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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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souple.
    — Non…
    — Si. Et tu vas te laisser faire. Sais-tu pourquoi ? Parce que je te l’ordonne. Je suis ton seul et unique allié. Tu n’en as pas d’autre. Ceci n’est rien, je te l’assure, vraiment rien en comparaison de ce que je pourrais te faire, car tu n’as même pas vu la panoplie d’instruments dont je dispose.
    Firmin haleta.
    — Je ne comprends pas.
    — Bon, écoute : tu as commis un crime pour lequel je devrai quand même te soumettre à un interrogatoire. Mais, en attendant, ils peuvent te faire souffrir à leur guise ou bien te soulager et te donner à manger. Demain, tu pourrais être relâché, ou dans trois jours, ou jamais. Mais on peut aussi me demander de t’oublier et de te laisser croupir au fond de ce cachot jusqu’à ce que tu crèves. Ce sont eux qui décident. Mais tu m’as été confié et ton bien-être dépend beaucoup de moi. Ils me font confiance.
    C’était vrai. Depuis sa porte close, il avait remarqué que, dès que ce Baillehache manifestait sa présence tant redoutée dans les geôles, tout chahut cessait immédiatement. C’était un homme qui savait se faire respecter. Il ajouta :
    — Selon la loi, ton corps appartient au roi. Ton âme lui appartient. Tout ce qui est à toi lui appartient. Et je représente la justice royale. Comprends-tu, maintenant ?
    — O… oui ! finit par murmurer Firmin sans grande conviction.
    — Vois-tu pourquoi il vaut mieux ne pas me déplaire ?
    — Je ferai tout ce que vous me demanderez, dit-il d’une voix blanche.
    — Très bien. Voyons un peu cela.
    La canne claqua sur l’une des épaules de Firmin, puis sur son dos ployé. Il se lamenta tout en cherchant à s’éloigner et en se protégeant la tête. Baillehache s’interrompit et ne bougea pas de sa place.
    — C’est comme ça que tu m’obéis ?
    — Mais je…
    Le visage effrayé de Firmin réapparut entre ses bras pliés.
    — Redresse-toi. Baisse les mains.
    Les coups de canne plurent sur les membres protecteurs et les suivirent dans leur descente. Baillehache ne frappait ni à la tête ni au ventre que sa victime cherchait pourtant à protéger d’instinct. Le bourreau frappait sans cesse, s’accroupissant parfois légèrement pour cingler les jambes noueuses du vieil homme. Il le contournait avec lenteur pour l’atteindre sous tous les angles, n’épargnant pas ses bras, ses jambes et son dos.
    — Baisse les mains, ordonna le tortionnaire à plusieurs reprises.
    En larmes, Firmin hésitait, puis obéissait, impuissant et misérable. Il se tenait bien droit et gardait la tête baissée sans bouger. Seuls les coups provoquaient des secousses. Il reniflait. Ses pommettes sales sous lesquelles croissait une barbe clairsemée étaient luisantes. Des larmes dégouttaient le long de son nez et tombaient à ses pieds.
    Louis songea : « Voilà toujours bien un aperçu de la détresse que j’ai pu ressentir, moi, quand tu me forçais à m’agenouiller pour me battre. Mais qu’importe, tu ne penses sûrement pas à ça. Tu ne penses plus à moi, tu m’as oublié. »
    Baillehache dit brusquement :
    — Écarte les jambes.
    Il ne lui épargna pas l’intérieur des cuisses. Mais il résista à la tentation de frapper plus haut, même si Firmin en ressentit bel et bien la menace.
    — Là, on va soigner ton petit mensonge.
    Baillehache fouetta l’épaule à l’endroit précis où l’abrasion qui datait de sa capture commençait à se cicatriser. Avec une cruelle précision, la canne mordit la même zone minuscule jusqu’à ce que des gouttelettes de sang se mettent à lui moucheter la joue, le bras et la poitrine. Firmin hurla et chancela, mais il ne se déroba pas.
    — Bien, bien ! dit Baillehache, comme s’il s’adressait à un animal qu’il était en train de dompter.
    Il abandonna la canne et s’approcha. Firmin tremblait de tout son corps. Le bourreau lui donna deux petites tapes amicales au visage et le fit asseoir avant d’éponger la seule blessure qu’il avait reçue de toute cette longue séance. Il avait par ailleurs l’air presque indemne. La canne traînait par terre comme une innocente branchette de sous-bois. C’était diabolique.
    Le malheureux fut laissé seul un instant et il put réaliser à quel point l’air était meublé de ses halètements. « C’est un cauchemar, c’est sûrement ça. Je vais me réveiller et me retrouver dehors avec les copains. C’est trop horrible, c’est pas possible, ce

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