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Le jour des barbares

Le jour des barbares

Titel: Le jour des barbares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alessandro Barbero
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généraux qu’on avait envoyés liquider la révolte s’étaient laissé vaincre
les uns après les autres. Son neveu Gratien, empereur d’Occident, avait à peine
plus de dix-huit ans, et quelques-uns pensaient que cet empereur adolescent
ferait bien de reprendre en main la situation et d’intervenir en personne avec
son armée, traditionnellement plus experte et plus combative que celle d’Orient.
Des rumeurs couraient dans les cités de l’empire, sur les marchés, dans les
casernes et les avant-postes, et finissaient par arriver aux oreilles des
barbares, au-delà des frontières. Un soldat alaman qui servait dans la
cavalerie de la garde impériale, ayant obtenu une permission, rentra chez lui
pour régler des affaires de famille, parmi les tribus qui vivaient de l’autre
côté du Rhin ; là-bas, il raconta qu’en Orient, tous les peuples limitrophes
de l’Empire romain s’étaient conjurés pour le détruire, et que Gratien s’apprêtait
à partir avec toute son armée pour secourir son oncle Valens. Nous ne savons
pas si ce militaire dit tout cela sans penser à mal, pour épater les voisins
avec sa connaissance des secrets d’État, ou s’il s’était tout simplement livré
à l’espionnage. Il se pourrait qu’il ait été de bonne foi, car il retourna ensuite
tout naturellement à son poste ; mais l’empereur le fit châtier pour avoir
trop parlé.
    Les Alamans écoutaient ces nouvelles, et de nombreux groupes
de jeunes gens belliqueux pensèrent que c’était l’occasion ou jamais de lancer
des incursions en territoire romain, puisque les soldats s’en allaient. Aussi
Gratien, qui effectivement avait rassemblé ses troupes et s’apprêtait à partir
pour les Balkans, fut-il obligé de modifier ses plans et d’entreprendre une
expédition punitive outre-Rhin. Ces opérations de police à grande échelle se
terminaient toutes de la même façon, par un bilan triomphal de villages incendiés,
de civils massacrés, et de chefs se jetant aux pieds de l’empereur pour
implorer la paix. Cette fois, pourtant, les Alamans, informés que Gratien
allait les attaquer, firent une chose qu’ils n’avaient jamais faite auparavant :
ils réussirent à mettre d’accord toutes leurs tribus, et concentrèrent en un
même lieu un nombre de guerriers sans précédent. L’expédition punitive de
Gratien se transforma en une véritable campagne, et même si en fin de compte
les Alamans furent vaincus et contraints de demander la paix, plusieurs mois s’étaient
écoulés. Le printemps 378 était déjà fini, et l’armée d’Occident ne s’était
pas encore mise en marche pour franchir les Balkans et prêter main-forte à
Valens.

2.
    Valens, entre-temps, avait fini par bouger. Il ne pouvait
décemment plus séjourner à Antioche alors que les barbares poussaient leurs
incursions jusque dans les faubourgs de la capitale. Il se décida donc à partir,
quoique probablement à contrecœur. L’énorme convoi de la cour impériale, avec
les secrétaires et les eunuques, les prêtres et les gardes, les concubines et
les esclaves, traversa les plaines poudreuses d’Anatolie et, au terme d’un
voyage qui dura sans doute plus d’un mois, atteignit enfin Constantinople. Le
séjour de l’empereur dans la ville fut toutefois fort bref : malgré les travaux
publics qu’il avait financés et le grand aqueduc qu’il avait fait construire, Valens
était impopulaire auprès des habitants de la capitale, et il le leur rendait
bien. Lorsqu’il avait été nommé empereur d’Orient par son frère Valentinien, la
population de Constantinople avait soutenu l’usurpation du général Procope, qui
commandait la garnison de la capitale ; par conséquent, Valens n’aimait
pas la métropole sur le Bosphore et y séjournait le moins possible. Dès son
arrivée, il s’aperçut que l’ambiance dans la ville était tendue : les gens
étaient effrayés par les nouvelles concernant les atrocités commises par les
Goths, et mal disposés envers un gouvernement qui ne parvenait pas à mettre fin
aux troubles. Aux jeux de l’hippodrome, Valens fut sifflé ; et l’on passa
vite des quolibets et des sifflets aux batailles de rues. L’empereur en eut
assez, quitta la capitale et partit s’enfermer dans sa villa de Melanthias, somptueuse
résidence de campagne située à une vingtaine de kilomètres de Constantinople.
    Là, enfin libre de travailler, il entreprit de rassembler
toutes les troupes disponibles, afin

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