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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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gâteau et que je te dévore tout rond, dit-elle en essuyant les lèvres du petit garçon échevelé avec un linge humide.
    Sa mère vint les rejoindre, tenant la main d’une fillette plus âgée qui avait tenu à l’accompagner.
    — Une bonne journée, dit-elle avec satisfaction. Nous avons gagné davantage aujourd’hui qu’en une semaine entière. Où est Hugues ?
    — Au moulin, je crois, répondit Desdémone. Il n’est pas encore rentré. Firmin non plus.
    — Comme d’habitude, dit Clémence en soupirant.
    Sa fillette jouait avec les cordons de son tablier barbouillé de farine. Les deux enfants avaient les joues roses et replètes. Ils respiraient la joie de vivre.
    — Ton mari est bien patient d’aller au moulin à sa place, fit remarquer la servante. Comme s’il n’avait rien d’autre à faire !
    — Quand est-ce que je vais pouvoir apprendre à faire le pain, moi ? demanda le garçonnet.
    — Quand tu vas cesser de cacher des cafards dans mon lit, répliqua la fillette.
    — C’est pas vrai ! J’ai pas mis de cafards. C’était une grenouille. Desdémone, raconte-moi encore l’histoire du garçon qui vivait ici il y a très, très longtemps. Est-ce qu’il savait faire le pain, à mon âge ? Le Papy, il me répond jamais quand je le lui demande. Il dit juste qu’il est mort de la peste.
    Desdémone jeta un coup d’œil à Clémence et posa son linge humide sur le rebord de la fenêtre avant de s’accroupir pour être à la même hauteur que l’enfant.
    — Non. Il devait être un peu plus vieux que toi. Parce que, faire du pain, c’est quelque chose de très compliqué. Il faut des années pour apprendre. Moi-même, je ne sais pas comment. Tu vois, il a dû commencer par passer le balai autour du fournil. Oui, oui, juste ça, ne fais pas la moue. Après, il entreposait du bois et il apprenait en regardant le Papy travailler.
    — C’est vrai, Mère ? demanda la fillette.
    Clémence acquiesça sans cesser de ranger sur leurs tablettes les derniers paniers qui venaient d’être soigneusement frottés. Dehors, Firmin qui était rentré appelait. Desdémone reprit :
    — C’était un garçon très sage qui obéissait toujours à ses parents. Votre mère m’a dit qu’il savait cuire le pain mieux que l’aïeul.
    — S’il te plaît, Desdémone, dit Clémence qui, en levant les yeux vers la cour, vit Firmin s’amener en titubant.
    — Il n’aurait pas dû mourir, alors, dit le garçonnet. Ce n’est pas juste. Lui m’aurait appris !
    — Comment il s’appelait ? demanda la fillette.
    — Salut, tout le monde, dit Firmin en entrant. J’ai vu un roi. Un vrai !
    — Bonsoir, Père, dit Clémence, qui remit une bourse au maître. Ce dernier la prit, la soupesa et alla donner une claque sur les fesses de Desdémone qui se relevait.
    — Alors, ma béguine*, tu faisais ta prière à genoux ?
    Firmin n’avait jamais regretté d’avoir embauché Desdémone. Au lit, une fois qu’elle était suffisamment saoule pour renoncer à sa chasteté fantoche et consentir à coucher avec lui, elle lui rappelait Odile et le bon vieux temps.
    — Le roi de Navarre ferait mieux de s’occuper de son propre royaume plutôt que de celui des autres, fit remarquer Clémence {169} .
    — Vous avez vu le roi, Papy ? Nous, on parlait de votre petit garçon qui était le meilleur boulanger de Paris et qui aurait pu travailler pour le roi comme l’aïeul.
    — Ah ouais ? Un ramassis de sornettes, si tu veux mon avis. Le meilleur boulanger en ville, c’est moi.
    — Pourquoi vous ne venez plus jamais travailler ici, alors ?
    — Chut ! intervint Clémence. Bon, ça suffit. Allez, ouste. Filez mettre la table, tous les deux. Et ne jouez pas avec la salière.
    Elle jeta un coup d’œil furtif en direction de son beau-père avant de sortir à la suite de ses enfants.
    Restés seuls, Firmin et Desdémone se firent face un moment en silence. Elle baissa finalement les yeux. Firmin dit, tout bas :
    — Qu’es-tu en train de leur mettre dans la tête, grosse pute ?
    — Je suis désolée.
    — Maintenant qu’il n’est plus là pour te foutre, tu t’en languis et tu le vénères comme un saint, pas vrai ? C’est aussi pour ça que tu passes tout ton temps à l’église au lieu de t’occuper de moi et de travailler ? Hein ?
    — S’il vous plaît, arrêtez. Je travaille fort et ça ne dérange personne que j’aille tous les jours prier pour lui. Je m’en veux de

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