Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
dragon sur nos
bagues est le même que celui représenté sur les lieux des meurtres de la Dame
Noire. Ce sont les membres de notre coterie qui sont assassinés un à un !
Sa voix grimpait dans les aigus tandis que ses
mains se crispaient convulsivement sur les pans de sa redingote.
– Il est inutile de vous
alarmer ainsi, déclara froidement William.
Sir Francis le fixa avec acuité. William soutint
son regard sans ciller.
– Même si je ne connais
pas l’identité des autres membres de l’Astrum, je suis persuadé que ce sont eux qui…
Il
s’interrompit soudain, les yeux agrandis par l’horreur.
– Vous le saviez, n’est-ce
pas ? Vous saviez que cela se terminerait ainsi pour nous tous ?
– Vous divaguez, Francis,
et vos élucubrations me lassent. Je vous prierais de partir, à présent.
– Vous saviez, vous
saviez, psalmodia Abernathy, ses traits pointus déformés par la terreur. L’Astrum comporte douze membres, la Dame Noire va donc encore frapper deux fois. À moins
que vous, son chef, ne soyez aussi menacé ?
L’air égaré, il parcourait la pièce en tous
sens, incapable de rester en place.
– Nous serons après-demain
le dix novembre, suis-je la prochaine victime ? Mon tour est-il
venu ? Je ne veux pas mourir ainsi ! cria-t-il brusquement. Je ne
suis pas responsable de ce qui s’est passé il y a des siècles !
Toujours impassible, William s’approcha de lui
et posa sa main fine sur son bras. Il avait une poigne très ferme, et on eût
dit que sa peau soignée recouvrait en réalité de l’acier.
– Il suffit, Francis, vous
perdez le sens commun. Rentrez chez vous et prenez du repos, vous semblez en
avoir grand besoin.
Abernathy se dégagea brutalement, comme si le
contact de la main de William l’avait brûlé à travers sa manche.
– Je ne partirai pas avant
que vous m’ayez assuré de votre aide. Vous seul pouvez me protéger de la
malédiction.
– Je vous ai déjà apporté
la richesse et le pouvoir, n’est-ce pas suffisant ?
– J’ignorais alors que je
devrais les payer de ma vie ! Je ne suis pas votre pantin, lord Carwyn,
vous ne pouvez me manipuler à votre guise !
William
le dévisagea avec mépris.
– Les gens qui me servent n’ont
plus de volonté, Francis, vous devriez le savoir.
L’expression
de sir Francis se fit rusée.
– J’ai dissimulé ma bague
en lieu sûr. Si c’est elle que le meurtrier veut, eh bien il ne l’aura pas. Je
ne compte pas me laisser assassiner sans réagir ! Pour la dernière fois,
lord Carwyn, m’aiderez-vous ?
William
demeura silencieux.
– Parfait, grinça sir
Francis. Dans ce cas, je me tirerai seul d’affaire.
Il rajusta sa redingote d’un geste sec et quitta
la pièce en balançant furieusement sa canne.
– Il a caché sa bague,
railla William une fois qu’il fut seul. Le pauvre fou pense-t-il par ce moyen
dérisoire se préserver des foudres d’Isis ?
Derrière lui, une silhouette de femme s’encadra
dans l’embrasure de la porte.
– Cet
homme va-t-il vraiment mourir ? demanda Aerith.
– Oh, cela ne fait aucun
doute, fit William avec un haussement d’épaules désinvolte, et je ne peux
strictement rien y faire. Il n’en réchappera pas, mais que cela ne gâche pas
notre soirée, ma chère, ajouta-t-il avec un sourire.
XI
La matinée du dix novembre touchait à sa fin
lorsque Clayton Blake arriva à l’orphelinat de Hanbury Street.
Jeremy, qui le guettait sur le pas de la porte,
courut à sa rencontre.
– Te
voilà enfin, cela fait des heures que nous t’attendons !
– Je n’ai pas pu me libérer
plus tôt. J’espère que tu ne me déranges pas pour rien cette fois.
– Oh non, tu ne
regretteras pas de t’être déplacé, assura Jeremy en l’introduisant dans la
maison.
Ils gagnèrent le salon dans lequel se trouvaient
déjà réunis Gabriel, Megan et Victoria. Assis devant la cheminée, ceux-ci leur
tournaient le dos. Clayton s’immobilisa sur le seuil et jeta à Megan un regard
irrité avant de se concentrer sur Gabriel. Il l’observa longtemps, les sourcils
froncés, puis entraîna Jeremy dans le couloir, à l’abri des oreilles
indiscrètes.
– Je n’ai pas eu
l’occasion de te le demander plus tôt, mais qui est ce garçon ?
– Gabriel Dashwood,
répondit le journaliste, un peu surpris par sa mine grave.
– Gabriel Dashwood, répéta
Clayton. Et que fait-il dans la vie ?
– Il travaille dans
Weitere Kostenlose Bücher