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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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fils, mais Dieu.
    — J’assisterai aux offices et je travaillerai fort pour Dieu.
    Antoine ne put s’empêcher de sourire à ces mots d’enfant issus de la bouche d’un homme. C’était d’une adorable simplicité. Une simplicité sainte.
    — Très bien, alors… répondit-il
    — Est-ce que ça veut dire que je pourrai passer tout le reste de mes jours ici ?
    — Mais bien entendu !
    C’était une perspective étourdissante à laquelle Louis n’avait jamais songé. Il avait toujours cru que seuls les gens riches, savants et importants pouvaient devenir moines. Passer sa vie entière à l’abri derrière ces murs, dans ce lieu propre et empli d’une quiétude qui lui était encore inconnue deux mois auparavant… ne plus avoir à lutter pour survivre… tout un avenir constitué de belles journées tranquilles, ponctuées de travail et de prière, avec la certitude de pouvoir manger à sa faim et de dormir la nuit, à l’abri dans sa cellule. Et, pour avoir tout cela, il n’avait qu’à accepter de se donner à Dieu. Un peu nerveusement, il dit :
    — Merci.
    — Merci, mon père, corrigea Antoine en souriant.
    — Oui. Mon père.
    Louis se demanda s’il allait un jour être capable de dire cela sans penser à Firmin. Antoine ajouta :
    — Lorsque tu seras prêt, tu iras voir le père Bernard. C’est le maître des postulants. À partir du moment où ta candidature sera acceptée, tu commenceras à vivre comme un bénédictin et ce, pour une durée d’un an. Pendant cette période probatoire, tu seras tout à fait libre de partir si tu venais à sentir que cette vie n’est pas faite pour toi. Après quoi, si tu le décides, tu deviendras novice et prendras l’habit pour une nouvelle année. À ce stade, tu seras encore libre. Tu pourras prononcer tes vœux temporaires, ce qui fera de toi un profès. À ce moment-là, il te restera trois ans avant de prononcer tes vœux définitifs. Tu ne deviendras donc réellement moine qu’au bout de cinq ans {69} . Telle est l’importance de l’engagement contracté. Il faut que tu sois absolument certain de ta vocation religieuse. Va, maintenant. Va voir Bernard.
    L’abbé regarda Louis se diriger vers l’un des bâtiments annexes. Il se réjouissait beaucoup plus qu’il n’en avait l’air de la décision prise par l’adolescent. S’il avait été décontenancé sur le coup tant elle avait été subite, il ne doutait aucunement de sa valeur. Louis n’était pas de ceux qui prenaient les choses à la légère. Il aima sa foi toute simple qui, il le savait, était pour lui inextricablement liée à un minimum de besoins matériels. Il avait traversé tant d’épreuves. Pourtant, si Antoine ressentait de la joie, c’était surtout parce qu’en prononçant le vœu d’obéissance, Louis allait se voir contraint de museler des tendances qui avaient fort besoin d’être réprimées. C’était le but premier qui l’avait incité dans sa démarche. Car l’abbé n’était pas sans savoir que le miracle guérisseur de Louis avait pour nom esprit de vengeance. Le maître des postulants allait faire en sorte de restreindre la trop grande place prise par l’escrime et le tir à l’arc dans sa vie, y compris l’objectif que cet apprentissage impliquait. Louis devrait se montrer sociable en plus d’effectuer les travaux qui lui seraient assignés. Son intégration à la communauté lui ferait le plus grand bien, de cela Antoine était persuadé.
    *
    Louis ne tarda guère à suivre les directives de l’abbé. Il lui tardait de concrétiser sa décision et il fut bientôt admis parmi les postulants.
    Le père Bernard était un moine très âgé. Il représentait la figure paternelle et bienveillante dont avaient besoin les candidats, souvent très jeunes, dont la vocation religieuse était encore incertaine ou fragile. Les coups de sa férule se faisaient aussi rares qu’ils étaient fréquents chez le père Thomas, le maître des novices. Mais si Bernard était reconnu pour son indulgence, le père Guillaume, prévôt {70} de la communauté, était tout de même informé immédiatement par lui de toute inconduite des candidats.
    Or, peu de temps après, le père Bernard fut précisément mandé chez le prévôt, qui venait tout juste d’apprendre, de la bouche du cellérier {71} , que quelqu’un était entré par effraction dans son office. Le moine avait précisé :
    — Hier soir, j’ai aperçu le frère Lambert et Louis qui

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