Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
la hantait parfois, surtout dans la solitude de
la nuit, elle n’aurait pas hésité une seconde à recommencer.
En rentrant un soir dans
la maison de Baker Street, elle trouva le salon plongé dans la pénombre et le
froid. Quelques braises rougeoyaient encore dans l’âtre de la cheminée, et
Cassandra s’empressa d’aller ranimer le feu tout en maudissant les domestiques
imprévoyants. Cette tâche accomplie, elle tâtonna vers la lampe la plus proche.
Une lumière diffuse se répandit dans la pièce, et Cassandra sursauta.
– Megan, que fais-tu ici
dans le noir ?
Revêtue de son manteau,
la jeune fille se tenait immobile sur le canapé, les mains posées sur ses
genoux.
– Je t’attendais,
répondit-elle sans la regarder.
Le
son de sa voix résonna étrangement dans la pièce, comme si elle venait de très
loin.
Cassandra
voulut s’asseoir près d’elle, mais Megan eut un mouvement de recul à son
approche et elle y renonça. Ce fut alors qu’elle remarqua le sac de voyage posé
à ses pieds.
– Megan, qu’est-ce que
cela signifie ?
Megan
tourna enfin la tête dans sa direction et la dévisagea avec tant de haine que
Cassandra fit un pas en arrière.
– Tu
as tué Nicholas car tu avais peur de perdre le Livre d’émeraude, et au final tu
l’as perdu quand même. Ce stupide objet valait-il vraiment une vie ?
– Je
ne l’ai pas fait pour le livre, la contredit Cassandra, mais pour te protéger.
– Je n’avais pas besoin de
l’être !
Megan se leva
brusquement et lui fit face.
– Tu
m’as pris mon père, tu m’as pris Andrew, tu m’as pris Nicholas, que me
reste-t-il à présent ?
Elle
s’interrompit, les larmes aux yeux, et prit une profonde inspiration.
– Nicholas
est mort à cause de toi, et cela, je ne te le pardonnerai jamais, pas plus que
je ne me le pardonnerai à moi-même. Peut-être… peut-être que j’aurais pu le
sauver si j’étais arrivée plus tôt sur le rempart…
D’un
geste rageur, elle essuya ses larmes. Cassandra voulut lui prendre la main mais
elle se déroba.
– Megan, il a pris seul la
décision de nous trahir…
– Tais-toi,
je ne veux plus entendre un mot de ta bouche, la coupa Megan. Tu en parles si
froidement, n’as-tu donc pas de cœur ?
Il y eut un très long
silence, saturé de reproches et d’amertume.
– Je
m’en irai si tu le souhaites, dit enfin Cassandra à voix basse.
– Non,
c’est moi qui m’en vais, corrigea durement Megan. J’aurais dû partir depuis
longtemps déjà. Plus personne ne me retient ici.
Elle
saisit son sac et se dirigea vers la porte, Cassandra sur ses talons.
– Où comptes-tu
aller ? Que vas-tu faire ?
– Il
n’est pas nécessaire que tu le saches. Tu ne me dois rien, et je ne te dois
rien non plus. Oublie-moi.
– Ne
dis pas de sottises, voyons, et cesse de te conduire comme une enfant,
s’impatienta Cassandra. Tu sais très bien que je ne peux te laisser partir
ainsi, Andrew ne l’aurait pas voulu.
Megan pivota vers elle,
le front rouge de colère.
– Ne mêle pas mon frère à
cela !
– Et
ton neveu ? argua Cassandra en désespoir de cause. Veux-tu rompre tout
lien avec Andrew ?
– Bien sûr que non, ce
n’est pas lui que je fuis.
Elle
avait atteint la porte d’entrée qu’elle ouvrit. Une rafale de neige s’engouffra
dans le hall. Une dernière fois, Megan se tourna vers Cassandra.
– Je
souhaiterais que tu n’aies jamais franchi le seuil de cette maison. Je
souhaiterais que tu ne sois jamais entrée dans notre famille.
La porte se referma sur
elle, et Cassandra resta seule.
Sous
le choc, elle demeura immobile dans le couloir, sans même sentir le froid qui
lui mordait la peau. Elle n’aurait su dire combien de temps s’écoula ainsi. Une
salve de coups frappés à la porte finit par l’extraire brutalement de sa
torpeur, et elle se précipita pour ouvrir. Mais ce n’était pas Megan. Sur le
seuil se tenait Clayton Blake.
La déception dut se lire
sur son visage car Clayton demanda :
– Je vous dérange ?
– Pas
du tout, balbutia la jeune femme. Entrez, je vous en prie.
Elle s’effaça pour lui
laisser le passage et le conduisit au salon.
– Où
est l’homonculus ? interrogea le policier en prenant place dans
un fauteuil.
Cassandra fit un geste
vague de la main.
– Ici ou ailleurs.
Vladislav se promène dans Londres mais repasse à la maison de temps à autre.
J’ignore ce qu’il fait et où
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