Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

pour elle cette quête. Il hésita encore,
puis reprit sa marche.
    Enfin,
il vit poindre au-dessus de lui de minces rais de lumière.
    Il tendit les bras et poussa de toutes ses
forces sur la dalle de pierre qui obstruait la sortie. Elle bougea suffisamment
pour qu’il puisse se hisser à l’air libre. Désorienté après son long séjour
dans le noir, Julian cligna des yeux en pivotant lentement sur lui-même. Il se
trouvait dans le temple de l’île, près de l’entrée. Julian s’agenouilla près du
trou et attendit, frémissant de crainte, que son amie surgisse à son tour. Et
si elle ne réapparaissait pas ? Un frisson le parcourut, et il fut sur le
point de redescendre dans le passage. Ce fut ce moment que choisit Cassandra
pour regagner le monde des vivants. Soulagé, Julian l’aida à se hisser sur le
sol du temple.
    –  Eh
bien, interrogea-t-elle aussitôt, le tableau est-il là ?
    Julian se releva et scruta l’intérieur du
temple. Dans le torse de
la statue de Jupiter, une cache s’était ouverte, dévoilant la toile de Bosch
qui représentait un vieillard assis sous la spirale d’un escalier. Cassandra
s’en saisit, sourire aux lèvres.
    –  Vous voyez, Julian, nous
sommes venus à bout de cette épreuve sans difficulté.
    –  Ce n’était pas aussi
facile que cela en avait l’air, protesta-t-il, un peu vexé par la désinvolture
de la jeune femme.
    Ce fut alors que Cassandra l’entendit. Un très
léger déclic derrière eux. Le chien d’un pistolet qu’on armait.
    –  Julian, attention !
hurla-t-elle en le poussant sans ménagement.
    Son cri se perdit sous la haute voûte du temple,
noyé dans la détonation d’un coup de feu tiré à proximité. Dans un nuage de
poussière blanche, la balle se ficha dans le mur à l’endroit précis où Julian
et Cassandra se tenaient une seconde plus tôt.
    Le dos courbé, ils se précipitèrent vers le mur
du fond, dans l’ombre du temple, pour se réfugier chacun derrière une colonne.
    –  Qui
est-ce ? souffla Julian lorsqu’ils furent à l’abri.
    Cassandra
jeta un bref coup d’œil vers l’entrée et aperçut plusieurs
hommes, pistolets au poing.
    –  Je
l’ignore, mais ils sont au moins cinq, chuchota-t-elle.
    Un
nouveau coup de feu déchira l’air et des débris de statue s’abattirent
en pluie sur eux. Cassandra engloba la salle du regard, cherchant un passage
par lequel Julian et elle pourraient fuir, mais leurs assaillants bloquaient la
seule issue.
    Un bruit de pas précipités se fit entendre tout
près. Cassandra sortit son revolver, espérant qu’il fonctionnait toujours après
son séjour dans l’eau, et Julian l’imita. Sa cape noire volant derrière lui, un
homme traversait la salle en courant pour essayer de les déborder. Cassandra
attendit qu’il se trouve dans sa ligne de mire et tira. L’inconnu s’effondra
sur le dallage avec un gémissement. En représailles, une salve de tirs éclata,
faisant voler en morceaux l’une après l’autre les statues de divinités autour
de la salle. Des balles ricochèrent en sifflant contre les colonnes derrière
lesquelles s’abritaient Cassandra et Julian, et ils se recroquevillèrent
davantage encore en échangeant un regard incertain.
    De nouveau, des hommes tentèrent de les
déborder. Julian se redressa et son arme crépita à deux reprises, mais les
balles s’écrasèrent contre la muraille. Cassandra n’eut pas plus de
chance : son coup de feu ne fit que déchiqueter une cape. Avant qu’ils aient
eu le temps de recharger leurs pistolets, les silhouettes noires surgirent à
leurs côtés. L’une d’elles leva le bras et frappa de sa crosse Julian qui
s’écroula.
    –  Julian !
    Cassandra voulut s’élancer vers lui, mais on la
retint par le bras et elle fut projetée contre le mur.
    Serrant toujours le tableau contre elle, la
jeune femme se retrouva encerclée par quatre hommes aux traits dissimulés par
des masques d’argent. Une main gantée se tendit vers elle pour s’emparer du
tableau et elle eut un geste de recul.
    Tout à coup, elle décela du coin de l’œil un
mouvement anormal. Une ombre glissa dans le dos des hommes masqués, si rapide
et silencieuse qu’ils ne se rendirent pas compte de sa présence. En à peine
quelques fractions de secondes, ils s’effondrèrent, frappés à mort.
    Une silhouette se dressa au-dessus de Cassandra,
un long poignard à la main. Fait singulier, son sauveur était asiatique. Il lui
semblait