Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
Vom Netzwerk:
craintive :
    — Comment se porte Sa Majesté votre frère ?
    — À merveille, grâces en soient rendues à Dieu. Il se trouve justement que je suis porteur d’un présent pour vous de sa part.
    — Un présent ? Mais ces hommes d’armes dans la cour…
    — Oh, n’ayez crainte, ils ne sont pas pour vous.
    Un rire gras s’éleva dans l’escalier. Le sourire de Philippe s’élargit et il remarqua l’inquiétude suscitée par cette présence invisible qui se tapissait hors de la chambre.
    — Qui est-ce ?
    — N’y prenez point garde, messire. Comme vous me paraissez soucieux ! C’est l’un de mes hommes. Leur sens de l’humour est navrant. Permettez donc que je vous fasse prêt d’un mien serviteur afin d’agrémenter votre séjour, puisque vous ne pouvez pas m’offrir le plaisir de votre visite.
    — Un serviteur ?
    Philippe fit un signe d’assentiment ravi. L’esprit de La Cerda s’embrouillait entre l’angoisse et la possibilité que quelque entente dont il ignorait encore la teneur soit survenue entre le Navarrais et son roi après son départ. L’éventualité d’avoir un serviteur arrivait tout de même à point nommé. Il avait grand besoin de se donner un peu de bon temps. Cela allait peut-être compenser pour le page absent. D’Évreux s’écarta afin, peut-être, de dégager l’entrée au serviteur mentionné. Il fit en effet signe à quelqu’un d’approcher et dit :
    — Le seul ennui, c’est qu’il est un peu encombrant.
    Charles d’Espagne cligna des yeux. Un géant vêtu de noir entra dans la chambre en baissant la tête pour éviter de heurter le chambranle. C’était une espèce de brute qui se mit à le scruter de haut en bas d’une manière extrêmement offensante.
    — C’est lui ? demanda La Cerda avec l’impression de plus en plus désagréable qu’il faisait les frais de quelque mauvaise plaisanterie d’un goût douteux.
    Il demanda à l’homme, d’une voix sévère :
    — Qui es-tu pour oser te présenter à moi d’une manière aussi inconvenante ?
    Philippe ricana et dit au colosse :
    — Il est à toi.
    Et il referma les restes de la porte sur les deux hommes.
    Au lieu de répondre, Louis tira son damas du fourreau de cuir rouge dont il était ceint. C’était une lame épaisse et lourde qu’on devait tenir à deux mains. Elle était conçue pour n’assener que des coups de taille puissants et rapprochés. Mais son propriétaire, ce monstre à face humaine, l’empoignait d’une seule main. Elle semblait avoir été faite pour lui. Il la tenait lame basse et ne quittait pas le connétable des yeux.
    Louis éprouvait une honte soudaine d’avoir à agresser cet individu pitoyable et presque aussi inoffensif que s’il lui avait été livré pieds et poings liés.
    — Tu désires te battre avec moi ? lui demanda La Cerda d’une voix éteinte.
    Son visage veule pâlissait encore sous sa pommade. Il alla se placer derrière sa table de travail dans une tentative vaine et sans doute inconsciente de placer un obstacle entre eux.
    — Oui.
    — Mais sais-tu qui je suis, maraud ?
    — Oui, répéta Louis qui s’approchait prudemment.
    Seule la dague décorative était bien visible dans la main du noble, mais mieux valait ne pas prendre de risques. Que ce connétable se trouvât seul et qu’il ait été si facilement neutralisé tenait de l’absurde. Louis porta un petit coup au bras droit de Charles, comme s’il avait cherché à provoquer une riposte. La coupure était superficielle et teinta de rouge la manche de dentelle déchirée. Cela suffit presque à lui faire échapper sa dague.
    — Aïe ! Il t’en cuira de t’en être pris à moi, misérable !
    Le géant balaya du plat de son épée tout ce qui se trouvait sur la table. Un encrier se vida de son contenu noir sur le plancher, y noyant quelques brins de lavande. Mais La Cerda ne chercha même pas à lui lancer sa lame qui aurait très bien pu l’atteindre alors qu’il se tenait si près. Il se contenta de s’éloigner vers la fenêtre. Louis le suivit lentement tout en effectuant une série de gestes offensifs qui visaient, toujours en vain, à susciter une réplique chez cet adversaire qui n’en était pas un. Charles d’Espagne roulait des yeux effarés, le souffle court, et s’empêtrait dans ses grotesques poulaines à bout retroussé comme celles qui étaient en vogue à la cour de Paris.
    — Défendez-vous, au moins ! rugit l’homme en noir

Weitere Kostenlose Bücher