Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
Vom Netzwerk:
réagit à cette remarque en imprimant au pommeau de son épée un mouvement de va-et-vient circulaire qui déchiqueta davantage les tissus fragiles de la main clouée au sol. Charles d’Espagne cria et tourna de l’œil. Louis libéra sa main et se mit à tapoter sa victime sous le menton avec le plat sanglant de son épée afin de la réanimer. Charles ouvrit des yeux hagards et leva la tête.
    — Je t’en conjure, écoute mes paroles… arrête-toi maintenant et tu ne seras pas châtié. Je t’en fais serment. Je te prendrai à mon service. Jamais plus tu n’auras à gagner ta vie et tu auras toutes les nobles dames que tu voudras, toutes aussi belles les unes que les autres…
    — Inutile d’effaroucher ces bonnes dames : personne ne partage la couche d’un exécuteur.
    — Quoi ?
    — C’est ce que je suis. Un bourrel. Nul n’est mieux placé que moi pour connaître la valeur de ces promesses données sous la torture. Maintenant, assez parlé. N’essayez plus de me convaincre et recommandez votre âme à Dieu.
    — Ainsi, on me prive même du soutien d’un prêtre.
    Louis fit un vague signe de tête.
    — J’en suis navré.
    — Alors, Baillehache, serais-tu en train de le foutre ? appela en ricanant l’un des hommes d’armes qui vint cognerà la porte.
    — Si sa boudiné est à la taille du reste, pour sûr que l’Épagneul va en redemander !
    Ces farces grivoises donnèrent à La Cerda un ultime espoir. La perspective était terrifiante, mais elle en valait néanmoins la peine. Il demanda à Louis, qui attendait :
    — Est-ce que tu… préfères les hommes ?
    — Non.
    — N’y a-t-il donc aucune tentation pour te fléchir, monstre !
    — Vous la faites, cette prière, oui ou merde ?
    La lourde épée frappa Charles au niveau des cuisses. Le sang gicla à travers la tunique déchirée tandis que le malheureux tentait en vain de se lever, retombant chaque fois à cause de sa cheville qui ne le soutenait plus. Il tenta de s’éloigner à quatre pattes vers la porte qui venait de s’ouvrir sur un Philippe à demi ivre. Toujours à genoux, le connétable rampa jusqu’à lui et joignit les mains pour le supplier :
    — Grâce, monseigneur, grâce. Je ferai tout ce que vous voudrez. Tout. Je demanderai une rançon en or à mon sire. Je renoncerai aux terres que j’avais l’intention de réclamer. Je me ferai le plus humble de vos serfs. Ou bien je… je prendrai la mer et partirai au loin pour ne plus jamais revenir.
    À ces mots, le comte d’Harcourt, qui avait le teint un peu blême, s’avança et intervint :
    — Monseigneur, si je puis me permettre… ce pauvre bougre, quand même… Ne pourrions-nous pas…
    Louis se prit à silencieusement espérer qu’il allait pouvoir ranger son épée et la remplacer par sa besace de médecines. Il en était encore temps, même si le connétable allait malheureusement demeurer estropié pour toujours. Mais Philippe tourna un regard réprobateur vers le comte.
    — Ne pourrions-nous pas quoi ?
    — Non, rien, se rétracta le comte.
    — Dites-moi seulement ce que vous attendez de moi et je jure devant Dieu que je le ferai, dit La Cerda avec un léger regain d’espoir.
    Philippe répondit :
    — J’attends que tu trépasses, mon bon ami. Alors vas-y, fais ! Puis, à Louis, qui était venu se poster derrière La Cerda :
    — Finis-en. Mais n’oublie pas que nous devions être plusieurs à le mettre en pièces.
    — NON ! glapit Charles.
    Louis ne désira qu’une chose : en finir au plus vite, car il sentait sa volonté faillir. Le prince vit la pointe du damas pénétrer dans l’anus du connétable. Il éclata de rire et referma la porte. Louis frappa plusieurs fois encore, surtout aux bras et aux jambes, à petits coups de taille contrôlés. Hormis la blessure infligée devant le prince, il évita pour le moment d’atteindre des organes vitaux. Charles d’Espagne, résigné, se mit à hurler presque sans relâche, ne reprenant son souffle que pour lancer à son bourreau des supplications désormais incompréhensibles.
    Le connétable s’affaiblissait ; il cessa bientôt de tourner en rond dans la chambre qu’il avait maculée de traînées sanglantes et se coucha sur un côté, en position fœtale. Méthodique et peut-être insensible, Louis le retourna sur le dos en lui plantant son épée sous la clavicule. Il entama le cuir chevelu de Charles, coupa à moitié une oreille, puis l’autre, et lui

Weitere Kostenlose Bücher