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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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lui enseigner quelques petites choses, mais toujours en respectant la
profonde compréhension qui s’était installée entre elles.
    — Mais si un sourire a pour but de montrer que tu n’as pas
peur, cela ne signifie-t-il pas que tu n’as rien à craindre ? Donc, que tu
te sens assez fort ? reprit Ayla quand ils purent de nouveau chevaucher de
concert.
    — Je n’ai jamais réfléchi à cela. Thonolan semblait
toujours confiant et souriant quand il rencontrait des gens nouveaux, mais c’était
surtout une attitude de prestance. Il voulait faire croire qu’il n’avait pas
peur. Évidemment, on peut l’interpréter comme une attitude défensive, une façon
de dire : « Je suis si fort que je n’ai rien à craindre de
vous. »
    — Oui, mais montrer sa force, n’est-ce pas une façon de
menacer l’autre ? Quand Loup montre ses crocs à des étrangers, n’essaie-t-il
pas de les impressionner ? insista Ayla.
    — Oui, peut-être. Mais il y a une différence entre un
sourire de bienvenue et le rictus de Loup qui montre ses crocs en grondant.
    — Oui, c’est juste, concéda Ayla. Un sourire rend heureux.
    — Ou soulage au moins. Si l’étranger que tu croises te
sourit, cela signifie qu’il t’accepte. Tu sais donc à quoi t’en tenir. Mais les
sourires ne sont pas destinés à rendre heureux.
    — Sauf si le soulagement est le début du bonheur. Je crois
qu’il y a une similitude entre quelqu’un qui sourit à des inconnus parce qu’il
est nerveux, et le rictus de ceux du Clan qui montrent ainsi leur nervosité ou
leur menace, poursuivit Ayla après un long silence. Pour Loup, c’est pareil. Il
montre ses crocs pour menacer l’intrus, ou pour nous en protéger.
    — Cela voudrait dire que lorsqu’il nous montre ses crocs, à
nous membres de sa bande, il sourit ? En tout cas, je l’ai déjà surpris à
te taquiner. Je suis sûr qu’il t’aime, mais l’ennui c’est qu’il est normal pour
lui de montrer ses crocs à des étrangers, de les menacer. S’il te protège,
comment vas-tu lui faire comprendre de rester où tu le lui demandes, même
lorsque tu t’éloignes ? Comment le forceras-tu à renoncer à attaquer les
étrangers ? (L’inquiétude de Jondalar était réelle. Il se demandait s’il
était sage de voyager avec le loup.) Souviens-toi que les loups attaquent quand
ils ont faim, c’est ainsi qu’en a décidé la Mère. Loup est un chasseur. Tu peux
lui apprendre beaucoup de choses, mais comment faire comprendre à un chasseur
qu’il ne doit pas chasser ? Et ne pas attaquer les étrangers ?
    — Mais, Jondalar, tu étais un étranger quand tu es arrivé
dans ma vallée. Te rappelles-tu quand Bébé est revenu me rendre visite et qu’il
t’a trouvé là ? demanda Ayla avant qu’ils ne se séparent encore pour
gravir une ravine menant au plateau.
    Jondalar rougit. Ce n’était pas par embarras. Il revivait
seulement les émotions intenses de cette rencontre. Il n’avait jamais eu aussi
peur de sa vie. Jamais il n’avait vu la mort de si près.
    Gravir l’étroite ravine leur prit du temps. Ils devaient
contourner des rocs que les crues de printemps éboulaient, des buissons d’armoise
aux tiges noires qui fleurissaient avec les pluies, pour se dessécher ensuite.
Jondalar repensa au jour où Bébé était revenu sur les lieux de son enfance pour
trouver un étranger sur la plate-forme qui menait à la grotte.
    Bébé était le lion des cavernes le plus impressionnant qu’il eût
jamais vu, presque aussi grand que Whinney, mais plus massif. Jondalar se
rétablissait juste des lacérations que ce même lion ou un de ses semblables lui
avait infligées lorsque Thonolan et lui avaient malencontreusement empiété sur
son territoire. Ce fut la dernière aventure de Thonolan, et Jondalar avait cru
sa dernière heure arrivée lorsque le lion avait rugi, bandé ses muscles et
bondi. Soudain, Ayla était apparue, le bras levé pour arrêter le lion... et il
s’était arrêté ! Si Jondalar n’avait pas été pétrifié, il aurait trouvé la
scène comique : ce monstre énorme stoppé dans son saut, se contorsionnant
pour éviter la jeune femme. Il l’avait ensuite vue avec stupéfaction flatter
les flancs du gigantesque chat et jouer avec lui.
    — Oui, je m’en souviens, avoua-t-il en rejoignant Ayla sur
le plateau. Et je n’ai toujours pas compris comment tu l’avais arrêté en plein
milieu de son saut.
    — Quand Bébé était tout petit, expliqua

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