Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
Vom Netzwerk:
je vous ferai porter des pâtisseries aux amandes et à la cannelle que vous pourrez déguster avec quelques gouttes d’eau de fleur d’oranger.
    — Parfait, parfait, fit l’émir en se frottant les mains. Le seul point sur lequel nous ne sommes pas d’accord, Sélim et moi, c’est le vin. Chez lui, on n’en sert pas pendant les repas.
    — Il est vrai, sire émir, qu’à Bagdad nous préférons servir le vin lors des grandes soirées quand résonnent les instruments de musique et que les invités sont trop nombreux pour tenir discussion. Pour les repas intimes, trois est le nombre parfait, nous aimons mieux une eau sucrée, glacée et parfumée au musc et à l’eau de rose.
    — Tout cela est bel et bon, Sélim, mais nous avons grand-faim.
    — Dès que j’ai su que vous aviez des invités de marque, j’ai préparé quelques douceurs pour patienter.
    Sur un signe de Sélim, un esclave apparut et déposa devant eux un plat où reposait, dans un nid de feuillages et de pétales de fleurs, une pyramide de boulettes de viande saupoudrées d’herbes.
    — Blancs et foies de volaille mêlés d’oignons, de pistaches et de noix, grillés dans une huile de sésame puis roulés dans un mélange de persil, coriandre et graines de pavot, annonça Sélim avant de s’incliner et de sortir.
    Hugues de Tarse se tourna vers son ami.
    — Je ne comprends pas comment tu arrives à rester mince avec un cuisinier comme celui-là !
    Khalil éclata d’un bon rire.
    — Il est des manières fort agréables de garder la forme ! Tu te souviens de mon hadith préféré ? À cause de Sélim, je suis juste obligé de faire plus souvent l’aumône.
    — Chaque fois que vous faites œuvre de chair, vous faites une aumône , récita Hugues avant de s’esclaffer à son tour. Tu n’as pas changé.
    Le repas dura longtemps, entrecoupé de plaisanteries et de louanges au cuisinier, puis après que les serviteurs eurent débarrassé, Khalil demanda :
    — Et si le sire de Tarse me contait ce qu’il a fait pendant toutes ces années ?
    Et à la surprise de Tancrède que son maître avait habitué à la plus grande réserve, Hugues se lança dans un récit détaillé de leur errance à travers les royaumes de France, d’Aquitaine et de Normandie...
    Le temps passait, la lumière dans le jardin avait pris une teinte orange. On leur avait apporté des coupes de fruits. L’air fraîchissait et du dehors leur parvenait le bruit mouillé de la fontaine. Le renard était réapparu et, après une longue attente, avait rejoint son maître, se dissimulant dans les coussins.
    Hugues se tut. Et pendant un moment le silence régna, puis Khalil demanda :
    — Tu ne m’as pas expliqué pourquoi Tancrède et toi avez fait route ensemble pendant si longtemps. Il était un enfant alors.
    — Je pensais que tu avais deviné, mon ami.
    — Que veux-tu dire ?
    — Observe-le et tu trouveras un visage que tu as bien connu.
    Les yeux noirs de l’émir se braquèrent sur le jeune homme qui ne sut quelle contenance adopter devant cet examen attentif.
    — Il est le fils d’un homme à qui tu as souvent prêté ton bras et ton épée, émir Khalil.
    — Ce n’est pas possible...
    Une expression incrédule se lisait sur les traits de l’Arabe.
    — Il a la même silhouette, le même visage... poursuivit Hugues. Mais plus que tout, il a la droiture et le courage de son père.
    L’émir fronça les sourcils.
    — Prêté mon... Ne dis rien. Ne dis plus rien. Ce n’est pas possible qu’il soit... La couleur de ses yeux...
    — Ses yeux ont le vert émeraude de ceux de sa mère. Mais celui que tu pressens à travers lui est le duc de Pouilles, le fils préféré de Roger II.
    — Notre duc Roger ! s’exclama l’émir. Il est le fils de...
    — Oui, son aîné.
    L’émotion avait empourpré la face de Khalil et ses yeux s’étaient emplis de larmes. Avant que Tancrède ait pu esquisser un geste, il se jeta à genoux devant lui, lui prenant les mains qu’il baisa avec ferveur.
    — Par Allah le Compatissant ! Je suis honoré, messire, très honoré.
    — Relevez-vous, émir. Relevez-vous, répliqua Tancrède, confus. C’est moi qui vous remercie de votre accueil.
    L’émir s’était redressé, il continuait à fixer Tancrède.
    — Notre jeune ami n’a pas encore idée de ce qui l’attend en Sicile. Il ne sait combien il ressemble à son père et combien son père était aimé.
    Tancrède, troublé lui aussi,

Weitere Kostenlose Bücher