Le grand voyage
Jondalar, et descendait
tranquillement le courant, traînant les trois perches dans son sillage. Alors,
Jondalar se mit à pagayer vigoureusement en direction de la berge. Il s’aperçut
avec soulagement que les trois perches stabilisaient la barque en l’empêchant
de tournoyer et rendaient son contrôle plus aisé.
Il se reprochait de ne pas avoir plongé en même temps qu’Ayla.
Mais tout s’était passé si vite ! Avant qu’il ait pu réagir, elle avait
déjà sauté et le courant l’emportait au loin. Il était trop tard pour suive, il
n’aurait pas pu la rattraper avec le courant contraire. En outre, ils auraient
perdu le bateau et tout leur matériel.
Il essayait de se rassurer en se disant qu’Ayla était une bonne
nageuse, mais l’inquiétude décuplait son énergie. Enfin, après un laps de temps
qui lui parut interminable, il sentit le fond rocailleux racler la barque. Il
soupira, épuisé. Il descendit de l’embarcation surchargée, la tira sur la berge
et s’effondra. Puis, sans s’attarder, il décida de remonter la rivière à pied à
la recherche d’Ayla.
Il ne voulait pas s’éloigner du rivage, et lorsqu’il rencontra
un petit affluent qui venait grossir le fleuve, il le traversa à pied. Mais il
trouva bientôt sur sa route une rivière plus large qui le fit hésiter. Trop
profonde pour être franchie à pied, trop rapide pour qu’il s’y aventurât à la
nage sans risquer d’être entraîné vers le fleuve tout proche, il décida de la
remonter pour trouver un gué praticable.
Chevauchant Whinney, Ayla atteignit le même cours d’eau peu
de temps après, et remonta le courant elle aussi. Avec l’avantage du cheval,
elle n’eut pas à chercher aussi loin pour traverser. Suivie par Rapide et par
Loup, elle atteignit bientôt l’autre rive qu’elle entreprit de suivre jusqu’au
fleuve. C’est alors qu’en se retournant elle vit Loup partir dans l’autre
direction.
— Loup, viens par ici ! cria-t-elle.
Agacée, elle le siffla et incita Whinney à poursuivre sa route.
Le louveteau hésita, fit quelques pas vers elle, retourna en arrière et décida
finalement de la suivre. Arrivée au bord du fleuve, Ayla poussa sa jument au
galop.
Son cœur se mit à battre quand elle aperçut le petit bateau
échoué sur une plage rocailleuse.
— Jondalar ! Jondalar ! cria-t-elle en demandant
à Whinney de forcer l’allure.
Sans attendre que sa jument s’arrête, elle sauta à terre et se
rua vers le bateau. Elle fouilla la barque, puis les environs, rien. Tout était
en ordre, les perches étaient toujours là, mais pas de Jondalar.
— Voilà le bateau, mais où est Jondalar ? dit-elle à
voix haute. (Loup jappa comme pour lui répondre.) Oh, pourquoi ? Où est-il ?
Le bateau s’est-il échoué tout seul ? Jondalar a-t-il réussi à
traverser ?
Soudain, elle comprit. Il est parti à ma recherche. Mais s’il
remontait pendant que je descendais, pourquoi nous sommes-nous
manqués ?...
— Le cours d’eau ! s’écria-t-elle.
Loup jappa en remuant la queue. Elle se souvint alors de son
refus de la suivre.
— Oh, mon Loup ! appela-t-elle.
L’animal accourut et sauta sur Ayla, labourant les épaules de
ses grosses pattes. Elle empoigna la fourrure drue de son cou, plongea son
regard dans ses yeux pétillants d’intelligence, et revit le jeune garçon
maladif qui lui avait tant rappelé son propre fils. Un jour, Rydag avait envoyé
Loup à sa recherche, et il avait couvert une longue distance pour la retrouver.
Maintenant, elle savait qu’il retrouverait Jondalar. Si seulement elle pouvait
lui faire comprendre !
— Loup, trouve Jondalar ! dit-elle.
Aussitôt, il ôta ses pattes de ses épaules, commença à renifler
le sol autour du bateau, et fila soudain dans la direction qu’ils venaient d’emprunter.
Engagé dans l’eau jusqu’à la taille, Jondalar avançait en
tâtonnant quand il crut entendre un sifflement familier... et impatient. Il s’arrêta,
perplexe, ferma les yeux pour mieux le situer, puis croyant avoir rêvé,
poursuivit sa traversée. Arrivé sur l’autre rive, il longea la rivière vers l’embouchure
du fleuve. Préoccupé par le sort d’Ayla, il n’en continuait pas moins à être
tracassé par le curieux sifflement.
Il marchait depuis longtemps avec ses vêtements trempés, sachant
qu’Ayla devait subir le même désagrément. Il songea qu’il aurait sans doute dû
emporter la tente, ou un quelconque abri. Le jour
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