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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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enthousiasmaient le
peuple de la Caverne des Sources Sacrées. L’arrivée d’Ayla et de Jondalar au
plus profond du morne hiver avait provoqué une fièvre qui n’était pas près de s’éteindre
grâce aux inévitables récits qu’on évoquerait pendant des années. Dès leur
apparition, assis sur le dos des chevaux et suivis par le Loup Qui Aimait Les
Enfants, les suppositions les plus invraisemblables avaient circulé. Les
visiteurs avaient des histoires passionnantes à raconter, des idées nouvelles à
partager, et des instruments fascinants, comme le propulseur et le tire-fil, à
utiliser.
    On murmurait qu’à l’occasion de la Fête de la Mère, la jeune
femme montrerait une nouvelle magie où il serait question de pierre et de feu,
comme pour leur pierre qui brûle. Losaduna, lui-même, en avait dit deux mots
pendant le dîner. Les visiteurs avaient également promis de faire une
démonstration de leur propulseur, devant la caverne, pour que chacun pût
apprécier les immenses possibilités de l’engin, et Ayla leur enseignerait ce qu’on
pouvait faire avec une fronde. Mais ce qui excitait le plus leur curiosité
restait la pierre mystérieuse et le feu.
    Ayla découvrit qu’il était aussi épuisant d’être constamment le
centre d’intérêt d’un groupe que d’être toujours en voyage. Tout l’après-midi,
elle avait été bombardée de questions et on lui demandait sans cesse son avis
sur des sujets dont elle ignorait tout. A la nuit tombée, elle était si
fatiguée qu’elle quitta la réunion dès qu’elle le put. Loup l’accompagna et
Jondalar ne tarda pas à la suivre, laissant les papotages et les spéculations
aller bon train après son départ.
    On leur avait aménagé un endroit pour dormir dans le foyer de
cérémonie qu’occupait Losaduna. Ils terminèrent leurs préparatifs pour la fête
et se glissèrent ensuite dans leurs couches de fourrures. Jondalar prit Ayla
dans ses bras et songea aux préliminaires qu’elle considérait comme son « signal »
pour les Plaisirs, mais elle semblait si nerveuse et si distraite qu’il y
renonça. D’autant qu’on ne savait jamais ce qui pouvait se passer dans une Fête
de la Mère, et Losaduna avait suggéré qu’il serait judicieux de se réserver et
d’attendre la fin du rituel exceptionnel qu’il avait préparé, avant d’honorer
la Mère.
    Il avait confié à Celui Qui Sert ses doutes sur ses capacités à
avoir des enfants nés de son foyer. La Grande Mère jugeait-Elle son esprit inadéquat
a faire naître une nouvelle vie ? Ils avaient donc supplier la Mère de lui
accorder Son aide lors d’un rite privé précédant la Fête.
    La respiration de Jondalar s’était alourdie depuis longtemps,
mais Ayla était incapable de trouver le sommeil. Elle tournait et se retournait
sans cesse, en prenant garde de ne pas déranger l’homme à ses côtés. Elle finit
par sommeiller sans jamais s’endormir tout à fait, et ses pensées se peuplèrent
de rêveries étranges à mesure qu’elle oscillait entre deux états de conscience...
    La végétation printanière habillait la prairie d’un
manteau vert, égayé par une abondance de fleurs de toutes les couleurs. Au
loin, la façade escarpée d’une muraille rocheuse d’un blanc d’ivoire, percée de
multiples cavernes et dont les veines noires convergeaient vers de vastes
surplombs, miroitait sous les rayons ardents qui tombaient d’un ciel d’azur
immaculé. Le soleil se réfléchissait dans la rivière qui courait au pied de la
roche, indiquant les contours de la falaise sans la suivre exactement.
    Dans le pré qui bordait la rivière, à mi-chemin, un homme l’observait,
un homme du Clan. Il se retourna et se dirigea vers la falaise en s’appuyant
sur un bâton. Bien qu’il boitât, il marchait à vive allure. Il ne lui avait
fait aucun signe, n’avait prononcé aucun mot, mais elle savait qu’elle devait
le suivre. Elle se hâta et lorsqu’elle arriva à sa hauteur, il la dévisagea de
son seul œil valide. Son regard pénétrant était plein de compassion. Elle
savait que son manteau en peau d’ours cachait le moignon d’un bras qui avait
été amputé au coude lorsqu’il était enfant. Sa grand-mère, une guérisseuse
réputée, avait coupé le membre rongé par la gangrène après qu’un ours des
cavernes l’avait broyé. C’était là aussi que Creb avait perdu son œil.
    En approchant de la falaise, elle remarqua un rocher étrange
en équilibre sur

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