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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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agissaient peut-être sur l’ordre d’un tiers. Non, c’est absurde, personne ne vous connaît ici. C’est un vol qui a mal tourné, rien de plus.
    — Ma bourse n’était pas dissimulée, pourtant ils ne lui ont pas accordé le moindre intérêt.
    — Ils vous auront sans aucun doute confondu avec un autre. Franchement, je ne crois pas qu’il faille prendre les choses trop au sérieux, mais je vais tout de même m’en inquiéter. Bien, j’espère que cette mésaventure ne vous aura pas coupé l’appétit. Ma cuisinière a remarqué que vous étiez un jeune homme qui appréciait les plaisirs de la table et elle a mis tout son cœur dans ce repas. Aujourd’hui, vous allez faire la connaissance de mon secrétaire, de mon fils et de ma fille ainsi que de mon gendre tout en dégustant quelques-uns des meilleurs produits de notre île.
     
    Le déjeuner fut à la fois agréable et succulent, composé de plats répondant à tous les goûts, des minuscules poissons frits à l’agneau à la broche.
    — Je suis comblé par votre hospitalité, messire, dit Daniel une fois que la nappe eut été ôtée et qu’ils purent discuter librement en dégustant des fruits et des friandises diverses. Je crois que je n’ai jamais mieux mangé de ma vie et en aussi plaisante compagnie.
    — Je puis vous assurer, maître Daniel, dit le fils de Maimó qui était à peine plus âgé que lui, que ce n’est pas ainsi tous les jours. Notre cuisinière apprécie les bons convives et je crains que nous n’ayons une telle habitude de ses talents que nous ne lui faisons plus de compliments. Votre venue nous remplit de gratitude.
    — Et les raisons de cette gratitude sont innombrables, ajouta Maimó. J’ignore si vous avez conscience des difficultés qu’a subies notre communauté à l’époque des anciens rois.
    — J’ai seulement entendu dire que la situation s’était améliorée, répondit Daniel.
    — Entre les taxes, les lourdes amendes pour la moindre infraction, les restrictions sur les déplacements et les métiers, nous ne pouvions que survivre.
    — Il était rare de déguster de l’agneau plus d’une fois l’an, expliqua le fils. Je m’en souviens bien.
    — Même chez vous, maître Maimó ?
    — Tout le monde a souffert. Mais aujourd’hui, la ville prospère et nous prospérons aussi. J’espère seulement que cela durera.
    — Avez-vous des raisons de vous inquiéter ?
    — J’en ai toujours. C’est pour cela que l’accident de ce matin me chagrine, mais je ne crois pas que votre foi ait été à l’origine de cette agression.
    — Non, l’approuva Daniel, j’avais le sentiment que cela leur importait peu. C’est étrange, on aurait dit qu’ils n’avaient pas d’intentions vraiment mauvaises à mon égard.
    — C’est en effet étrange. La prochaine fois que vous chercherez mes entrepôts, mon fils ou moi-même vous y accompagnerons. Il y a des rues plus sûres que celles que Sara vous a indiquées, conclut Maimó.

XIII
Que per traidor on fos tot malifet Que par un traître tout en méfait
    La tournure étrange prise par les événements, ajoutée à ses meurtrissures, fit que Daniel dormit mal cette nuit-là et se réveilla aux premières lueurs de l’aube. La maison était silencieuse ; les bruits de la ville se réduisaient à de simples sons – claquement d’une porte, aboiement d’un chien, pleurs d’un enfant. La veille, il avait violé l’une des grandes lois de l’hospitalité en se levant tard pour prendre son déjeuner : il resta donc au lit pour ne pas faire pire en descendant avant les servantes.
    Il eut alors le loisir de réfléchir. Il approcha de ses lèvres le petit médaillon renfermant la boucle de cheveux. Ses narines captèrent l’odeur délicate de l’huile de jasmin de Raquel et il soupira du désir ardent de voir s’achever cet interminable mois. C’était aujourd’hui mardi : le vendredi matin, si les vents étaient favorables, il reviendrait chez lui.
    Il repoussa non sans difficulté ces pensées et réfléchit aux informations fournies par Perla. Sa description de son petit-fils éliminait à la fois Rubèn et Lucà. En dehors de ce fait capital, elle semblait ne savoir que très peu de chose du jeune homme. Mais peut-être ne lui avait-elle pas tout confié. Il dressa en lui-même une liste de questions et les examina l’une après l’autre. Il était exact, ainsi que maître Isaac l’avait un jour fait remarquer, qu’une question

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