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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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dicta son testament à
    Giulio Mazarini. Si le Roi admettait sa mort, il n'y avait plus à
    tarder. Mais sa litière désormais descendit le long du Rhône avec une compagnie sur chaque rive.
    Il relut un mot de la Reine : " Me séparer de mes enfants dans la tendresse de leur ‚ge m'a fait douleur si grande que je n'ai pas assez de force pour y résister. " IL appela Chavigny, il écrirait à la Reine et au Roi.
    Il sourit. Richelieu adorait faire rougir Chavigny, lui rappelant qu'il était quelque peu neveu de Ravaillac.
    - Et pas d'arme blanche devant un Roi ; abandonnez tout esprit de famille !
    Un rien vous amuse quand on sait qu'on va crever.
    L'annonce de l'écriture du testament fit ouvrir bien des bou-teilles à la table de Cinq-Mars et tira un rare sourire au Roi. On supputa la mort du " cousin " dans la semaine. Jamais il n'attein-drait le Roussillon.
    " Fontrailles, mon ami, tu as fui bien inutilement ! " songeait Cinq-Mars, ne remarquant pas comment le regardait désormais Louis le Renfrogné.
    Deux jours après, Richelieu entrait dans Narbonne. Sur son bras apparut un nouvel abcès. On charcuta, il hurla pendant deux heures, bava, vomit, chia sous lui. Le lendemain l'Eminence était debout, du moins l'esprit alerte, commanda tout de son lit. Et dicta une lettre.
    " Si Dieu me rappelle, Votre Majesté mesurera la perte qu'elle aura de moi. Si Votre Majesté h‚te le bras de Dieu, elle perdra tout crédit en la confiance des peuples en sa sainte personne. "
    Le neveu de Ravaillac la porta au Roi, accompagnée d'un autre dossier. Et l'Eminence décida que ses médecins jugeaient le climat de Narbonne, si proche de Perpignan, pernicieux à sa santé. Elle ordonna à la lourde et lente litière de se diriger vers Tarascon, une vraie forteresse.
    Une lettre royale la rattrapa à Saint-Privas.
    " quelque bruit qu'on fasse courir, je vous aime plus que jamais. Il y a trop longtemps que nous travaillons ensemble pour ne jamais être séparés. " La signature était tremblante (fatigue ou rage ? se demanda l'Eminence) mais affirmait avec force : Louis.
    Le point sur le " i " semblait coup de poing sur une table.
    Le Roi regardait son favori avec haine mêlée de désir.
    Il venait d'apprendre que Cinq-Mars avait répondu à une question concernant sa santé : " Il traîne et nous ennuie. "
    - Il y a six mois que je le vomis ! Et voilà qu'il souhaite que je sois mort.
    Chavigny, messager, était tout ouÔe.
    Richelieu aussi lisait son courrier devant Comminges, neveu de Guitaut, qui lui servait une nouvelle lettre de la Reine. Elle s'y disait " fermement décidée à être de son parti, sachant bien que Son Eminence sera elle aussi de son côté et ne l'abandonnera point ". Ni elle ni le Dauphin.
    La paix était scellée.
    Le 12 juin le Roi avait lu la lettre du Cardinal et les feuillets joints ; il hurla, tempêta, accusa Richelieu de mensonge. Puis le chagrin, le dégo˚t prirent la place de la révolte. Il regardait Chavigny porteur du lourd pli de quarante feuillets adressé par le Cardinal.
    - Il faut que je rencontre Son Eminence. Courez l'en avertir, o˘ qu'il soit.
    Un orage éclata sur Perpignan, apportant un peu d'eau aux assiégés mais amenant le Roi à éternuer, moucher, s'enfiévrer. Et c'est dans les orages que Louis savait agir. Il confia l'armée au jeune duc d'Enghien, fils de son cousin Condé, et depuis peu neveu par alliance du Cardinal.
    - N'entreprenez rien d'aventureux. Laissez-les crever de faim, ils se rendront.
    La galanterie du siège prenait une autre tournure.
    - N'y aurait-il point, Sire, un coup d'épée à donner ?
    Le jeune Condé, prince du sang, encore enfant à ses dix-neuf ans, ne pensait pas à la garnison espagnole mais à quelqu'un dans les rangs français.
    Louis le comprit.
    - Non, mon jeune cousin. Pas encore ! Et si c'est ce que je crois, l'épée est trop bonne pour ce bestiau-là. La hache du boucher seule lui conviendrait.
    Louis retourna sous la tente royale, après une dernière inspection du camp.
    Il s'assit à sa table de campagne, songea, griffonna, déchira, reprit.
    Cinq-Mars soupait à l'auberge des Trois Nourrices o˘ la chère était la meilleure à Béziers. Il sortit dans la cour pour pisser le vin ingurgité. Un homme en cape noire lui remit un message : " On en veut à votre personne. "
    Il en reconnut l'écriture quoique tremblée. Ainsi Fontrailles...
    avait raison. Il demanda son cheval, laissa ses commensaux et trouva refuge chez une dame de

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