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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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se surprenait lui-même. Son travail lui
demandait une attention de tous les instants, et cela constituait pour lui,
dont l’esprit avait tendance à dériver si facilement, une véritable prouesse.
Il lui semblait en outre que cette existence routinière, en le plongeant dans
un état d’abrutissement et de fatigue permanent, cicatrisait ses blessures.
Surtout, il n’avait plus le temps de penser à Julian.
    Ces avantages lui permettaient de supporter sans
broncher les brimades de Wilmore, qui n’aimait rien tant qu’exercer son pouvoir
sur les commis, de même que sa solitude au sein de la banque. Car Gabriel ne
parvenait pas à se lier aux autres employés. En raison peut-être de son
apparence physique ou de son caractère réservé, on ne venait pas vers lui, et
il était beaucoup trop timide pour faire le premier pas. Cependant, il
s’estimait malgré tout satisfait de son sort.
    Bien sûr, Gabriel ne travaillait pas encore
aussi vite et aussi bien que ses collègues plus expérimentés, et parfois, comme
aujourd’hui, il devait rester après la fermeture de la banque pour achever sa
tâche. La nuit était tombée depuis longtemps sur les rues de Londres quand
Wilmore vint le chercher. Il était surprenant qu’un visiteur se présente si
tard pour accéder à son coffre, et encore plus que le directeur satisfasse sa
demande. Gabriel en déduisit que le client en question devait être une personne
d’importance.
    Il le découvrit dans le hall du bâtiment, plongé
en grande conversation avec Mr. Greenwald, le successeur de Charles Werner à la
tête de la banque Russell. Les deux hommes parlaient bas, et Gabriel ne put
distinguer leurs propos. Le visiteur, cheveux d’un roux flamboyant et traits
émaciés, paraissait inquiet ; il ne cessait de balancer d’avant en arrière
sa canne à pommeau biseauté, tandis que son autre main jouait nerveusement avec
la fourrure du col de sa longue redingote noire.
    Mr. Greenwald interrompit sa conversation avec
le client en apercevant Gabriel.
    –  Monsieur, souhaite
déposer un objet dans son coffre, annonça-t-il de sa voix chevrotante. Prenez
une lampe et suivez-nous.
    Le client ne jeta pas un regard à Gabriel. Il
emboîta le pas au directeur qui remontait le couloir menant à la salle des
coffres, les clés à la main.
    Alignés sur des centaines de rangées et occupant
toute la surface des murs, les coffrets métalliques luisaient dans la pénombre.
Sur une indication du directeur, Gabriel sortit celui du client de sa place et
le posa sur la table en chêne qui occupait le centre de la salle. Il
s’apprêtait à quitter la pièce à la suite de Greenwald quand l’homme sortit un
minuscule objet brillant de la poche de son habit et le jeta sur la table comme
s’il lui brûlait les doigts. Une chevalière. Gabriel ne la vit qu’une fraction
de seconde mais ce fut suffisant pour la reconnaître. Lorsqu’ils avaient évoqué l’Astrum avec Jeremy et
Victoria, Megan leur avait montré une bague, facilement reconnaissable à son
rubis serti d’un ouroboros d’or, qui était la copie conforme de celle de
l’inconnu. Et d’après elle, cette bague était liée aux meurtres de la Dame
Noire, comme le prouvait le dragon caché sous le chaton.
    L’homme mit la chevalière à l’abri et ressortit
de la pièce. Pendant que Gabriel remettait le coffre à sa place, il échangea
quelques mots à voix basse avec le directeur. Sa tâche accomplie, Gabriel
s’éloignait pour rejoindre la salle des commis quand une phrase prononcée par
Greenwald le retint :
    –  Nous serons plus à
l’aise pour discuter dans mon bureau, suivez-moi.
    Gabriel tressaillit. Les murs et la porte du
bureau étaient trop épais pour espérer surprendre leur conversation, mais le
jeune homme savait pour y être déjà venu qu’il existait un passage secret aménagé autrefois
par Charles Werner dans les boiseries de la pièce. Ce passage menait à un
réseau de galeries et de salles souterraines débouchant sur la Tamise, qui
avait servi plusieurs années durant de centre névralgique aux activités
illégales du défunt Cercle du Phénix.
    Sans plus réfléchir, Gabriel se fondit dans les
ombres de la banque et gagna le bureau à l’étage, aussi rapide et silencieux
qu’à l’époque de ses crimes. La porte n’était pas verrouillée ; il se
glissa dans la pièce, contourna le monumental bureau d’acajou à cylindre et fit
jouer l’insoupçonnable mécanisme dissimulé

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