Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
Vom Netzwerk:
le faîte en surplomb. Le roc, en forme de colonne, plus foncé
que la falaise calcaire qui le supportait, penchait dangereusement comme
pétrifié au moment de la chute. Elle savait que le rocher, qui menaçait de
tomber à tout moment, lui signalait quelque chose de très important. Quelque
chose dont elle devrait se souvenir, quelque chose qu’elle avait fait... ou
devait faire... ou ne devait surtout pas faire.
    Elle ferma les yeux et réfléchit. Elle vit des ténèbres,
violettes, épaisses, palpables, comme seul le fond d’une caverne pouvait en
receler. Une minuscule lumière scintilla au loin, et elle se faufila dans un
passage étroit pour l’atteindre. En approchant, elle vit Creb avec d’autres mog-ur,
et une peur panique la submergea. Elle ouvrit vivement les yeux pour chasser ce
souvenir.
    Elle se retrouva sur la berge de la petite rivière au pied de
la falaise. De l’autre côté du cours d’eau, Creb gravissait péniblement un
sentier qui menait au rocher en équilibre instable. Elle s’était laissé
distancer et ne savait plus comment le rejoindre. Elle l’appela :
    — Creb, excuse-moi. Je ne voulais pas te suivre dans la
caverne.
    Il se retourna et lui expliqua par gestes de se hâter.
    — Dépêche-toi. Ne perds pas de temps !
Dépêche-toi !
    La rivière s’élargissait et devenait de plus en plus
profonde. La glace l’envahissait.
    L’étendue de glace augmentait sans cesse et la séparait
davantage de Creb.
    — Attends-moi, Creb ! Ne m’abandonne pas là !
hurla-t-elle.
    — Ayla ! Ayla, réveille-toi ! C’est encore un
de tes rêves, dit Jondalar en la secouant tendrement.
    Elle ouvrit les yeux, ressentit une perte immense et une panique
intense. Elle reconnut les parois tendues de peaux. Les braises encore
rougeâtres dans le foyer éclairaient la silhouette de Jondalar. Elle se serra
contre lui.
    — Dépêchons-nous, Jondalar, il faut partir ! Il faut
partir tout de suite, insista-t-elle.
    — Mais oui, nous allons partir. Mais la Fête de la Mère a
lieu demain, et il faut encore décider de ce que nous emporterons.
    — La glace ! frissonna-t-elle. Il faut traverser la
rivière de glace !
    — Oui, je sais, assura-t-il en la berçant doucement. Mais
nous devons d’abord trouver une solution pour Loup et les chevaux. Nous aurons
besoin de nourriture, et d’eau pour nous tous. La glace est dure comme le roc,
là-bas.
    — Creb veut que nous fassions vite. Il faut partir !
    — Nous partirons le plus tôt possible, Ayla. Je te le
promets.
    Une sourde inquiétude l’envahit. Il ne fallait pas tarder s’ils
voulaient franchir le glacier sans encombre. Mais pouvaient-ils partir avant la
Fête de la Mère ? Tout de même pas !
    Bien qu’il ne réchauffât pas l’air glacial, le soleil
déclinant filtrait à travers les branches des arbres. A l’ouest, l’astre
étincelant descendait au milieu de nuages embrasés qui diffusaient une lueur
rosâtre réfléchie par les pics glacés des montagnes. La nuit tomberait bientôt,
mais Ayla et Jondalar étaient toujours dans le pré devant la caverne. Comme
tous les spectateurs, Jondalar observait Ayla.
    Elle prit une profonde inspiration et retint son souffle pour
que la buée ne lui cachât pas la vue et l’empêchât de viser. Elle prit deux
pierres et en glissa une dans la poche de la fronde qu’elle fit tournoyer une
fois avant d’expédier son projectile. Elle glissa vivement sa main libre le
long de la fronde, introduisit la deuxième pierre dans la poche, imprima
aussitôt le même mouvement que précédemment et lança son second jet. Personne
ne pouvait lancer deux pierres aussi vite.
    — Oh !
    — Tu as vu !
    Les exclamations admiratives fusaient de partout.
    — Elle a brisé les deux boules de neige à l’autre bout du
pré ! disait l’un.
    — Je la trouvais habile avec son propulseur, mais elle est
encore meilleure à la fronde ! renchérissait l’autre.
    — Elle a dit qu’il faudrait qu’on s’exerce longtemps avant
de viser juste avec le propulseur, remarqua Larogi. Mais combien de temps lui
a-t-il fallu pour lancer deux pierres aussi vite et avec autant de
précision ? Je préfère apprendre à me servir du lance-sagaies.
    La démonstration était terminée et la nuit approchait. Laduni s’avança
et annonça que le festin allait bientôt commencer.
    — Il sera servi dans le foyer central, mais auparavant,
Losaduna va le dédier à la Mère au Foyer de Cérémonie.

Weitere Kostenlose Bücher