Le grand voyage
étaient restés les derniers devant le récipient
en bois.
— Ayla, que tu es belle ! murmura-t-il.
Enfant, elle avait toujours été pour les autres grande et laide,
et bien que Jondalar lui eût répété sans cesse qu’elle était belle, elle ne l’avait
jamais cru, pensant que l’amour l’aveuglait. Elle ne se considérait pas comme
une jolie femme, et le compliment de Daraldi la surprit.
— Oh, non ! dit-elle en s’esclaffant. Je ne suis pas
belle !
— Mais... mais si, tu es très belle, bredouilla Daraldi,
décontenancé. Il avait essayé d’attirer son attention toute la soirée mais n’avait
pas réussi à déclencher l’étincelle qui l’aiderait à concrétiser ses efforts.
Pourtant, Ayla était amicale, chaleureuse, et la sensualité naturelle qu’elle
dégageait l’encourageait à poursuivre. Il savait qu’il n’était pas laid, et la
Fête de la Mère était une occasion particulière, mais elle ne semblait pas
comprendre le désir qui l’animait. Il décida de tenter le tout pour le tout.
— Ayla, fit-il en la prenant par la taille. (Il la sentit
se raidir, mais il insista.) Tu es très belle , murmura-t-il dans le
creux de son oreille.
Au lieu de se laisser cajoler, elle voulut se dégager de son
étreinte. Il l’enlaça et la serra davantage. Alors, elle le prit par les
épaules et le regarda dans les yeux.
Ayla n’avait pas saisi tout le sens de la Fête de la Mère. Bien
que tous parlassent « d’honorer » la mère et qu’elle sût ce que cela
impliquait, elle croyait assister à une réunion amicale. Elle avait bien vu des
couples se retirer dans des coins sombres ou se cacher derrière les cloisons de
peau, elle commençait à se faire une idée plus précise, mais ce ne fut qu’en
dévisageant Daraldi et en lisant le désir dans son regard qu’elle comprit ce qu’il
attendait.
Il l’attira contre lui et se pencha pour l’embrasser. Séduite,
elle répondit à ses avances. Daraldi s’enhardit, caressa son sein et glissa une
main sous sa tunique. Il était bel homme, ses caresses brûlaient son corps,
elle était détendue et prête à s’abandonner, mais elle voulait d’abord
réfléchir. Elle avait du mal à résister et la tête lui tournait. Elle entendit
alors le rythme de battements de mains.
— Allons rejoindre les danseurs, proposa-t-elle.
— Pourquoi ? D’ailleurs, il n’y a presque plus
personne.
— Je veux te montrer une danse mamutoï.
Il acquiesça. Elle avait bien réagi à ses caresses, il pouvait
patienter. En arrivant au centre du foyer, Ayla s’aperçut que Jondalar était
encore là et dansait avec Madenia à qui il apprenait un pas sharamudoï.
Filonia, Losaduna, Solandia et quelques autres les encourageaient en battant la
mesure. Le joueur de flûte et l’homme au tambour s’étaient éclipsés avec leur
partenaire.
Ayla et Daraldi tapèrent dans leurs mains avec les autres. Ayla
croisa le regard de Jondalar et se mit à frapper sur ses cuisses à la manière
des Mamutoï. Madenia s’arrêta pour la regarder, et s’effaça pour permettre à
Jondalar de se joindre à Ayla. Ils se lancèrent tous deux dans un rythme
compliqué, s’avançant l’un vers l’autre, puis se reculant, tournant l’un autour
de l’autre en se regardant par-dessus l’épaule. Arrivés face à face, ils
joignirent leurs mains. Dès qu’elle avait croisé le regard de Jondalar, Ayla n’avait
plus eu d’yeux que pour lui. Le désir qu’avait fait naître Daraldi s’était
reporté tout entier sur l’homme au regard d’un bleu envoûtant.
Leur complicité n’échappa à personne. Losaduna les observa attentivement
quelques instants d’un air perplexe. La Mère faisait clairement connaître son
choix, semblait-il. Daraldi, la déception passée, adressa un sourire engageant
à Filonia. Madenia ne perdait pas une miette du spectacle. Elle se doutait qu’elle
assistait à un moment rare et merveilleux.
Quand leur danse s’arrêta, Jondalar et Ayla s’enlacèrent,
indifférents à tout le reste. Solandia se mit à battre des mains, et bientôt
tous ceux qui restaient firent de même. Le bruit tira le couple de son
isolement amoureux. L’homme et la femme se séparèrent, légèrement gênés.
— Il reste encore un peu à boire, déclara Solandia. Qui
veut le terminer ?
— Ah, bonne idée ! s’exclama Jondalar en prenant Ayla
par la taille. Il était bien décidé à ne plus la laisser s’échapper. Daraldi
versa les
Weitere Kostenlose Bücher