Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
Vom Netzwerk:
bain qui n'était pas si répandu en le royaume, d'o˘
    certains effluves à la Cour qui fronçaient son joli nez. Car le nez était joli.
    La Reine se baignait comme on le faisait chez son père le roi Felipe. Marie comme elle le faisait en son enfance dans les rus, lacs et rivières d'Auvergne. Un peu sauvageonne noiraude de cheveux, un peu nymphe p‚le de peau avec ce bleu profond des yeux.
    Et une sévère éducation religieuse lui venant de sa mère et à
    laquelle applaudissait son père. Chez les La Rochefoucauld, tous n'étaient pas libertins, comme le charmant cousin. Elle sourit au nouveau broc d'eau chaude que versait Madelon.
    - quelle heure est-il, ma bonne Madelon ?
    - Huit heures sonnées, Madame. Vous souriez, Madame, en rêvant je crois.
    - Un souvenir de jeunesse, ma bonne.
    - J'en ai aussi parfois qui surgissent sans prévenir.
    - Je l'espère bien, Dieu nous a faits tous égaux pour les bonheurs passés.
    - Et pour les présents...
    Ce fut Madelon, quarante ans, qui, là, sourit...
    - Le vicaire, Madelon ?
    - Oui, Madame. C'est grand péché !
    - Pour lui, Madelon, pour lui... que ne se fait-il protestant, il pourrait vous épouser !
    - Oh, Madame, vous si pieuse, dire cela !
    - Mon ami M. Renaudot est protestant, il n'en est pas moins homme d'esprit et de moralité. Un peu trop même. Et certains Grands, ducs, pairs ou b‚tards du sang du feu roi Henri restent au chaud dans leur humeur hérétique... qu'importe, Madelon, à Dieu la manière dont on l'honore et le sert !

    - Madame, vous défendez ces Messieurs de la religion, ces hérétiques...
    - Au moins ont-ils une religion. Et un Dieu tout semblable au nôtre. Si vous aimez tant les vicaires, ma bonne, prenez-en un huguenot !
    - C'est celui-ci qui me plaît !
    - Je sais ce que c'est, ma Madelon, je sais ce que c'est.
    La marquise rit :
    - Il est temps de sortir de notre trempette et de vérifier notre état.
    - Madame rajeunit et toutes et tous en sommes bien aises. Le capitaine-comte est fort courtois, galant, élégant et... généreux.
    - Et délicieusement vieux ! Il montre la courtoisie de l'être plus que moi ! quelle chance j'ai encore là ! Madelon, le miroir, les chandelles, nous passons l'examen. D'abord débarrassez-moi de cette chemise, séchez-moi et admirons-nous en coquette ! Ce qui, ma chère bonne, est tout autant pécher que de s'abandonner à un vicaire... Me servirez-vous encore en Enfer, chère Madelon ?
    Je ne saurais m'y passer de vos services !
    - Nous irons en Paradis, Madame, nous n'avons fait qu'ai-mer ! Madeleine, ma patronne, n'eut point une vie de pucelle...
    - Vous êtes fine théologienne. D'une très aimable théologie, que ne contredit en rien l'action de Nôtre-Seigneur Jésus sur terre.
    Il sauva Madeleine, qui fut catin et nous demeure sainte, et la vie d'une veuve adultère, ce que je suis à cette heure. Elle me plaît, votre théologie. Mais avant l'Enfer, nous retournerons à la Cour !
    Je vous y ramènerai comme promis !
    - Il faudra mort d'homme pour cela ! Plus que d'homme, d'un prince de l'Eglise et d'un Roi !
    - Leur retour à Dieu !
    - On peut le voir ainsi, Madame.
    - C'est cela le bénéfice d'une ‚me pieuse, elle ne souhaite jamais la mort d'un ennemi... Et prie pour lui lorsque Dieu le rappelle en Son Royaume, et se réjouit de son éternelle félicité.
    Mais, Madelon, il me faut passer l'examen car le temps galope...
    et quelqu'un d'autre aussi !
    - Madame est si belle !
    Tsst ! Il est des dég‚ts, on le sait.
    Madelon apporta une large bergère devant une psyché dorée, alluma les chandeliers.
    - Assieds-toi là, Madelon. Et traquons le défaut.
    La marquise se contemplait dans la psyché. Un moment de tristesse et aussi de complaisance teintée du mauve de la morosité.
    Le front était haut mais non ridé. Les griffes aux coins des yeux, de la bouche ? Bah, il suffisait de sourire à peine, une simple esquisse ; le cou ? Deux fanons très doux.
    - Madelon, donne-moi mon ruban de velours noir orné d'un camée.
    Les épaules étaient bien, droites et arrondies, les robes d˚ment choisies les rehaussaient.

    - Il faudra les poudrer, mademoiselle Madeleine. Ainsi que les seins !
    - Des seins de jeune fille, Madame, toutes vous les envient !
    - Ils ne sont pas mal car ils ont su, les prudents, rester petits.
    Savez-vous, Madeleine, qu'ils ont attiré l'úil du plus bel homme de la Cour, du plus jeune, du plus... grand ?
    - M. de Cinq-Mars ?
    - Il les a salués d'un sourire.
    - Le

Weitere Kostenlose Bücher