Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
Vom Netzwerk:
airs,
l’arrachant à la rive herbeuse. Furieux, Andrew se débattit de toutes ses
forces pour échapper à la poigne qui l’emprisonnait.
    –  Bonté
divine, soupira Cassandra Ward, depuis que cet enfant sait marcher il ne tient
plus en place. Il a à peine un an mais il faut constamment le tenir à
l’œil !
    Sans
prêter attention aux piaillements indignés de son fils, la jeune femme regagna
l’attelage qui stationnait à proximité et confia l’enfant aux mains de sa
gouvernante, Miss Meredith Lennox, une robuste Ecossaise vêtue d’une austère
robe de crêpe noir.
    –  Surveillez-le bien, je
n’en ai pas pour longtemps.
    –  Oui, madame, acquiesça
sobrement Miss Lennox.
    Cassandra
se dirigea vers la masse grise qui intriguait tant Andrew, et qui se révélait
être l’asile de Reinfield, institution aussi coûteuse que sinistre dans
laquelle sa sœur Angelia était enfermée depuis bientôt deux ans. Deux ans au
cours desquels Cassandra s’était astreinte à lui rendre visite chaque semaine.
Angelia était sa croix, son péché, mais également le seul lien qui la
rattachait à un passé fragmentaire. Même si elle l’avait voulu, elle n’aurait
pu briser la chaîne qui les unissait. Cassandra avait toutefois cessé de venir
à l’asile quand sa grossesse était devenue trop visible. Angelia ignorait
l’existence de son neveu, et Cassandra entendait qu’il en reste ainsi ;
elle ne pouvait être certaine que les instincts sanguinaires de sa sœur soient
définitivement éteints. Cette interruption momentanée de ses visites n’avait du
reste pas perturbé Angelia outre mesure.
    Cassandra
soupira de nouveau tandis que son regard englobait la triste bâtisse aux murs
épais et aux fenêtres étroites occultées par des barreaux. L’endroit tenait
plus de la prison que de l’établissement de soins ; entre la folie et le
crime, la frontière était mince aux yeux de la société. Presque inconsciemment,
la jeune femme ralentit l’allure en approchant de la porte ferrée de l’asile.
    Elle
n’avait jamais pu s’affranchir du sentiment de malaise que lui inspirait ce
lieu, réceptacle de tant de souffrances et de drames cachés. Mais tout en
doutant fort que l’état mental d’Angelia puisse s’y améliorer, elle ne tenait
aucunement à la voir sortir un jour de cette geôle. Cassandra en éprouvait de
la culpabilité, mais elle avait appris à s’arranger avec sa conscience pour le
bien de tous.
    Arrivée
devant la porte, comme pour retarder le moment fatidique où elle devrait
signaler sa présence au personnel de l’asile, elle se retourna vers le fiacre.
Miss Lennox, qui tenait toujours Andrew dans ses bras, avait fort à faire pour
ne pas le lâcher tant il s’agitait. Pour l’heure, il paraissait avoir renoncé à
galoper dans l’herbe pour se concentrer sur le cheval le plus proche, un alezan
dont il essayait d’agripper la crinière sous le regard amusé du cocher perché
sur son siège. Cassandra ébaucha un sourire avant de secouer la tête. Elle
devait se hâter, car elle était attendue chez Julian Kingsley, vicomte
d’Ashcroft, dans la soirée.
    Lord
Ashcroft, qui venait de rentrer d’un voyage de plusieurs mois à l’étranger avec
Gabriel et sa fille Laura, l’avait conviée à passer quelques semaines à Lynton
Hall, la résidence qu’il possédait dans le Devonshire. Cassandra avait accepté
cette invitation avec empressement ; elle se réjouissait d’avance de
revoir Julian, son ami le plus cher, mais également Gabriel pour qui elle avait
toujours éprouvé, en dépit de son passé trouble, une réelle affection. Avant de
les rejoindre toutefois, elle devait prendre congé de sa sœur.
    Cassandra
inspira profondément et fit jouer le marteau sur le métal de la porte. Une
petite rousse à l’aspect robuste et au teint crayeux, portant coiffe et
tablier, vint lui ouvrir. Cassandra étant une habituée des lieux, elles
n’échangèrent pas un mot. L’infirmière se contenta de lui adresser un bref
hochement de tête avant de la guider vers l’arrière du bâtiment. Toujours le
même dédale de couloirs gris. Toujours ces murs nus et froids contre lesquels
se répercutaient les cris et les sanglots des malades. Toujours ces appliques
en cuivre dont la flamme était protégée par une cage de fer. Toujours ces
fenêtres grillagées. Rien ne changeait, ni le lieu ni son atmosphère
oppressante.
    Mal
à l’aise, Cassandra se força à reporter son

Weitere Kostenlose Bücher