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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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s’emparer de ce trésor, hein ? S’il existe. Je suis sûr qu’il existe. On pourra faire cracher le vieux. Mais ce n’est pas tout. C’est ici que ça devient vraiment intéressant. Écoutez ça.
    — Diable, ça arde, dit Colin dont la barbe clairsemée luisait maintenant d’une sombre humidité qui plus tard allait lui laisser une odeur de taverne.
    — Vous savez quoi ? Le mieux dans tout cela, c’est que même s’il n’y a pas de trésor, le vieux bouc me rapportera quand même une fortune.
    — Ah ouais ? Comment cela ?
    — Oublieriez-vous que notre nouveau roi est l’arrière-petit-fils de Philippe le Bel {90}  ?
    *
    Cet été-là, un second roi fut couronné, au pays d’Oïl {91} , car Philippe VI s’éteignit au mois d’août et légua le royaume de France à son fils Jean.
    *
    Paris, quelques mois plus tôt
    D’abord, Hugues n’en crut pas ses yeux. L’ombre sans visage qui se tenait sous la lueur misérable d’un falot venait de l’appeler. Elle s’avança lentement. Saisi d’une crainte bien légitime, il recula. L’ombre s’arrêta. Il mit un certain temps à reconnaître son identité. C’eût pourtant dû être chose aisée, à cause de sa taille.
    — Louis ! Tu es vivant, avait-il dit.
    — Il n’y a qu’un sacré va-nu-pieds comme toi pour rôder ainsi la nuit.
    — Tu peux bien parler ! Ce que je suis content de te voir. Tu vas bien ?
    — Oui. Quoi de neuf ?
    Ils déambulèrent avec précaution à travers quelques rues de la ville, et Hugues en profita pour donner des nouvelles à son compagnon. Il apprit ainsi que le jeune voyou était l’un de ces mystérieux amis dont les moines avaient parlé. C’était Clémence, une femme inconnue et lui qui l’avaient ramené en compagnie du frère Pierre.
    — J’ai suivi les Pénitents tout le temps que tu étais avec eux et je n’ai rien pu faire pour te sortir de là, dit-il, navré.
    Leurs pas, ou plutôt ceux de Louis les menèrent automatiquement à la boulangerie. La demeure était toujours déserte. Le fugitif demeura un instant silencieux et regarda la maison empoussiérée dont les fenêtres noires avaient été dépouillées de leurs volets. Tout ce qui était en bois avait dû être dérobé pour servir de combustible aux miséreux de plus en plus nombreux en ville. Hugues respecta le silence du jeune homme.
    Louis se tourna enfin vers lui et demanda, en apparence imperturbable :
    — Sais-tu où ils sont allés ?
    — Qui ça, les Pénitents ? Eh bien, j’ai cessé de les suivre lorsque nous t’avons récupéré. Clémence m’a dit qu’ils voulaient rallier Avignon.
    — Avignon. C’est vrai. Je les ai aussi entendus dire ça.
    — As-tu l’intention de…
    — Oui. Te joins-tu à moi ?
    — Je ne sais pas trop. Avignon, c’est loin…
    — Fais comme tu voudras. Moi, je pars. Là, tout de suite. Plus rien ne me retient ici.
    Il se détourna et descendit la rue Gilles-le-Queux qui l’avait vu grandir.
    — Louis, attends.
    Le jeune homme s’arrêta et regarda Hugues se dépêcher de le rejoindre.
    — C’est d’accord. Je viens avec toi. Moi non plus, j’ai plus rien.
    Ils se mirent en route. Ce fut lui, Hugues, qui tourna la tête pour jeter en arrière un dernier regard nostalgique à la boulangerie. On aurait dit que la vieille demeure les regardait partir avec un air de reproche.
    *
    D’après les informations qu’ils purent recueillir, le groupe de Pénitents qu’ils cherchaient n’avait séjourné qu’un court moment à Avignon. Certains avaient cru les entendre parler d’un vague pèlerinage à Compostelle. Cela n’était pas étonnant. Des milliers de pèlerins étaient bien partis pour Rome, cette année-là {92} . La peste avait rendu les gens plus dévots. Comme c’était la seule information dont les deux jeunes disposaient, ils reprirent leur errance par les chemins du Midi que le soleil estival rendait poudreux {93} .
    Mais, quelque part entre Avignon et le pied des premières montagnettes pyrénéennes, ils perdirent définitivement leur trace. Il semblait bien que le groupe s’était démantelé, soit sous l’effet d’une attaque extérieure, soit en raison d’une discorde parmi les membres.
    Louis et Hugues délaissèrent donc les grands chemins et s’engagèrent sans but dans des sentiers à chèvres bordés de ronces et de chardons qui montaient en lacet vers des sommets chevelus. Les grands chênes et les lances bruissantes des pins leur

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