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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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qu’il demande. Je ne pourrai jamais endurer ça une deuxième fois. Comment il faisait, le Ratier ? »
    Cette pensée le fit sursauter. Comment Louis avait-il fait pour supporter tous les sévices auxquels il avait été soumis avant d’être finalement mis à mort et abandonné en pleine forêt ?
    — Tiens, dit Baillehache qui était soudain à nouveau planté devant lui.
    Firmin ne l’avait pas vu revenir. Il se rencogna.
    — T’ai-je fait peur ?... Ouvre la bouche.
    Le poing au-dessus de sa tête était fermé sur un torchon dégoulinant. Du moins, à ce qui lui semblait. Même s’il craignait quelque nouvelle torture, Firmin pencha la tête en arrière et ouvrit la bouche. Baillehache exprima un peu d’eau propre et fraîche dont la plus grande partie s’écoula dans la barbe de sa victime. Mais c’était bon.
    Le géant entreprit de nettoyer sa blessure avec le torchon. Firmin tourna la tête et le regarda faire en se léchant les lèvres afin de ne pas perdre une goutte du peu d’eau qu’il avait pu boire. Il prit le risque de demander :
    — S’il vous plaît, puis je en avoir d’autre ? Je suis assoiffé.
    — Peut-être. Plus tard. J’ai encore un petit travail à te confier.
    Firmin fut reconduit à sa cellule par le bourreau qui s’était muni d’une torche, du torchon taché avec lequel il avait épongé la blessure et d’un peu d’eau sale dans le fond d’un seau. Il dit au vieillard :
    — Tu as chié partout. C’est très malpropre. Il te faut me nettoyer tout ça.
    Baillehache s’appuya nonchalamment contre le mur de l’étroit couloir et regarda l’homme courbaturé se mettre à l’ouvrage. C’était une tâche éreintante et quasi impossible à mener à bien avec le peu d’eau dont il disposait, une eau qu’il avait davantage envie de boire que d’utiliser aux soins du ménage.
    — Plus vite, Firmin, plus vite, disait parfois le bourreau.
    Mais c’était peine perdue. Après une heure de travail inutile, le réduit aux murs larmoyants empestait toujours autant l’urine, les matières fécales et le bran. À quatre pattes sur le sol, Firmin était en sueur. Des nuées de moustiques lui tournaient autour. Il n’était parvenu qu’à ratisser de ses mains hors du cachot sa litière de paille qui était devenue un fumier noir et malodorant.
    — Bon, disons que ça peut aller. Tu es d’une saleté repoussante et tu travailles mal. Je suppose qu’on ne peut rien y faire. Viens avec moi.
    Et Baillehache entraîna le vieux boulanger vers la salle des tortures. Là, il lui présenta des instruments : chevalet, brasero, poucettes, grésillons, rouleaux à épines, tourniquets… Il lui expliqua les différents supplices qu’il risquait de subir. Firmin était au bord de l’hystérie. Le bourreau le guida à l’extérieur de la pièce et lui dit doucement, tout en le reconduisant au geôlier afin qu’il lui remette ses chaînes :
    — Il fallait que je te prévienne de ce qui t’attend si tu refuses de collaborer avec les autorités. Garde-le pour toi, d’accord ? C’est pour t’aider.
    — Mais qu’est-ce qu’il faut que je leur dise ?
    — Toi seul sais ce que tu as vraiment fait chez les Jacques. C’est scandaleux. Il faudra que tu t’en souviennes et que tu nous relates tout de façon très précise. Si tu fais cela, je serai possiblement en mesure de t’éviter la question. Les juges t’acquitteront peut-être si tu montres de la bonne volonté.
    — J’en montrerai. J’en montrerai, c’est promis.
    — Bien.
    De nouveau entravé et enfermé, Firmin fut laissé seul face à sa peur. Il ne revit pas Baillehache pendant plus d’une semaine et ne reçut que suffisamment d’eau pour assurer sa survie.
    *
    Paris, nuit du 31 juillet 1358
    L’ombre se faufilait avec d’infinies précautions dans les rues désertes. Elle s’arrêtait souvent pour disparaître dans une venelle, après quoi elle se glissait jusqu’à la cachette suivante, en prenant garde aux vigiles et aux nombreux obstacles qui parsemaient sa route, car elle n’avait pas d’esconse. À quelques reprises, un objet métallique tinta dans sa main sans qu’elle puisse l’empêcher. Chaque fois, l’ombre s’arrêta et retint son souffle. Mais rien ne se passa. L’objet brilla un instant dans la main de l’homme à cause de la lune qui se dévoilait. L’objet métallique disparut dans les replis d’une mante beaucoup trop chaude pour la saison.
    C’était un

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