était trop rare pour camoufler la
terre et la végétation dormante montrait son terne aspect hivernal. Les longues
hampes des roseaux phragmites et les épis des massettes pointaient vaillamment
au-dessus de leur lit marécageux, alors que les fougères mortes et les carex s’étendaient
prostrés le long des rives gelées. Les lichens accrochés aux rochers
ressemblaient aux croûtes d’une blessure, et la mousse racornie se réduisait en
petits tapis secs et cassants.
    Les longs doigts squelettiques des rameaux dénudés cliquetaient
dans le vent coupant, et

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