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Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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l’habit ne fait pas le moine, l’armure ne fait pas l’homme !… Que vous en semble !
    — Il nous semble, coquin, que tu nous gênes !
    Le capitaine s’éloigna. Barbeyrac le retint par sa cubitière :
    — Les épées ?… Toutes les armes ?… Les lances si nous devons en courir ? Les écus pour nous protéger ?
    — On va vous les amener.
    — Le bourras pour garantir nos chairs du fer qui les ceindra ?
    — Bien que n’ayant reçu aucune sommation, je vais vous en porter moi-même.
    — Tu sais que tu me plais, dit Guillaume, penché, quand tu deviens bienveillant !
    Le compliment toucha l’Anglais. Il sourit, et c’était d’un sourire sincère. Alors, Guillaume crut devoir profiter de ses bonnes dispositions :
    — Ton tabard…
    —  What mon tabard ?
    — Il me plaît avec ce dragon à la langue de vouivre… Peux-tu me le passer juste pour le combat ?
    — Il n’est pas à vos armes !
    — C’est vrai… Si tu ne veux pas me prêter le tien, tâche de m’en trouver un… J’ai toujours eu un tabard sur mes mailles.
    — Je vais voir ce que je peux faire, dit le capitaine en s’en allant, cette fois, pour de bon.
    — Pourquoi voulez-vous revêtir un tabard ? demanda Ogier à son oncle.
    Guillaume eut un soupir ; le même que naguère, à Rechignac, lorsqu’il l’interrogeait à propos d’un événement, d’un geste, d’une astuce.
    — Je me sens plus apte à supporter des mailles que des plates. Or, il y a parmi ces harnois désassortis un haubergeon de bons anneaux rivetés à l’ancienne… Seulement, il en manque au cœur et à la hanche et je suis sûr que pas un mailleur d’Angleterre ne voudrait, pour moi, ajuster des mailles neuves à celles qui subsistent… Cela prendrait d’ailleurs trop de temps. Un tabard dissimulera ces déchirures qui, s’il les voyait, inciterait mon adversaire à vouloir m’estoquer sans trêve en ces endroits.
    — Dois-je vous l’avouer, mon oncle ? Je vous retrouve avec plaisir tel que vous étiez quand vous aviez sept ans de moins !
    — Si Dieu, pour ce dimanche, me prêtait cinquante ans, je me sentirais de taille à vaincre deux Goddons à la fois !
    — Contente-toi d’un seul, ami ! fit Barbeyrac. Ogier l’approuva, le cœur pincé.
     
    *
     
    Ils s’empressèrent d’examiner les pièces une à une. Ils les confrontèrent, dissertant sur leurs qualités et les plaçant soigneusement devant les endroits du corps pour lesquels on les avait forgées. Les échanges, alors, devinrent incessants :
    — Ces brassières, Ogier, ne me conviennent pas. Les veux-tu ?
    — Non, Étienne, j’ai les bras plus longs… Mais regarde cette cuirasse !
    — Elle semble à ta mesure.
    — Elle y est, mon oncle, mais la dossière en est absente.
    — N’est-ce pas celle-ci que j’allais rejeter ?
    — Non… Tu vois bien que les boucles et les courroies ne se marient pas ensemble.
    — Ce bassinet me va : je le garde.
    — Moi, mon neveu, je prends celui-là.
    — Ce gros !
    — Je le supporterai sur mes épaules. Ne te souviens-tu pas que dans mon armerie, j’en avais un tout pareil, sauf qu’il était entretenu ?
    — Heureusement, Guillaume, qu’il est loin d’être midi et qu’ils nous accordent le temps de nous apprêter… Je voudrais voir aux barrières tous nos compagnons d’infortune.
    Il y eut un silence bref lors duquel, immobiles et consternés, Guillaume et Barbeyrac semblèrent plongés dans leurs souvenirs communs. Le vétéran se ressaisit le premier :
    — Ce sont nos compagnons que nous allons venger… Ils se sentiront fiers de notre victoire… Et puis quoi ? Je leur ai laissé la lime. Je suis sûr que certains s’enfuiront.
    — Puissent-ils réussir mieux que nous, dit Barbeyrac.
    Sa joie et sa fureur semblaient s’être amollies. Ogier soupesa le haubergeon choisi par son oncle ; les mailles lui en parurent singulièrement pesantes. Un doute le blessa : jamais Guillaume ne soutiendrait un long combat avec ce fardeau sur le corps. À la pénible sensation d’impuissance qui le hantait, vint s’ajouter la certitude affreuse qu’il périrait.
    — Aidez-moi, les gars, à essayer ces mailles.
    Ogier et Barbeyrac levèrent à bout de bras, ensemble, la défense de fer. Guillaume y introduisit sa tête en même temps que ses bras. Quand il en fut couvert, il fit quelques mouvements d’attaque et parut satisfait :
    — Il va voir…
    Il n’avait pas choisi

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