Le grand voyage
Jondalar en roulant sur le dos.
— Je veux bien, fit Ayla en s’asseyant. Mais je vais d’abord
jouer dans la rivière avant qu’il ne fasse nuit. (Elle se pencha pour l’embrasser
et sentit son goût sur ses lèvres.) Et surveiller la viande.
Elle courut vers le feu, retourna le rôti, remplaça les pierres,
ajouta du bois dans les braises, et descendit à la rivière. L’eau était froide
mais elle s’en moquait. Elle avait l’habitude de se laver dans l’eau glacée.
Jondalar ne tarda pas à la rejoindre. Il avait apporté une peau de daim souple
qu’il déposa sur la rive avant d’entrer dans l’eau. Il prit une profonde
inspiration et plongea.
— Elle est froide ! cria-t-il en refaisant surface.
Il rejeta en arrière les cheveux qui lui tombaient dans les
yeux. Un sourire malicieux aux lèvres, Ayla s’approcha de lui et l’aspergea. Il
riposta et une bataille bruyante s’engagea. Ayla sortit de l’eau la première et
se sécha avec la peau de daim. Puis, elle la tendit à Jondalar qui l’avait
rejointe et rentra vite au campement s’habiller. Elle versait la soupe dans
leur bol à l’aide d’une louche quand Jondalar arriva.
5
Le soleil, avant de sombrer à l’ouest derrière les hauts
plateaux, dardait ses derniers rayons à travers les arbres. Souriant à
Jondalar, Ayla attrapa la dernière framboise dans son bol et la mangea avec
délice. Elle se leva ensuite pour nettoyer les ustensiles et les ranger afin de
faciliter le départ de bonne heure le lendemain.
Elle donna les restes de leur repas à Loup, puis jeta dans la
soupe les graines grillées – blé sauvage, orge, graines de pattes-d’oie,
cadeau de Nezzie –, et posa le panier sur le rebord de l’âtre. Elle
enveloppa le rôti de bison et la langue dans une peau brute en parflèches où
elle conservait la nourriture. Elle noua le tout avec des cordes solides et le
suspendit à un trépied fait de longues perches, hors d’atteinte des rôdeurs
nocturnes.
Les perches effilées avaient été taillées dans des troncs d’arbres
entiers, longs, fins et droits, ébranchés et écorcés. Ayla les transportait
dans des fourreaux spéciaux qui dépassaient des deux paniers sur la croupe de
Whinney. De la même façon, Jondalar transportait les mâts de tente, plus
courts. Les longues perches leur servaient parfois à fabriquer des travois
tirés par les chevaux pour les charges trop lourdes ou trop encombrantes. Ils
avaient pris soin de les emporter parce que les arbres susceptibles d’en
fournir étaient rares dans les steppes. Même au bord des rivières, on ne
trouvait guère mieux que des taillis.
Jondalar ajouta du bois dans le feu, puis il alla chercher la
tablette d’ivoire et examina à la lueur des flammes la carte que Talut avait
gravée. Lorsqu’Ayla eut terminé son rangement et qu’elle vint s’asseoir près de
lui, elle remarqua qu’il avait retrouvé son air inquiet des derniers jours.
Elle l’observa longuement, puis mit des pierres à chauffer pour faire bouillir
l’eau de l’infusion qu’elle préparait tous les soirs. Mais au lieu des
inoffensives herbes odorantes qu’elle utilisait habituellement, elle piocha
quelques sachets dans sa peau de loutre. Une herbe calmante serait la
bienvenue, se dit-elle, de la matricaire ou des racines d’ancolie, mélangée à
une infusion d’aspérule odorante. Elle aurait bien voulu connaître la cause du
trouble de Jondalar, mais n’osait pas le questionner. Finalement, elle se
décida.
— Jondalar, te souviens-tu de l’hiver dernier, quand tu n’étais
pas sûr de mes sentiments, ni moi des tiens ? Demanda-t-elle.
Plongé dans ses pensées, il ne saisit pas tout de suite le sens
de sa question.
— Si je m’en souviens ? s’exclama-t-il enfin.
Évidemment ! Tu ne doutes pas de mon amour, j’espère ? Moi, je ne
doute pas de tes sentiments pour moi.
— Non, moi non plus. Mais il peut y avoir d’autres motifs
de malentendu, et je ne veux pas que recommence ce qui s’est passé l’hiver
dernier. Je ne supporterais pas de vivre dans l’angoisse, pour la seule raison
que nous ne parlons pas de nos ennuis. Avant de quitter la Réunion d’Été, tu m’as
promis de tout me dire. Jondalar, je crois que tu as des ennuis. Parle-moi, je
t’en supplie.
— Oh, ce n’est rien. Rien dont tu aies à t’inquiéter.
— Mais toi tu es inquiet. Si quelque chose t’inquiète, tu
ne crois pas que j’ai le droit de savoir ce que
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