Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
bénéficier d’un sursis.
La
journée se passa comme la précédente à explorer le château, en veillant à ne
pas s’éloigner les uns des autres. Que ce fût dans les étages, dans la cour ou
sur les remparts, ils ne virent plus aucun rat. Ils ne virent rien du tout du
reste. Toutes les salles étaient aussi vides que la veille.
Ils
exploraient de nouveau les caves de la forteresse, examinant chaque pouce des
murailles, quand l’attention de Julian fut attirée par un bloc de pierre au ras
du sol. Le dragon qui l’ornait paraissait différent : il ne reflétait pas
la lumière de la même façon que les autres. Et il était tendre… tendre comme
seul l’or pouvait l’être… La respiration de Julian s’accéléra. Les autres
dragons du château étaient constitués de cuivre. Ce dragon en or ne pouvait se
trouver là par hasard.
Mû
par une idée subite, il sortit son poignard et enfonça le bout de la lame entre
la pierre et le dragon. Il tentait de le desceller quand il se figea soudain.
La pierre vacillait.
Julian
retira son poignard et examina le bloc plus attentivement. Rien ne le
distinguait de ses voisins : deux pieds de longueur, un et demi de hauteur
et probablement un de largeur. Julian pesa de tout son poids sur la pierre,
mais bien qu’elle remuât librement, il ne parvint pas à l’écarter du mur. Le
souffle court, il s’interrompit un instant et se frotta les mains l’une contre
l’autre pour les réchauffer ; en dépit des gants épais qui les
protégeaient, elles étaient gelées.
Julian
réitéra ses efforts, en vain : la pierre ne bougea plus d’un pouce. En
désespoir de cause, il se résolut à appeler ses compagnons. Après qu’il leur
eut expliqué sa découverte, Nicholas et Clayton prirent le relais et essayèrent
à leur tour de retirer le bloc. Au début, leurs tentatives ne furent pas
davantage couronnées de succès. Puis, peu à peu, à force d’acharnement, le bloc
de pierre finit par se décaler par rapport aux autres. Lentement, il avançait
en grinçant, tiré par les deux hommes.
Il
fallut une demi-heure à Nicholas, Clayton, Julian et Jeremy pour extraire la
pierre du mur. Quand elle fut totalement sortie, ils la repoussèrent sur le
côté. Megan et Cassandra, qui les avaient observés avec une impatience fébrile,
s’approchèrent de la muraille éventrée. Tous contemplèrent en silence le trou
obscur dont s’échappaient des bouffées d’air fétides.
– Nous devons aller voir
ce qu’il y a derrière le mur, finit par déclarer Julian. L’ouverture est assez
grande pour permettre le passage d’une personne.
C’était
en effet le cas. Néanmoins, sa proposition ne souleva aucun enthousiasme chez
ses compagnons. En vérité, personne n’était pressé de se glisser dans la
noirceur de ce tunnel étroit au bout duquel Dieu seul savait ce qui les
attendait.
Ils
auraient pu rester longtemps ainsi, à contempler l’ouverture d’un air
circonspect, si Nicholas n’avait pris les choses en main.
– J’accepte
de me dévouer à cette tâche peu plaisante, lança-t-il.
Megan lui jeta un regard
anxieux.
– Ce
n’est pas une bonne idée, affirma-t-elle, péremptoire. Quelqu’un d’autre
devrait y aller à votre place… Jeremy par exemple.
Le journaliste bondit.
– Pourquoi moi ?
protesta-t-il.
– Nicholas
manie mieux le pistolet que vous, rétorqua Megan sans se démonter. Il nous est
donc plus utile.
Avant que Jeremy ne
s’étrangle de rage, Cassandra intervint.
– Si
Mr. Ferguson veut y aller, dit-elle froidement, je ne vois aucune raison de
l’en empêcher.
Nicholas
sourit et saisit une lampe. Puis il s’agenouilla et commença à ramper dans
l’ouverture. Bientôt, il disparut de la vue de ses compagnons, et l’on
n’entendit plus dans le couloir que le bruit de sa progression sur le sol
rocailleux.
– Voyez-vous
quelque chose ? lui cria Clayton, penché sur l’entrée du passage.
La
voix de Nicholas leur parvint assourdie, à quelques yards de là :
– Rien pour l’instant.
Précédé
de sa lampe, il poursuivait sa reptation. Des relents de putréfaction le
frappaient parfois en plein visage, et il s’écorchait les coudes et les genoux
à chaque mouvement. Le tunnel bifurqua vers la gauche, et Nicholas en déduisit
qu’il devait s’enfoncer dans le flanc de la montagne. Il n’entendait plus ses
compagnons à présent. Il n’entendait plus rien du tout à dire vrai, hormis le
son
Weitere Kostenlose Bücher