Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
Vom Netzwerk:
fatigue et de chagrin, puis il se retira après lui avoir donné l’assurance que « justice serait faite ».
    Frébald, qui avait été prévenu de son arrivée, reçut Timothée dès que celui-ci eut quitté la demeure de Malier. Comme l’assistant des missi lui présentait leurs condoléances, le seigneur des Nibelung déclara sur un ton qui exprimait sa peine et son souci :
    — Voici donc où nous en sommes : Malier assassiné ! Un meurtre sournois, répondant peut-être dans l’esprit de son auteur à un assassinat atroce, celui de Wadalde, qu’aucun d’entre nous cependant n’a commis.
    — Car il ne fait aucun doute pour toi que celui qui a tué ton intendant est un Gérold ? demanda le Grec.
    — Sinon qui d’autre ? Puis-je faire observer que la cressonnière de Diges est située non loin de Pourrain, qui est à eux, qu’un cavalier a quitté hier matin vers la troisième heure le bois qui entoure cette cressonnière…
    — Oui, mais il se dirigeait vers cette résidence-ci.
    — Cela ne prouve rien ! Quant aux raisons ou plutôt aux prétextes qui ont pu pousser les Gérold à s’en prendre à l’un de chez nous, ils ne sont pas difficiles à deviner. Quant à ce meurtrier, aperçu mais, hélas ! non reconnu…
    — Un instant ! coupa Timothée. Aucun des Gérold, que je sache, n’a encore avoué quoi que ce soit. Pour ce qui est du cavalier mystérieux, si on peut se demander quelle part il a pu prendre à l’assassinat de Malier, rien ne l’accuse jusqu’à présent, rien, d’ailleurs, ne permet d’affirmer qu’il s’agissait d’un Gérold ou d’un homme obéissant aux ordres d’Isembard. Il court d’ailleurs, concernant cet homme et son cheval, mille fables.
    — … auxquelles tu n’accordes aucun crédit, je veux croire… Alors ? L’assassin de mon intendant… qui d’autre qu’un Gérold ou un sicaire à leur solde ?
    — On pourrait imaginer bien d’autres motifs que la vengeance et bien d’autres criminels qu’un Gérold !
    — Je n’en vois pas, et je m’étonne qu’un assistant de ces missi si soucieux de justice qu’ils viennent, m’a-t-on dit, d’enlever au comte Ermenold la conduite des enquêtes…
    — C’est exact ! confirma au passage le Goupil.
    — Je dois avouer, admit celui-ci, que je n’avais aucune confiance en l’équité du comte d’Auxerre, car c’est un homme sot, partial, brutal…
    — Je ne sais s’il est ce que tu dis. Mais si mes maîtres lui ont retiré enquête et jugement, c’est uniquement en raison de la qualité des victimes et des éventuels plaignants, ce qui est procédure courante.
    — Sans doute, reprit Frébald quelque peu irrité par cette nouvelle mise au point. Il n’en reste pas moins que si des missionnaires du souverain, dont on vante en tout lieu la perspicacité et l’efficacité, refusent, dès le début de leurs investigations, par un préjugé incompréhensible…
    — Seigneur, dit sèchement Timothée, conservons les uns et les autres notre calme ! Il n’y a, concernant l’enquête, aucun préjugé et, concernant le crime lui-même, aucune évidence ; si quelqu’un devait être mis en cause au sujet de ces investigations, ce ne pourrait être que moi en tant qu’assistant des missi dominici, en aucun cas un de mes maîtres. Gardons-nous donc de tout excès de langage !… Un instant !… Je désirerais te rappeler d’autre part que les représentants du souverain t’ont signifié par deux fois qu’ils voulaient rencontrer Malier et qu’ils n’ont pu y parvenir, car il était prétendument au loin. Je me suis renseigné…
    — Comment, tu t’es renseigné ! Dans mon dos !
    — J’accomplis les tâches qui me sont confiées. J’ai appris qu’une fois au moins il était bel et bien présent en cette résidence. Pourquoi a-t-on empêché qu’il comparaisse ?… Te souviens-tu de ce que tu as répondu à l’abbé Erwin quand il t’a parlé des conflits qui opposent Nibelung et Gérold ? Tu as soutenu que tu ne t’en occupais pas personnellement et que, pour toutes ces affaires, tu te fiais à Malier.
    — Il en était bien ainsi.
    — Donc, si une rencontre a eu lieu au Gué du diable entre un émissaire d’Isembard, qui s’est révélé être Wadalde, et quelqu’un de chez toi, ce quelqu’un a pu être Malier. Est-ce plausible ?
    Comme Frébald hésitait à répondre, Timothée répéta :
    — Est-ce plausible ?
    — Oui, admit à

Weitere Kostenlose Bücher