Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

nom…
    –  Dans ce cas, pourquoi
est-il toujours en vie ?
    Cornelia demeura
silencieuse un instant avant de répondre à voix basse :
    –  Son heure viendra aussi.
    Le
ton était si lourd de menaces que Cassandra ne put réprimer un frisson.
    –  Mais
comment s’est-il procuré les bagues des membres originels de l’Astrum  ?
insista-t-elle cependant.
    –  Quelle
importance ? éluda Cornelia. La seule chose qui compte est que leur
signification a été détournée par cet individu sans scrupule.
    Cassandra
n’osa pas insister, mais l’histoire de Cornelia la laissait sceptique. Elle
contenait trop de zones d’ombre pour être convaincante. Tout comme Dolem,
Cornelia ne dévoilait que les pans de vérité qui lui convenaient.
    Vladislav
de son côté contemplait Megan et Nicholas avec intérêt.
    –  Vous
semblez proche de cet homme, chuchota-t-il à l’oreille de la jeune fille.
Ignorez-vous donc sa vraie nature ?
    Megan s’empourpra
violemment.
    –  Il
n’est pas aussi mauvais que tout le monde semble le croire, riposta-t-elle, sur
la défensive. Il m’a sauvé la vie…
    Vlad
s’esclaffa comme s’il venait d’entendre une bonne plaisanterie.
    –  Vous êtes drôle,
hoqueta-t-il, hilarante même.
    Un
concert de hurlements aigus venu des montagnes résonna soudain sous les voûtes
de la salle et interrompit les conversations.
    –  Des loups, déclara
Cornelia. La région en est infestée.
    Jeremy arbora une
expression triomphante.
    –  Que vous
disais-je ? lança-t-il à la cantonade.
    Clayton haussa les
épaules et se tourna vers Cornelia.
    –  Je dois vous arrêter.
    –  C’est terrible,
s’affligea Vlad.
    Il
s’efforça néanmoins de rester joyeux face à une perspective si désolante en
entamant sa deuxième bouteille de chardonnay.
    –  Ne
vous donnez pas cette peine, Mr. Blake, ajouta Cornelia, le coupable des
meurtres est déjà tout trouvé. À l’heure où je vous parle, un dénommé Adolphus
White, prestidigitateur de son état, rédige dans son appartement de
Clerkernwell la confession de ses crimes. Lorsqu’il aura fini, accablé par la
culpabilité et l’horreur de ses actes, il se pendra au plafond de sa chambre.
Quand son corps et sa confession seront découverts, la police enquêtera sur son
compte et découvrira qu’il se trouvait à chaque fois près des lieux des
différents meurtres. Chez lui seront de surcroît retrouvés de nombreux ouvrages
sur l’occultisme, le satanisme et la magie noire, ainsi que la gravure du
dragon, et l’enquête sera résolue.
    –  Personne
ne se laissera abuser par cette mise en scène ! se rebiffa Clayton.
    Cornelia lui adressa un
sourire moqueur.
    –  Je
pense au contraire que Scotland Yard s’empressera d’accréditer ce dénouement
commode.
    Tandis
qu’ils parlaient, une impression de malaise avait pris possession de Cassandra.
Quelque chose n’allait pas.
    Et brusquement, elle
comprit.
    Nicholas avait disparu.
    En
proie à un mauvais pressentiment, Cassandra balaya la salle des yeux, mais il
ne se trouvait nulle part.
    Profitant
de la joute qui opposait Clayton à Cornelia, elle se leva doucement et quitta
la pièce à son tour. Tout au bout du couloir éclairé par des torches, elle
aperçut Nicholas qui obliquait vers la cour. Elle le suivit à distance, se
dissimulant dans les ombres des murailles.
    Nicholas
gravit l’escalier de pierre qui menait aux remparts et s’immobilisa
pratiquement à l’endroit où Cassandra et Clayton s’étaient trouvés la veille.
Puis il brandit la lanterne qu’il tenait à la main et se mit à l’agiter de
gauche à droite et de droite à gauche.
    Le
sang de la jeune femme se glaça dans ses veines : il était en train
d’envoyer des signaux de l’autre côté de la gorge.
    En une fraction de
seconde, Cassandra avait sorti son pistolet.
    –  Posez cette lampe,
ordonna-t-elle.
    Nicholas
se retourna. En la découvrant à quelques pas de lui, arme au poing, un sourire
dont les cicatrices de sa joue droite accentuaient l’ironie déforma son visage.
    –  À
qui envoyiez-vous un signal ? interrogea Cassandra d’une voix dure.
    Elle
jeta un bref coup d’œil par-dessus les créneaux à la gorge obscure. Au-delà, la
route par laquelle ils étaient arrivés déroulait son pâle ruban dans la
pénombre. Tout était calme et silencieux, et elle ne distingua aucun signe de
présence humaine.
    Nicholas
la fixait toujours d’un air narquois, sa lanterne à la