Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
en
faisaient le tour, l’index tendu vers le sol devant elles. Au doigt de douze
des statues brillait la bague désormais familière.
Clayton s’assombrit à ce
spectacle.
– Aerith
avait raison. Les chevalières des victimes de la Dame Noire se trouvent bien
ici, ce qui signifie que le douzième assassinat a eu lieu ce soir.
Cassandra secoua la
tête.
– Vous ne pouviez rien
faire pour l’empêcher.
Tout
en parlant, elle sortit sa propre bague, celle qu’Angelia lui avait fait
parvenir, et la glissa au doigt de l’une des statues restantes. Clayton l’imita
avec celle confisquée à Megan.
Cassandra
avisa ensuite le centre de la pièce. Sur le sol se dessinaient deux cavités,
l’une circulaire, l’autre en forme de croissant. Elle regarda Nicholas.
Celui-ci extirpa le Soleil d’or de son manteau et alla le placer dans le
réceptacle. Cassandra fit de même avec la Lune d’argent.
La respiration
suspendue, ils guettèrent alors la suite. Il y eut un déclic, puis la portion
de sol que les statues pointaient du doigt bascula et un objet noir tout en
longueur monta silencieusement des profondeurs de la salle. Un cercueil de
marbre.
Cassandra
et ses compagnons échangèrent des regards indécis, et pendant une minute
personne ne bougea. Enfin, Clayton s’approcha du cercueil et, après une
dernière hésitation, essaya de soulever le couvercle.
– Il est trop lourd,
haleta-t-il, venez m’aider.
Jeremy et Nicholas
vinrent unir leurs efforts aux siens.
Avec
une infinie lenteur, le couvercle bascula. Alors tous reculèrent d’un pas et
contemplèrent en silence le contenu du cercueil.
À
l’intérieur reposait le corps d’une femme aux yeux clos drapée dans une longue
robe de velours vert, ses cheveux noirs répandus autour de son visage à la
beauté intacte, ses mains pâles jointes sur son ventre.
– C’est
elle… souffla Clayton. La femme que nous avons vue chez sir Francis Abernathy…
– Isis, murmura Julian.
IV
– Isis,
répéta Julian, fasciné. C’est à peine croyable… Son corps est parfaitement
conservé, on dirait qu’elle dort !
Clayton
s’approcha d’Isis, n’hésita qu’une seconde avant de tâter son pouls.
– Elle
est morte, dit-il finalement. Sa peau est glacée et son cœur ne bat plus.
– Elle
m’a pourtant paru bien vivante chez sir Francis, observa Jeremy qui se tenait
prudemment à l’écart du cercueil au cas où il aurait soudain pris l’envie au
cadavre de se lever pour les trucider. Et elle n’a certainement pas commis tous
ces assassinats d’ici…
– Cela n’a aucun sens,
grommela Clayton.
Cassandra
observait la dépouille d’Isis quand elle remarqua que ses mains étaient
croisées sur un livre magnifiquement relié, aux fermaux en argent ouvré et à la
couverture d’émeraude qui se confondait avec la couleur de sa robe. Les
battements de son cœur s’accélérèrent.
– Le Livre d’émeraude…
Très
doucement, elle tenta de le prendre, mais en vain ; il paraissait scellé
au corps d’Isis.
– Vous
y allez avec trop de délicatesse, se moqua Nicholas dans son dos.
Mais lui-même eut beau
s’escrimer, le livre demeura à sa place.
– Laissez-moi
essayer, intervint Clayton qui s’en saisit à son tour.
En
dépit de toute sa force, le livre refusa de bouger d’un pouce. Jeremy tenta
également sa chance, sans plus de succès.
– On dirait qu’il est
coulé dans de la pierre, fulmina-t-il.
Julian enfin s’approcha
et, à la surprise de tous, s’empara du livre sans peine.
– Eh bien, c’était facile,
s’étonna-t-il.
– Pas
du tout, protesta Jeremy, suspicieux. Comment avez-vous réussi cela ?
Julian
ne répondit pas, occupé à feuilleter avec précaution les pages en vélin du
livre. Parvenu à la fin de l’ouvrage, une exclamation désappointée lui échappa.
– Toutes les pages sont
vierges.
– Peut-être
est-il écrit avec une encre invisible, observa Cassandra en le compulsant à sa
suite.
– Ce n’est pas impossible,
en effet…
Julian
n’eut pas le temps d’approfondir sa pensée. Sans que nul ne l’ait vue arriver,
une pâle et fine silhouette vêtue de noir se dressa soudain près du cercueil.
Débauche
de soie et de velours, sa robe somptueuse possédait une coupe typique de la
période Renaissance, avec ses larges manches en entonnoir et son bustier à
encolure carrée. Surtout, les bijoux faisaient partie intégrante de la tenue,
comme il
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