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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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de la sixième quand Gabriel ouvrit la bouche. Jusqu’à cet instant, il avait eu la sagesse de se taire parce que l’expérience lui avait enseigné que c’était la meilleure façon d’éviter la langue acérée du sergent.
    — Messire, dit-il, c’est que je connais quelqu’un ici…
    — Ah oui ? fit le sergent d’un air sceptique. Et qui est-ce, la maîtresse des lieux ?
    — Oh non, messire ! Sa servante. Et à cette heure, elle doit être dans la cuisine à bavarder avec la cuisinière. Enfin, si elle n’a pas de travail. Je ne crois pas très utile de parler avec la dame, elle n’est pas très…
    Il s’arrêta, incapable d’expliquer avec diplomatie le caractère de cette femme.
    — Vous voulez dire qu’elle ne parlerait pas à un individu comme vous ou moi ?
    — Sans vouloir vous manquer de respect, sergent, je crois bien que non.
    — Dans ce cas, rendons-nous à la cuisine.
    Gabriel dirigea son cheval vers la petite route menant à l’entrée principale de la bâtisse. Le sergent s’amusa quand il vit l’animal prendre de lui-même à droite et suivre un chemin qui contournait la maison en direction des communs. Il s’arrêta finalement devant la porte de la cuisine.
    — Il a l’habitude que la cuisinière lui donne quelque chose, dit Gabriel dont les joues rosirent.
    Était-ce l’effet du soleil couchant ou de l’embarras ? Le sergent n’aurait pu le dire.
    — Gabriel ! s’écria une jolie fille quand le garde mit pied à terre. Et Néron. Comment vas-tu ? murmura-t-elle à l’adresse du cheval, qui saisit son tablier entre ses dents.
    De sa poche, elle sortit deux gros morceaux de carotte qu’elle lui tendit.
    — Qu’est-ce qui t’amène ici ce soir ? demanda-t-elle. Je te croyais de service.
    — Je le suis, répondit-il en jetant un regard désespéré derrière lui.
    — Seigneur ! Je ne vous avais pas vu, messire, reprit-elle en esquissant une révérence.
    — Voici le sergent Domingo, dit Gabriel.
    — C’est vous, le sergent Domingo ?
    Celui-ci descendit de cheval et s’avança.
    — Oui, maîtresse, et je suis un être humain, précisa-t-il en souriant. Peu importe ce que Gabriel a pu vous dire, je ne suis pas l’incarnation du diable. Et vous êtes maîtresse… ?
    — Blanca, c’est mon nom, messire. Mais entrez donc. Il fait frais dehors, vous allez bien prendre un peu de vin et de la soupe chaude.
     
    — Un nouveau venu ? dit la cuisinière après s’être assurée que le souper du maître cuisait à feu doux.
    Elle poussa un couteau et du fromage vers les deux hommes.
    — Quel âge ? Parce qu’il y a bien le frère de maîtresse Alicia. Il est venu séjourner avec elle au début de l’hiver, mais il est un peu handicapé et il ne sort pas beaucoup.
    — C’était quelqu’un de jeune et d’actif, expliqua le sergent en découpant un gros morceau de pain. Je dirais qu’il tient davantage du très jeune homme que de l’adulte. Plus jeune que Gabriel ici présent – on l’a décrit en train de courir, à propos. Comme un enfant, a précisé celui qui l’a vu. Mais aussi grand qu’un homme de taille moyenne.
    — Encore un de ces échalas, fit Blanca avec mépris avant de se tourner vers Gabriel. Je n’ai pas vu ça par ici.
    — Il y a aussi le nouveau de la finca, intervint la cuisinière. Je dirais qu’il est là depuis trois ou quatre semaines, pas plus. Il est plutôt mignon, celui-là, avec son sourire d’ange, ses boucles dorées et sa barbiche roux foncé. Il travaille pour l’intendant. Il raconte qu’il a étudié chez les frères, mais ce n’était pas le genre de vie qu’il voulait mener et il a préféré faire seul son chemin.
    — Vous l’avez rencontré ? demanda le sergent.
    — Je l’ai vu, mais ma sœur travaille là-bas et elle le connaît. Il est très bavard et très agréable, qu’elle m’a dit. Il est aussi habile de ses mains. Il a réparé le collier de ma sœur qui s’était cassé. Il arrive tout droit de Valence, vous vous rendez compte le chemin que ça fait ?
    — Pas quand on est soldat, maîtresse. Même très éloigné, on arrive toujours à revenir chez soi, ajouta-t-il en lui caressant la main. Il n’y a personne d’autre à qui vous pensez ? Parce que, s’il est blond et qu’il vient de Valence, ce ne peut pas être notre homme.
    — C’est l’homme de personne, si vous voulez mon opinion, dit Blanca. On dirait plus une fille affublée d’une barbe

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