Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
panier et regarda autour d’elle.
    — Je crois que je n’en peux plus, soupira-t-elle.
    — Qu’y a-t-il, maman ? lui dit Raquel. Est-ce que vous…
    — Non, ce n’est pas moi. C’est cette cour. Dès qu’il fait un peu jour, on se rend bien compte qu’elle n’a pas été balayée depuis longtemps. Je me demande qui aurait envie de s’installer près de la fontaine. Comment pouvons-nous préparer la Pâque avec une maison aussi en désordre ? Va chercher Ibrahim, Raquel. Il faut qu’il fasse quelque chose.
    — Dès maintenant ? La Pâque n’est pas avant deux mois et le soleil est déjà bas. Le temps de donner des directives à Ibrahim et qu’il les comprenne, la nuit sera tombée et il devra aider Naomi à la cuisine. En outre, papa ne sera pas content s’il nous découvre en train de nettoyer la cour au moment où il rentre à la maison. Non, nous nous y mettrons demain. Tous.
    — Je veux pas nettoyer la cour, dit Nathan d’un ton mutin.
    — Moi non plus, ajouta sa sœur, Miriam.
    — Il risque de pleuvoir demain, dit Judith qui se leva d’un bond que son impressionnant tour de taille n’aurait pu laisser prévoir.
    — Il peut pleuvoir n’importe quand, répliqua Raquel irritée. S’il fait beau demain, nous balaierons la cour, c’est promis. Mais pour l’heure, vous devriez plutôt vous reposer.
    — C’est ce que j’ai fait tout l’après-midi devant ton insistance, Raquel. Même si je n’en ai pas envie. Je vais aller me promener et profiter des derniers rayons du soleil. C’est une belle journée, et l’on n’en a pas si souvent à cette période de l’année. Accompagne-moi, tu as l’air si pâle.
    — C’est possible, mais ce n’est certainement pas par manque d’exercice. Pourtant je ferai quelques pas avec vous puisque vous le souhaitez.
    D’un commun accord et sans plus de discussion, la mère et la fille empruntèrent une petite rue qui les mena à la maison d’Éphraïm le gantier, non pour y chercher des gants, mais pour voir son épouse, Dolsa, et son neveu, Daniel. Car la conversation animée de Dolsa et la passion de Daniel les attiraient, chacune pour ses propres raisons, comme un point d’eau attire un animal assoiffé.
    La cour ne serait pas nettoyée le lendemain. Judith et Raquel achevèrent leur visite – frustrante pour la jeune fille ; au moment de franchir le seuil, elles entendirent la voix d’Isaac devant le portail d’Éphraïm. Yusuf accompagnait son maître. Tous quatre prirent le chemin de leur maison. Très vite, Judith dut s’arrêter et s’appuyer contre le mur.
    — Isaac, attendez un instant, dit-elle, je dois reprendre mon souffle.
    Il lui toucha le bras droit et sentit qu’elle plaquait la main sur son ventre.
    — Pouvez-vous encore marcher ? lui demanda-t-il doucement.
    — Cela va aller.
    — Comme vous êtes courageuse ! Raquel, va chercher la sage-femme. Je ramène ta mère à la maison.
     
    La nuit était là, et les femmes avaient pris possession de la maison. La sage-femme, Raquel et Naomi se trouvaient dans la chambre à coucher tandis que Judith ne cessait d’aller et de venir entre cette pièce et la cuisine. Leah avait emmené les jumeaux dans un coin tranquille de la maison et plus personne ne pensait à eux. Bien qu’incitée plusieurs fois à gagner son lit, Jacinta, la petite servante, resta debout pour préparer la soupe, s’occuper du feu et chauffer de l’eau.
    Isaac s’enferma dans son cabinet, murmurant des prières, puis méditant sur la naissance et la mort. Il savait qu’on viendrait le chercher, Raquel ou la sage-femme, une femme habile et raisonnable, si Judith courait le moindre danger. Mais quand il entendit chanter le premier oiseau, il se leva d’un coup. Il fit sa toilette dans la bassine d’eau claire toujours à disposition dans son cabinet, dit ses prières matinales et décida de braver les femmes qui occupaient le premier étage de la maison. Il faillit trébucher sur Yusuf, enroulé dans une chaude cape et couché sur le pas de la porte.
    — Pardonnez-moi, seigneur, mais je ne pouvais dormir…
    — Moi non plus, mon garçon. Allons aux nouvelles. Le jour se lève-t-il ?
    — Le ciel pâlit à l’orient, seigneur. Sinon, la pleine lune illumine encore le ciel et la cour.
    Ils montaient l’escalier menant à la chambre à coucher quand un cri rauque se fit entendre.
    — Pauvre maîtresse ! dit Yusuf. Comme elle souffre…
    — Non, Yusuf, ce n’est pas un

Weitere Kostenlose Bücher