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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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à plusieurs reprises, mais le cadavre du
cocher s’obstinait à le narguer, la balafre sur sa gorge semblable à un sourire
sanglant.
    Déjà,
Angelia regagnait le fiacre. Arrivée à l’angle de la maison, elle lança avec
nonchalance par-dessus son épaule :
    –  Dépêchez-vous,
Walter, il est l’heure de rentrer à présent. Votre mère doit s’inquiéter.

XX
    Cassandra
ne cessait de revenir aux armoiries. Même si elle n’osait formuler aucune
hypothèse, il semblait à la jeune femme qu’elle touchait du doigt quelque chose
de fondamental. Elle était si absorbée par son examen qu’elle sursauta en
découvrant soudain Gabriel à ses côtés. Ce garçon était aussi silencieux qu’un
chat, on ne l’entendait jamais arriver. Depuis qu’il était au manoir, il
passait son temps à errer de pièce en pièce, incapable de s’intéresser à quoi
que ce soit, ou bien demeurait enfermé des heures durant dans la tour, occupé
sans doute à ressasser les instants qu’il y avait vécus avec Julian. Cassandra
l’avait à plusieurs reprises interrogé quant aux raisons de sa fuite, sans
jamais obtenir de réponses. Il ne fallait pas être grand clerc cependant pour
comprendre qu’Aerith n’était pas étrangère à cette crise. Cassandra soupçonnait
Julian d’avoir de nouveau succombé aux appâts de son ancienne femme. Si l’amour
qu’il lui portait autrefois avait été complètement éteint, jamais il n’aurait
réagi de manière aussi excessive lorsqu’elle était réapparue dans sa vie.
    Humilié
et trahi, Gabriel faisait réellement peine à voir, au point que Cassandra
ressentait une bouffée de colère contre Julian et maudissait son inconstance
chaque fois qu’elle apercevait le jeune homme. Mais pour l’heure, il paraissait
avoir émergé de son apathie coutumière. Penché par-dessus l’épaule de
Cassandra, le front plissé, il observait les armoiries.
    –  Savez-vous
à qui elles appartiennent ? s’enquit Cassandra avec espoir.
    –  Oui, je crois. Ce sont
les armoiries du père de Julian.
    La
lumière se fit dans l’esprit de Cassandra. Les armoiries de lord Westbury, le
père de Julian, oui, c’était bien cela. Elle aussi avait dû les voir à Lynton
Hall, ou peut-être même à Londres. Ainsi, il connaissait la mystérieuse Sarah
Ellison. D’après le peu que Julian lui avait révélé sur son père, lord Westbury
était viscéralement attaché au respect de la hiérarchie sociale. Par voie de
conséquence, il ne fréquentait que ses pairs, à savoir les membres de
l’aristocratie. Sarah Ellison devait donc être issue d’une famille titrée.
Cette donnée, pour intéressante qu’elle fût, n’avançait guère Cassandra
cependant.
    Elle
se trouvait dans une impasse, mais le père de Julian pouvait l’aider à en
sortir.
    *
    La bête s’était
réveillée.
    Le martyre allait
recommencer.
    Peu
après le déjeuner, sentant la crise poindre, lady Wilhelmina Westbury s’était
retirée dans sa chambre. De volumineux rideaux d’un rouge foncé, presque noir,
obturaient les fenêtres, plongeant la pièce dans la pénombre. La créature qui
sommeillait en elle était sensible à la lumière, et Wilhelmina veillait à ne
pas la provoquer. Elle savait que ce n’était plus qu’une question de minutes.
Déjà, sa vision se parsemait de minuscules points brillants. Le monde autour
d’elle devenait flou, tandis qu’à l’inverse les sons s’amplifiaient
démesurément. Il y avait dans l’air une pression terrible qui l’écrasait.
    Couchée
sur son lit, un verre d’eau à portée de main, elle attendait. Son corps frêle
pesait à peine sur la courtepointe blanche. Elle était incapable de dormir,
l’angoisse l’en empêchait.
    Raide
d’appréhension, elle ne pouvait que guetter le réveil de la bête.
    Wilhelmina
respira profondément, les yeux clos. La créature commençait à s’agiter dans sa
cage ; elle sentait ses griffes lui labourer les côtes. Mais elle ne
devait surtout pas laisser la bête envahir ses pensées. Qu’elle colonise son
corps était déjà bien suffisant. Wilhelmina se força à détacher son esprit de
l’ennemi. Les murmures de voix et les sons en provenance des autres pièces de
la demeure lui parvenaient avec une clarté intacte à travers les murs ou les
planchers. Wilhelmina se faisait parfois l’effet d’être une créature de la
nuit, invisible, omnisciente. Elle était recluse dans la solitude de sa
chambre, mais elle savait

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