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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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temps nécessaire à la
reproduction. Mais après un violent orage, et l’éclosion de jeunes pousses
fraîches, les femelles profitaient de l’abondance de nourriture pour pondre
davantage d’œufs. Une multitude de larves survivaient et à mesure que leur
population s’accroissait, les sauterelles se transformaient radicalement :
les jeunes développaient des couleurs étonnantes, et recherchaient la compagnie
des autres. Ils étaient devenus des criquets.
    Bientôt, des bandes de criquets s’assemblaient, et après avoir
dévasté les ressources de la région, s’envolaient en masse, en quête de
nouvelles récoltes. Un essaim de cinq milliards, ce qui n’était pas rare,
couvrait sans peine cent kilomètres carrés et ingurgitait quatre-vingt mille
tonnes de nourriture en une seule nuit.
    Ayla et Jondalar furent submergés par les premières vagues d’insectes
qui tombaient comme de la grêle. Ils n’eurent aucun mal à pousser leur monture
au galop ; les retenir eut été impossible. Ayla, noyée sous le déluge de
criquets, tenta de repérer Loup, mais elle était aveuglée par les nuées d’insectes
volant, sautant, ricochant en tous sens. Elle siffla le plus fort qu’elle put,
espérant que Loup l’entendrait par-dessus le vacarme des stridulations.
    Un martin rose, qui plongeait en piqué pour happer un criquet,
faillit la heurter de plein fouet. Elle comprit alors la raison de leur
rassemblement. Les passereaux avaient été attirés par l’immense festin, dont
les couleurs éclatantes facilitaient le repérage. Les couleurs contrastées qui
attiraient les oiseaux permettaient aussi aux criquets de localiser leurs
semblables quand il leur fallait s’envoler vers de nouvelles récoltes, et les
innombrables volées de passereaux entamaient à peine l’essaim des criquets. C’était
seulement après les pluies diluviennes, lorsque les prairies retournaient à
leur condition aride et ne pouvaient plus nourrir que de petites quantités de
criquets que ces derniers se transformaient de nouveau en sauterelles
inoffensives, assurant leur survie grâce à leur mimétisme retrouvé.
    Peu après qu’ils eurent semé l’essaim de criquets, Loup les
rejoignit. Les insectes ravageurs s’étaient abattus sur la prairie pour la
nuit, et Ayla et Jondalar avaient établi leur campement à distance respectable.
Le lendemain matin, ils se dirigèrent au nord-est vers une colline d’où ils
pourraient observer la vaste plaine et juger du trajet qui les séparait encore
de la Grande Rivière Mère. Ils découvrirent une végétation dévastée par le
nuage de criquets, que les vents violents poussaient maintenant vers la mer. L’ampleur
du désastre les consterna.
    Il ne restait plus rien du merveilleux paysage verdoyant émaillé
de fleurs éclatantes, tout avait été rasé. Ce n’était que désolation à perte de
vue. Pas une feuille, pas un brin d’herbe, pas une trace de verdure. Seuls
quelques martins roses à la recherche de criquets retardataires témoignaient
que la vie avait existé dans ce paysage d’apocalypse. La terre dévastée
exposait son indécente nudité. Mais l’indignité que ses propres créatures lui
avaient infligée serait bientôt lavée, et des racines, cachées dans ses
entrailles, ou des graines, apportées par les vents, recouvriraient bientôt son
corps dénudé d’un manteau de verdure.
    A l’opposé de ce sinistre spectacle, Ayla et Jondalar
découvrirent un panorama qui les transporta. A l’est s’étendait une vaste
surface d’eau scintillant au soleil : la mer de Beran.
    Stupéfaite, Ayla reconnut la mer de son enfance. La caverne où
elle avait vécu avec le clan de Brun devait se trouver à la pointe sud de la
péninsule qui s’avançait dans la grande étendue d’eau. Elle n’avait pas eu une
enfance facile, mais elle gardait de bons souvenirs de cette période.
Toutefois, à la pensée du fils qu’elle avait dû abandonner, un voile de
tristesse obscurcit son plaisir. Jamais elle n’approcherait de si près cet
enfant qu’elle ne reverrait plus, et elle le savait.
    D’ailleurs, il était mieux avec le Clan. Uba, sa mère adoptive,
et le vieux Brun qui lui apprendrait à chasser avec un épieu, un lacet ou une
fronde, sauraient l’entourer d’affection et Durc serait mieux accepté que
Rydag, qui avait été la proie d’insultes et de moqueries. Mais elle ne pouvait
s’empêcher de penser à lui. Son clan vivait-il toujours dans la péninsule,

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