Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
ses
compagnons.
Julian s’avança pour
tenter de la raisonner.
– Vous
n’y pensez pas voyons, c’est beaucoup trop dangereux. Vous risquez de
rencontrer de nouveau des ennemis sur le chemin.
– Je prends le risque. Je
dois parler à Cornelia.
– Enfin,
Cassandra, ne renoncerez-vous donc jamais ? s’écria Julian, exaspéré.
Cette obsession devient ridicule !
– Et
puis, faire demi-tour ne vous avancera à rien, objecta Vlad, puisque vous ne
pourrez atteindre le château. L’accès vous en est interdit à présent.
– C’est ce que nous allons
voir.
Un
claquement de sabots sur le sol durci par le gel les fit se retourner. Le
cheval de l’un des assaillants revenait sur les lieux de la débandade,
peut-être à la recherche de son maître.
– La
chance me favorise, sourit Cassandra en avançant doucement vers la bête,
soucieuse de ne pas l’effaroucher.
Lorsqu’elle
fut tout près du cheval, elle lui flatta l’encolure puis saisit les rênes et
grimpa en selle.
– Vous
n’irez pas seule, lança Clayton, je vous accompagne.
– Je
n’ai pas besoin de vous, rétorqua-t-elle d’un ton sec. Attendez-moi tous ici,
je reviendrai bientôt.
Sans
attendre de réponse, elle fit faire au cheval une volte brusque et partit au
galop.
– Le
Diable emporte les femmes entêtées, jura Clayton. Mais Cassandra était déjà
loin, filant à vive allure sur la route déserte. En apercevant les murailles de
la forteresse, elle mit pied à terre, s’approcha du bord du gouffre et laissa
échapper un gémissement de désespoir.
Le pont qui enjambait le précipice avait
disparu. Le château était désormais inaccessible.
VI
Le
voyage de retour à Londres fut morose. À la lumière des derniers événements,
Jeremy avait renoncé à écrire sur la Dame Noire un article qui aurait certes
été sensationnel mais l’aurait aussi sans nul doute fait interner. Blanche et
les lèvres serrées, Megan n’avait pratiquement pas prononcé un mot depuis leur
départ du château. Cassandra avait tenté de lui parler à plusieurs reprises,
mais s’était heurtée chaque fois à un silence lourd de rancune. Elle-même était
effondrée suite à la perte du Livre d’émeraude, perte qui sonnait le glas de
ses espérances en délivrant Aerith de la promesse qu’elle lui avait faite…
Quant à Clayton, il enrageait positivement. À Bistrita, où ils avaient été
accueillis avec force signes de croix et regards écarquillés, un télégramme du
commissaire Lamb l’attendait à l’hôtel, confirmant ce que leur avait appris
Cornelia, à savoir que le responsable des meurtres de la Dame Noire s’était suicidé
après avoir avoué ses crimes et qu’en conséquence l’enquête était sur le point
d’être close. Clayton avait roulé le télégramme en boule dans son poing avec
fureur, mais il était arrivé au bout du chemin : il n’y avait rien qu’il
pouvait faire de plus.
Seul
Julian ne s’estimait pas mécontent du tour qu’avait pris leur aventure. Jamais
il n’avait accepté l’idée que Cassandra coopère avec Aerith et l’aide à
parvenir à ses fins ; en disparaissant, le Livre d’émeraude l’avait libéré
d’un poids. Mais un autre problème le tourmentait désormais avec acuité :
il brûlait de revoir Gabriel. Sa colère était retombée depuis longtemps,
remplacée par l’inquiétude et les remords. Malheureusement, il ignorait où le
jeune homme se trouvait.
Dans
le train qui les ramenait à Londres, il s’ouvrit de ses préoccupations à
Cassandra.
– Aidez-moi à retrouver
Gabriel, la pressa-t-il.
À sa surprise, la jeune
femme baissa les yeux et parut hésiter.
– Cassandra, je vous en
prie…
Il
n’était pas dans les habitudes de Julian de supplier, et une vague de
compassion submergea Cassandra. La souffrance de son ami la touchait, mais elle
s’en tint à sa résolution.
– Je
suis navrée, dit-elle d’un ton ferme en relevant la tête, mais je ne peux vous
aider.
Julian la contempla avec
stupéfaction.
– Et
pourquoi donc ? Cela ne vous serait pas difficile : vous n’avez mis
que quelques semaines à retrouver la trace de Florentine de Saujac qui avait
disparu depuis des années !
Mal
à l’aise, Cassandra se détourna vers la vitre et fixa le paysage de plaines
enneigées qui se déroulait au-dehors.
– Gabriel
ne souhaite pas être retrouvé, se justifia-t-elle. Comprenez-moi… Je ne peux
aller à l’encontre de sa
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