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Le jeu de dupes

Le jeu de dupes

Titel: Le jeu de dupes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne-Laure Morata
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professeur ne put s'empêcher de déclarer :
    – C'est une femme formidable, vous savez.
    – Je n'en doute point, mon ami, il suffit de vous voir pour le croire.
    Son interlocuteur paraissait en effet rajeuni de dix ans, arborant cet air vaguement benêt que donne un bonheur simple et partagé.
    – Le mariage ne me semble plus un état si peu enviable depuis que je la fréquente, confia le vieux garçon avec conviction.
    Prenant subitement conscience que ses propos pouvaient heurter celui qui avait perdu son épouse, il se sentit gêné. Son visiteur le mit à l'aise en clignant des yeux d'un air affable, ce qui le rassura.
    – Alors, avez-vous pu surprendre le coadjuteur dans sa retraite de Notre-Dame et lui faire rendre gorge ? enchaîna-t-il.
    – Notre plan a merveilleusement fonctionné, à une chose près : ce n'est pas notre homme, dit François dont les traits du visage se durcirent.
    – Il ne nous reste donc qu'une seule possibilité et pas la plus facile…
    – Certes, à choisir ce n'est pas le Grand Condé que j'aurais souhaité mettre dans ma ligne de mire. Avez-vous déchiffré les lettres de Violette le concernant ?
    Le professeur, embarrassé, fit une moue dubitative.
    – Vous m'en voyez désolé… J'ai le plus grand mal à les décrypter. J'aurais besoin du code qui figurait sur le coffret. Je n'ai pu deviner qu'une dizaine de mots qui me laissent entrevoir ce dont il s'agit mais pas davantage et je doute sérieusement de pouvoir faire mieux même avec plus d'acharnement, vous m'en voyez navré.
    – Ne le soyez pas, sans votre aide précieuse je n'aurais pas du tout pu avancer… Dites-moi ce que vous avez découvert ce sera déjà mieux que rien.
    – Dans les lettres, un nom revient de façon récurrente et je pense qu'il s'agit d'Anne Geneviève de Longueville, la sœur de votre adversaire.
    – La fameuse duchesse… Je me souviens de vos propos au sujet d'une relation tumultueuse avec le prince…
    – Tout à fait, certains iront jusqu'à dire une passion coupable, incestueuse.
    Pour l'avoir aperçue à la cour, François connaissait le charme indéfinissable qui émanait de cette grande dame qui savait captiver la gent masculine aussi bien que féminine, ce qui lui avait valu le surnom de « déesse de la paix » donné par les diplomates allemands séduits lors de son séjour à Münster lorsqu'elle négociait aux côtés de son époux le traité de Westphalie. On disait qu'elle entretenait avec son frère une relation trouble et il apparaissait que les Condés, comme beaucoup demembres de la haute noblesse, considéraient faire partie d'une élite échappant aux lois du commun des mortels, certains d'être de par leur naissance et leur sang bleu supérieurs au vulgum pecus , rejetant l'idée de devoir justifier leurs actes devant quiconque. Mariée à un époux du double de son âge qu'elle n'aimait pas et dont elle supportait de moins en moins la compagnie, elle multipliait les aventures extraconjugales et semblait animée d'une appétence pour la guerre civile, plus mue par la volonté d'échapper à un mariage abhorré et de mener librement sa vie que par réel goût politique.
    – C'est donc à sa sœur qu'on s'en serait pris, ce qui expliquerait la réaction de Condé.
    – Certainement. La duchesse s'est mise en danger et son frère détruit ceux qui pourraient l'atteindre. Je peux essayer de reprendre le déchiffrage si vous le souhaitez.
    – Ce n'est pas vraiment utile. Quel que soit le secret de cette dame, je n'en ai cure. La seule chose qui m'importe est de retrouver Nolwenn saine et sauve… Il ne va pas être aisé de se confronter à cet homme. Je vais rejoindre Arnaud pour examiner avec lui les différentes alternatives s'offrant à nous.
    François se leva pour prendre congé.
    – Ne vous donnez pas la peine de me raccompagner, et il se dirigea vers l'escalier.
    Puis, se ravisant :
    – Vous voyez Malo cet après-midi ?
    Belfond hocha la tête et anticipa sa demande.
    – Il va mieux. Il s'investit complètement dans ses études mais je dois dire qu'il est d'humeur fort sombre pour un garçon de son âge, dit-il avec regret.
    François soupira.
    – Avec le temps…, argua le professeur.
    – Certaines blessures ne se referment pas, l'interrompit François. Il devra faire comme nous tous : vivre avec… Prenez soin de lui pour moi, voulez-vous ?
    – Avec plaisir. Si vous avez besoin de mes services n'hésitez pas à revenir ici.
    François s'égailla

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