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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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effilées. Wymez a adopté une technique
nouvelle. Il façonne des bifaces en chauffant la pierre, ce qui lui permet de
tailler des éclats très fins. Il fabrique des pointes aussi longues que ma main
et tellement fines que tu n’en croirais pas tes yeux.
    Ils étaient si près l’un de l’autre que leurs deux corps se
touchaient presque, et leur tendre complicité troubla Ayla. Ils avaient vécu
leurs années d’adolescence ensemble. Quels secrets s’étaient-ils confiés ?
Quelles joies et quels chagrins avaient-ils partagés ? Quelles déceptions
et quels triomphes dans leur apprentissage de la taille des silex ? Joplaya
connaissait-elle mieux Jondalar qu’elle ? se demandait Ayla.
    Auparavant, ils étaient tous deux des étrangers pour les gens qu’ils
rencontraient. A présent, elle seule était une étrangère.
    — Et si j’allais chercher cette pointe ? Où l’as-tu
rangée ? demanda-t-il à Ayla, en se dirigeant vers la caverne.
    Elle lui donna les indications. Après son départ, elle sourit d’un
air contraint à la jeune femme aux cheveux noirs, mais toutes deux restèrent
silencieuses. Jondalar fut vite de retour.
    — J’ai demandé à Dalanar de nous rejoindre, annonça-t-il.
    Il défit l’emballage avec précaution et en sortait la délicate
lame de silex quand Dalanar arriva. Voyant l’objet, celui-ci le prit et l’examina
attentivement.
    — C’est du travail de maître ! s’exclama-t-il. Regarde
ça, Joplaya. C’est un biface, et pourtant il est très effilé. Tu imagines la
précision et l’habileté qu’il a fallu pour tailler d’aussi fins éclats. Le
grain du silex est différent, et le lustre aussi. C’est... c’est presque
huileux. Où as-tu trouvé cela, Jondalar ? Le silex est-il d’une nature
différente dans l’est ?
    — Non. C’est Wymez, un Mamutoï, qui a inventé un procédé
nouveau. C’est le seul tailleur de pierre qui soit digne de toi, Dalanar. Il
chauffe la pierre avant de la travailler, c’est ce qui lui donne son lustre et
son grain ; mais c’est surtout ce qui permet d’ôter des éclats extrêmement
fins, expliqua Jondalar, enthousiaste.
    Ayla l’observait.
    — Les éclats sautent presque tout seuls. Je te montrerai la
technique. Je ne suis pas encore aussi habile que Wymez, mais tu comprendras
tout de même. J’aimerais beaucoup rapporter quelques bons silex des Lanzadonii chez
moi.
    — Mais tu es ici chez toi, Jondalar, assura Dalanar avec
douceur. Enfin, puisque tu le veux, nous irons demain à la mine choisir de belles
pierres. J’ai hâte de te voir tailler des bifaces ! Mais es-tu vraiment
sûr que cette pointe serve à chasser ? Elle semble tellement
fragile !
    — C’est avec ça qu’ils chassent le mammouth. Ça casse plus
facilement, c’est vrai, mais le silex perce la peau épaisse mieux que l’os et s’enfonce
entre les côtes. J’ai autre chose encore à te montrer. Quelque chose que j’ai
découvert dans la vallée d’Ayla, quand je me rétablissais de la blessure que m’avait
faite le lion des cavernes. C’est un propulseur qui permet de lancer une sagaie
deux fois plus loin ! Je te montrerai.
    — Je crois qu’on nous attend pour manger, Jondalar, déclara
Dalanar en remarquant les Lanzadonii rassemblés à l’entrée de la caverne. Tout
le monde veut entendre vos récits. Venez, nous serons mieux installés à l’intérieur.
Vous nous avez appâtés avec ces animaux qui vous obéissent, ces allusions à l’attaque
d’un lion des cavernes, le propulseur, les nouvelles techniques pour tailler
les silex. Qu’allez-vous encore nous raconter ?
    — Tout cela n’est rien ! s’exclama Jondalar en riant.
Me croirais-tu si je te disais que nous avons vu des pierres qui font du feu, d’autres
qui brûlent ? Et des habitations construites avec des os de mammouths, des
pointes en ivoire qui tirent les fils, d’énormes bateaux pour chasser des
poissons si gigantesques qu’il faudrait cinq hommes grands comme toi pour
égaler leur taille !
    Ayla n’avait jamais vu Jondalar si détendu. Il les enlaça,
Joplaya et elle et les entraîna vers la caverne.
    — Dis-moi, Joplaya, t’es-tu choisi un compagnon ?
demanda-t-il. Je n’ai encore vu personne à qui tu sembles appartenir.
    — Non, je t’attendais, répondit Joplaya en plaisantant.
    — Ah, tu n’as pas changé ! pouffa Jondalar. Les
proches cousins ne peuvent pas s’unir, expliqua-t-il à l’adresse d’Ayla.
    — J’ai

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