Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
diverses où Bonastruch eut la sagesse de voir un assentiment.
    — Pour ma part, je considère que le problème le plus important est celui de la sécurité du Call, déclara Astruch Caravida.
    — C’est vrai. Combien de temps resterons-nous enfermés ?
    — L’année dernière, dit une voix sèche émanant du coin le plus sombre de la salle, nous nous sommes montrés trop optimistes. Cela ne nous nuira pas de rester dans nos murs du crépuscule du mercredi précédant cette prétendue semaine sainte à l’aurore du lundi suivant. En tout, onze jours et douze nuits.
    Chacun réfléchit à cette proposition. La voix du sage Shaltiel comptait pour beaucoup.
    — Et s’il y a urgence ? demanda enfin Vidal Bellshom.
    — Je ne vois pas quel genre d’urgence pourrait nous appeler à l’extérieur, mais, dans un tel cas, nous pouvons nous réunir en toute hâte et voir comment agir au mieux.
    — Alors il faut en décider tout de suite, dit quelqu’un, parce que nombreux seront ceux qui désireront faire des préparatifs. Par exemple, les artisans auront besoin de matières premières pour ne pas rester oisifs alors qu’ils ne le désirent pas.
    — Je crois que, pour la plupart, nous avons pris nos précautions, dit un armurier. Il y a plusieurs semaines, j’ai demandé à mes clients de passer très vite commande pour ce dont ils auront besoin au printemps et en été. C’est ce qu’ils ont fait, et je suis déjà en possession des matériaux.
    — Je prévois aussi qu’il y aura des problèmes avec les boulangers, le boucher et le poissonnier, dit Vidal. Il est facile d’entreposer du métal, du cuir ou du drap, mais on ne peut conserver de la viande sans s’attendre à la voir pourrir.
    — Nous savons quels jours et à quelles heures nous risquons d’avoir des ennuis, dit Bonastruch dont chacun connaissait la promptitude à résoudre les conflits. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions ouvrir quelques heures le matin avant que les fauteurs de troubles ne commencent à boire.
    Des commentaires fusèrent de toutes parts sur les mérites d’une telle proposition. Dans un autre coin de la salle, deux hommes se mirent également à parler.
    — Vous êtes bien silencieux, maître Isaac, lui murmura à l’oreille Mordecai.
    — C’est parce que les mêmes problèmes sont soulevés chaque année. Une telle réunion est nécessaire, j’en conviens, mais je ne pense pas avoir grand-chose à dire. Le plus important est de savoir dans quelle mesure nous nous barricaderons et quelle sera notre vigilance quand les portes seront ouvertes.
    Bonastruch Bonafet se leva.
    — Voisins, je vous en prie, si chacun se met à parler, personne ne pourra entendre.
    — Qu’est-ce au juste pour vous que se barricader ? demanda Mahir.
    — Cela me paraît clair. Chaque portail, chaque porte de chaque maison donnant sur le reste de la ville devra être fermée à clef et barrée, chaque fenêtre close et également barrée.
    Il y eut un murmure d’acquiescement.
    — Comment saurons-nous que chacun s’y prêtera ? s’enquit Mahir. Il y a trois ans, quand le boulanger…
    — Les maisons du périmètre devront être soumises à inspection, précisa Bonastruch. Jour après jour, s’il le faut.

VIII
Metge escient no té lo cas per joc Un sage médecin ne prend pas les choses à la légère
    Lucà s’en tint à sa parole, semble-t-il. Il demeura plus ou moins à l’écart de la communauté juive, ne se rendant au Call que pour les mêmes raisons que tout chrétien de la ville – chercher des gants chez Éphraïm, acheter le pain de Mossé, s’enquérir sur le prix de la réparation d’une paire de bottes –, même si l’on remarqua qu’il allait saluer Mordecai. Hormis cela, tout indiquait qu’il s’était parfaitement intégré à la communauté catholique.
    Lucà ignorait avec soin les juifs dont, selon lui, il était issu, mais ceux-ci voyaient en lui un remarquable objet de commérages.
    — J’ai entendu dire que le jeune homme arrivé inopinément pendant la veillée du petit Beniamin (car tel fut le nom donné le lendemain au dernier-né d’Isaac et de Judith) a trouvé à se loger chez Romeu le menuisier, dit Dolsa, venue chez Judith pour voir le petit Beniamin, déjà âgé de trois semaines.
    De manière réfléchie, elle s’était fait accompagner de son neveu, Daniel. Depuis la naissance de l’enfant, Raquel et Daniel avaient à peine eu le temps de se parler ou

Weitere Kostenlose Bücher