Le grand voyage
dit-elle en souriant.
Ce sourire soulagea Jondalar, et l’allusion à l’enfant le
réjouit encore davantage. Il leva la tête pour vérifier la position du soleil.
— Hâtons-nous, sinon nous n’arriverons pas à la Caverne de
Dalanar aujourd’hui, fit-il. Allons-y, Ayla, les chevaux ont besoin de galoper
et je ne supporterais pas une autre nuit sous la tente si près du but.
Loup émergea des bois en courant, d’humeur joueuse et plein d’énergie.
Il sauta sur Ayla, posa ses pattes sur ses épaules, et lui lécha la joue. C’était
là sa famille, se dit-elle en empoignant la fourrure de l’animal. Ce magnifique
loup, la fidèle et patiente jument, le fougueux étalon et cet homme
merveilleux. Et bientôt, elle rencontrerait sa famille à lui.
Elle rangea ses affaires en silence. Soudain, elle changea d’avis
et se mit à fouiller dans ses paquets.
— Jondalar, je vais prendre un bain dans le torrent et
mettre une tunique et des jambières propres, déclara-t-elle en se déshabillant.
— Pourquoi n’attends-tu pas que nous soyons arrivés ?
Tu vas te geler, Ayla. Cette eau descend tout droit du glacier.
— Tant pis ! Je ne veux pas que ta famille me voie
dans cet état.
Ils arrivèrent près d’une rivière de fonte à l’eau d’un vert
laiteux, qui grossirait jusqu’à ce qu’elle atteigne son volume maximum plus
tard dans la saison. Ils obliquèrent vers l’est en remontant le courant et
trouvèrent un gué peu profond. Après avoir traversé, ils prirent vers le
sud-ouest. En fin d’après-midi, ils gravirent une pente douce qui s’aplanissait
près d’une muraille rocheuse. Sous un surplomb, ils aperçurent l’ouverture
sombre d’une grotte.
Une jeune femme était assise sur le sol, entourée d’éclats et de
nodules de silex. Elle leur tournait le dos. Un poinçon dans une main, morceau
de bois pointu, appliqué sur le cœur d’une pierre gris foncé, elle s’apprêtait
à le frapper avec un lourd marteau en os. Elle était tellement concentrée sur
son ouvrage qu’elle n’entendit pas Jondalar se glisser silencieusement derrière
elle.
— Continue comme ça, Joplaya et un jour tu seras aussi
bonne que moi, plaisanta-t-il.
Le marteau en os rata son coup, et écrasa la lame que Joplaya
voulait travailler. Elle se retourna et lança à Jondalar un regard incrédule.
— Jondalar ! Oh, Jondalar ! C’est vraiment
toi ? s’écria-t-elle en se levant pour se jeter dans ses bras.
Jondalar la prit par la taille, la souleva et la fit tournoyer.
Elle s’agrippait comme si elle voulait le garder pour toujours pour elle seule.
— Mère ! Dalanar ! Jondalar est de retour !
Jondalar est de retour ! cria-t-elle.
Des gens accoururent de la caverne, et un homme d’âge mûr, de la
taille de Jondalar, se précipita vers lui. Ils s’étreignirent, s’empoignèrent
par les épaules, se dévisagèrent, et s’embrassèrent encore.
— Enfin te voilà ! fit l’homme. Tu es parti si
longtemps, j’ai cru que tu ne reviendrais jamais.
Par-dessus l’épaule de Jondalar, il eut soudain une vision
troublante. Deux chevaux, chargés de paniers et de ballots, une peau de bête
sur le dos, et un loup énorme, à côté d’une femme grande, vêtue d’une pelisse
de fourrure et de jambières aux motifs inhabituels. La capuche de la femme
était rejetée en arrière, dévoilant un visage encadré d’une cascade de boucles
blondes. Ses traits, comme la coupe de ses habits, dénotaient l’étrangère, et
ce mystère ne faisait qu’accroître sa fascinante beauté.
— Je ne vois pas ton frère, mais tu n’es pas revenu seul,
remarqua l’homme.
— Thonolan est mort, déclara Jondalar avec une expression
douloureuse. Et je ne serais pas là si Ayla ne m’avait sauvé la vie.
— C’est une triste nouvelle. J’aimais Thonolan. Willomar et
ta mère auront beaucoup de chagrin. En tout cas, tes goûts n’ont pas changé. Tu
as toujours eu un faible pour les belles Zelandonia.
Jondalar fut d’abord surpris que l’homme considérât Ayla comme
Une Qui Sert la Mère, mais à vrai dire, Ayla, l’étrangère entourée d’animaux,
avait tout de la Zelandoni. Il alla chercher Rapide et revint suivi d’Ayla, de
Whinney et de Loup.
— Dalanar des Lanzadonii, souhaite la bienvenue à Ayla des
Mamutoï, déclara-t-il ensuite.
Dalanar offrit ses mains tendues, paumes vers le ciel, dans le
geste d’amitié traditionnel. Ayla saisit les mains et les
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