Le grand voyage
Mais les
chevaux boivent davantage. Nous n’en aurions pas suffisamment. Voici la
vérité : nous cherchons un moyen de transporter assez d’eau, ou de faire
fondre assez de neige pour parvenir de l’autre côté du glacier.
Un vacarme de suggestions s’éleva de toutes parts, mais Laduni
réclama le silence.
— Mes amis, que chacun y réfléchisse et nous nous
retrouverons demain pour comparer nos idées. Cette soirée est réservée au
festin.
Jondalar et Ayla n’avaient pas été chiches de nouveauté et de
mystère pour égayer les longs et mornes mois d’hiver, et leur avaient donné
matière à de nombreuses histoires à raconter au cours des Réunions d’Été. De
surcroît, ils leur offraient la pierre à feu, et proposaient maintenant un défi
excitant : un problème délicat à résoudre, qui leur donnait l’occasion de
faire jouer les muscles de leur cerveau. Les voyageurs pouvaient compter sur
leur participation ardente, ils ne ménageraient pas leurs efforts.
Madenia était venue assister à la démonstration de la pierre à
feu, et Jondalar ne pouvait s’empêcher de remarquer qu’elle ne l’avait
pratiquement pas quitté des yeux. Il lui avait souri plusieurs fois, ce à quoi
Madenia avait répondu en rougissant et en détournant vivement la tête. Lorsque
les Losadunaï quittèrent le Foyer de Cérémonie, il marcha à sa rencontre.
— Bonsoir, Madenia, lança-t-il. Est-ce que la pierre à feu
t’a plu ? Il ressentait cette même attirance que provoquaient souvent chez
lui les jeunes filles avant les Premiers Rites, nerveuses et effarouchées,
comme celles qu’on lui avait demandé d’initier au Don des Plaisirs de la Mère.
C’était une tâche qui lui plaisait, dont il s’acquittait parfaitement et c’était
pourquoi il avait si souvent été choisi comme guide. Contrairement aux jeunes
filles aux craintes puériles, la peur de Madenia était fondée, et Jondalar
aurait considéré le délicat passage de la douleur au plaisir comme un défi
supplémentaire à relever.
Il posa sur Madenia son regard d’un bleu étonnant en regrettant
de ne pas rester assez longtemps pour participer aux rites annuels des
Losadunaï. Il souhaitait sincèrement l’aider à surmonter ses peurs et son désir
pour elle n’était pas feint. Le mariage de ces deux sentiments décuplait son
charme viril et le rendait irrésistible. Il adressa un dernier sourire à
Madenia qui la laissa sans voix.
Cette émotion était nouvelle pour Madenia. Une chaleur inonda
tout son être et elle brûla bientôt d’un feu qui lui faisait perdre la tête.
Elle avait envie de toucher Jondalar, d’être caressée par lui et elle ne savait
pas comment exprimer ce désir nouveau. Elle esquissa un sourire intrépide, et
resta ensuite bouche bée, honteuse de tant d’audace. Embarrassée, elle courut
se réfugier dans son foyer. Sa mère la vit partir et la suivit. Jondalar
connaissait ce genre de réaction. Souvent, les jeunes filles timides
réagissaient comme Madenia, ce qui ne les rendait que plus désirables.
— Qu’as-tu fait à cette pauvre enfant, Jondalar ?
Il se retourna et sourit à celle qui venait de l’apostropher.
— Ai-je vraiment besoin de le demander ? reprit-elle.
Je me souviens d’un temps où ce regard m’avait presque conquise. Mais ton frère
avait son charme, lui aussi.
— Et tu en as été bénie. Tu es resplendissante, Filonia.
Es-tu heureuse ?
— Oui, très. Thonolan m’a laissé une parcelle de son
esprit, et j’en suis très heureuse. Et toi ? Où as-tu rencontré cette
Ayla ?
— Oh, c’est une longue histoire. Elle m’a sauvé la vie.
Malheureusement, il était trop tard pour Thonolan.
— Oui, j’ai entendu dire qu’un lion des cavernes l’avait
tué. Cela m’a beaucoup peinée.
Une ombre de douleur assombrit le regard de Jondalar.
— Mère ? appela une petite fille.
C’était Thonolia qui arrivait main dans la main avec l’aînée de
Solandia.
— Puis-je manger au foyer de « Salia » et jouer
avec le loup ? Il aime les enfants, tu sais.
Filonia dévisagea Jondalar d’un air inquiet.
— Loup ne lui fera aucun mal, Filonia, assura Jondalar. C’est
vrai qu’il adore les enfants. Demande à Solandia, elle le laisse jouer avec son
bébé. Loup a été élevé au milieu d’enfants et Ayla l’a dressé. C’est une femme
remarquable, surtout avec les bêtes.
— Alors, c’est d’accord, Thonolia, fit sa mère. Si cet
homme
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