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Le jeu de dupes

Le jeu de dupes

Titel: Le jeu de dupes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne-Laure Morata
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sachant que répondre. De Lagne brisa le silence endisant à François de ne pas hésiter à faire appel à ses services s'il avait besoin de bretteur de qualité.
    – Je considère être votre obligé, mon cher, aussi suis-je à votre disposition en cas de nécessité.
    François se sentit touché par la bienveillance manifestée par ce drôle de couple et prit congé un peu abruptement afin de dissimuler son émotion. Il récupéra sa monture là où il l'avait laissée et regagna l'hôtel Bessières au petit trot. Il venait à peine de pénétrer dans les écuries que Gervais en l'apercevant se mit à hurler « Madame, Madame » d'une voix stridente que son maître ne lui connaissait pas. S'appropriant les rênes du cheval, il poussa littéralement François hors des box avec une familiarité qui surprit le gentilhomme sans être toutefois comparable à l'effarement ressenti devant l'attitude de Louise à la limite de l'hystérie qui s'agrippa à son plastron avant de le propulser dans l'escalier. Il dépassait alors Arnaud qui descendait sans pouvoir échanger une parole, mené par la poigne insoupçonnée de son aînée qui ne le lâcha, malgré ses protestations, que devant la porte de sa chambre.
    À l'intérieur, sur le lit à baldaquin, une femme dormait dos tourné au visiteur. François, complètement hypnotisé par sa chevelure auburn, avança d'un pas de somnambule sans oser la toucher de crainte qu'elle ne disparaisse. Nolwenn se retourna dans son sommeil, offrant son visage à son époux qui, saisi, n'esquissa pas le moindre geste, ne se hasardant même pas à respirer de peur de voir s'évanouir ce prodige. Interdit, il lança un regard vers Louise qui se contenta de hocher la tête, aussi émue que son frère. Quelque chose se brisa en lui devantla certitude absolue que c'était bien son épouse saine et sauve et il se laissa tomber à ses pieds en foulant le drap sans émettre un son, des larmes de soulagement intense inondant sa figure tandis qu'il la regardait dormir. Louise referma la porte sans faire de bruit et courut rejoindre Arnaud.
    – Cela se passe bien ?
    – Il ne l'a pas réveillée, il se contente de la contempler.
    – Il a besoin de se persuader qu'il ne rêve pas, comme nous tous d'ailleurs…
    – C'est un miracle ! s'enthousiasma Louise en serrant son époux contre elle avec force.
    Son mari l'embrassa tendrement sur les lèvres.
    – Un miracle, oui, et il y en aura d'autres, vous verrez, promit-il en posant une main sur son ventre, convaincu qu'un jour leur espoir se concrétiserait.
    Lorsque Louise l'avait accueilli de si étrange manière, Arnaud avait cru Henri mourant et avait été également stupéfait d'être conduit au chevet de Nolwenn. Son épouse avait alors raconté comment, durant leur absence, aux premières lueurs du jour, un carrosse sans armoiries avait fait une brève halte devant leur porche prenant à peine le temps de débarquer la malheureuse retrouvée en piteux état par Gervais qui sortait promener Perceval, poignets liés et yeux bandés. Immédiatement alertée, Louise l'avait lavée, nourrie et couchée dans un bon lit puis envoyé quérir leur médecin de famille retenu trois rues plus loin par un accouchement difficile. Nolwenn, choquée, avait prononcé très peu de mots ayant apparemment du mal à croire son cauchemar terminé.
    Henri apparut à son tour, droit dans sa chaise roulante poussée par un Gervais à l'air guilleret.
    – Il est rentré ? s'enquit le chef de famille.
    – Ils sont ensemble, Père.
    Le vieil homme soupira longuement, il avait tellement craint de ne plus voir cela de son vivant…
    – Je vous propose de prier ensemble pour remercier Dieu de sa mansuétude.
    Et c'est ce qu'ils firent.
    À l'étage, François ne se rassasiait pas du spectacle de Nolwenn endormie. Passés les premiers instants d'émotion pure liant soulagement et joie, il constatait avec horreur les traces qu'une incarcération prolongée avait laissées sur sa compagne et la colère le submergeait. Nolwenn n'était plus que la pâle copie de l'image qu'il avait conservée d'elle : amaigrie, de larges cernes assombrissaient son visage aux traits émaciés encadré de cheveux devenus ternes. Le pire était les marques qu'elle portait aux poignets, preuve qu'on l'avait attachée sans ménagement au point de provoquer des plaies qui s'étaient infectées.
    La jeune femme gémit dans son sommeil et se retourna. Il s'allongea à son côté, heureux

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