Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
Vom Netzwerk:
cardinal.
    Il était les yeux et les jambes de l'impotent. Leurs esprits our-dissaient et comprenaient à l'unisson. Pourtant Mazarini, qui connaissait maintenant bien des secrets d'Etat et úuvrait en grand travailleur pour cet Etat, ne souhaitait pas, lui, la mort du " vieux satrape ", comme l'appelait toute la tribu princière des Condé. Il admirait sincèrement le Cardinal-Duc. Sans lequel il ne serait rien que ce qu'il était en naissant : rien.
    C'est avec lui que Richelieu riait les rares fois o˘ il riait. Le nommant Monsignore Colmardo, besogneuse adaptation de
    " coupe-chou " en mauvais italien. qu'importent les mauvais jeux de mots !
    Louis XILI avait Cinq-Mars, Richelieu avait Mazarin, pour d'autres buts et d'une tout autre ampleur. Le teint de l'Italien, son éclatante santé, la hardiesse de son maintien rappelaient à
    l'Eminence un autre ambitieux venu non d'Italie mais des terres de l'Ouest et qui, attaché à Marie de Médicis, Reine régente mère de Roi, était parvenu (il accepta mentalement le mot) aux plus hautes fonctions, aux plus grandes richesses, au pouvoir le plus absolu. Ce pouvoir absolu qu'il avait réussi à imposer au Parlement grincheux, protestataire surtout par la bouche d'Orner Talon, redoutable discoureur en bonnet et en hermine, mais qui avait plié, ou à Paul Scarron l'Apôtre, assommant de pieuses citations et vitupérant des vérités, qu'il avait exilé.
    La monarchie française était désormais absolument absolue, absolument de droit divin, et le Principal Ministre était l'outil absolu de ce pouvoir et son principal usager.
    Mazarini était de la trempe du petit Armand du Plessis devenu le grand Richelieu. Il n'était plus question de l'envier, pour sa plus grande jeunesse et sa meilleure santé, mais de l'instruire, ce faquin apprenait vite, et de s'en servir.
    De plus, ce diable d'homme plaisait. Souriant, sirupeux à souhait avec l'accent chantant de ses Abbruzes, le poil dru luisant bouclé. Mais attention de ne pas le confondre avec un bichon ou un Cinq-Mars, il n'avait rien d'un animal de compagnie. Il était né pour la chasse, la traque, le traquenard. Richelieu en raffolait au point d'avoir commis un impair.
    Il y avait deux ans de cela, l'ayant tiré d'Italie après un glorieux épisode o˘, capitaine dans la garde pontificale, Mazarini avait galopé entre les rangs espagnols et français, mousquets prêts à
    tirer, et défiant les balles de plomb qui allaient dans la seconde jaillir des bouches à feu, il avait surgi donc entre les deux armées, secouant son chapeau à plumet blanc et criant " Pace, Pace ", puis brandissant une bulle de Sa Sainteté du bout de ses gants de daim taillés à la mesure de ses belles mains. Du courage physique donc.
    Et ce jour-là, à Casais, on ne s'était pas étripé. Bien. Mais présentant alors ce héros à la Cour, Richelieu n'avait pu s'empêcher un mot moutarde, déclarant à la Reine, et ce devant le Roi, pour leur annoncer la future présentation de l'éminent Italien :
    - Vous verrez, Madame, il vous plaira, il ressemble au duc de Buckhingham.
    Il faut éviter de gifler une Reine. Même quand le Roi ne l'aime pas. Anne ne rougit ni ne p‚lit, elle avait toisé le Principal Ministre, son principal ennemi, avait rameuté en elle tout ce que sa naissance avait de grandeur, le feu de l'infante, la glace de descendante des Empereurs, contemplant du haut de ses deux tours de Habsbourg le nobliau français monté en graine, méprisant en cet instant le pouvoir conquis, méprisant par là même cette sortie indigne de lui, et qui l'était encore plus de la toucher elle, et elle avait à peine accordé un regard impoli au fringant cavalier mi-soldat mi-abbé que le Cardinal poussait devant lui.
    Son Eminence avait admiré cette véritable attitude d'altesse, vainquant il le savait la peur qu'il lui inspirait pour, au nom de l'honneur, le ramener à sa petitesse. Cette femme sublime, qui fut d'une beauté sublime et qui le troubla tant, en imposa ce jour-là
    à Richelieu, ébahi, ébaubi. Louis, lui, s'était renfrogné.
    Un bon mot sans doute mais une belle sottise ! Et une vilaine action. Il en aurait eu honte encore aujourd'hui si la honte n'était une perte de temps.
    Richelieu fit appeler l'Italien qu'il savait au travail dans le cabinet mitoyen.
    - Laissez ces papiers, Signore Colmardo.
    Son Eminence était donc d'excellente humeur. Mazarini obéit.
    - qu'était-ce au fait ?
    - Les rapports de Chavigny et de Mme de

Weitere Kostenlose Bücher