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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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prêter
attention. D’une voix rauque, Rupert rompit le silence :
    –  Ainsi,
Mrs. Ward, vous désirez m’entretenir de Sarah Ellison…
    Il
se retourna enfin, et son regard gris transperça Cassandra tel une lame de
glace. La jeune femme n’eut pas même le temps d’ouvrir la bouche. Aussitôt
qu’il la vit, Rupert parut se vider de son sang. Il devint livide et sa
respiration s’accéléra tandis que ses poings se serraient et se desserraient
convulsivement. Il fixait Cassandra les yeux grands ouverts, exorbités par la
stupeur. Exactement comme le docteur Barrett.
    Un
instant, Rupert parut sur le point de dire quelque chose, mais il n’en eut pas
la possibilité : ses yeux se révulsèrent et il s’effondra sur le tapis.
    En
dépit de sa surprise, Cassandra réagit promptement. Elle ouvrit la porte du
salon à la volée et appela à l’aide, puis alla s’agenouiller près de Rupert pour
jauger son état. Suivi par un valet de pied, le majordome fit irruption dans la
pièce. D’autres domestiques ne tardèrent pas à les rejoindre, et bientôt la
confusion la plus totale régna dans les lieux. Haussant la voix, le majordome
réclama un médecin, et Rupert fut emporté dans sa chambre par deux solides
valets. Cassandra demeura seule dans le salon, encore abasourdie par la scène
qui venait de se dérouler.
    Elle
avait envisagé différentes tournures que pouvait prendre l’entretien, mais pas
celle-ci.
    Un
quart d’heure s’écoula, puis une demi-heure, chaque seconde ponctuée par le
lent mouvement du balancier de l’horloge, sans que personne ne revienne. La
maisonnée entière paraissant avoir oublié son existence, Cassandra hésita sur
la conduite à tenir. Devait-elle quitter les lieux ? Mais elle ne pouvait
partir sans s’être enquise de la santé de son hôte, c’eût été de la dernière
impolitesse.
    Elle
en était à ce point de ses atermoiements quand la porte du salon pivota sur ses
gonds. Vêtue d’une robe de velours noir garnie de point de Venise, une petite
femme menue aux cheveux d’un blond presque blanc pénétra dans la pièce. Malgré
sa minceur, elle se déplaçait avec peine, donnant l’impression qu’elle portait
un lourd fardeau sur ses frêles épaules.
    –  Mrs.
Ward ? s’enquit-elle d’une voix aussi pâle que son visage. Je suis lady
Wilhelmina Westbury.
    « La
mère de Julian » pensa Cassandra. Son ami lui en avait parlé comme d’une
femme à la constitution fragile, toujours souffrante. Et de fait, lady Westbury
ne respirait pas précisément la santé. Ses traits étaient tirés, et les larges
cernes mauves qui ceignaient ses yeux formaient un violent contraste avec son
teint de cire.
    Wilhelmina,
qui s’était figée sur le pas de la porte, l’examinait de son côté avec une curiosité
identique.
    –  C’est
extraordinaire… murmura-t-elle. Vraiment extraordinaire…
    Dieu
merci, elle ne s’évanouit pas. Elle se contenta d’approcher de Cassandra à pas
mesurés en la détaillant de haut en bas.
    –  Je
suis navrée de ce qui est arrivé, déclara Cassandra pour rompre le silence
embarrassant qui s’était instauré dans la pièce. J’espère que le malaise de
lord Westbury est sans gravité…
    D’un
geste distrait, Wilhelmina porta la main à ses cheveux noués en chignon et
ramena une mèche rebelle derrière son oreille.
    –  Mon
époux se porte parfaitement bien, annonça-t-elle d’un air détaché. Il a juste
été… surpris. Ce qui est tout à fait compréhensible.
    Cassandra
s’attendait à des reproches, ou du moins à une demande d’explications, mais pas
à cette indifférence.
    –  Et en quoi est-ce
compréhensible ? voulut-elle savoir.
    Au lieu de répondre,
Wilhelmina lui désigna un fauteuil Chesterfield drapé de soieries indiennes.
    –  Asseyez-vous, Mrs. Ward,
nous serons mieux pour discuter.
    Elle-même prit place en face
de sa visiteuse.
    –  Vous
ressemblez de façon frappante à une femme que j’ai connue autrefois,
commença-t-elle.
    –  Sarah Ellison, souffla
Cassandra.
    Un petit sourire éclaira
le visage épuisé de Wilhelmina.
    –  Sarah Ellison, oui,
c’est cela. Que savez-vous à son propos ?
    –  Peu
de chose, en vérité. Il y a une vingtaine d’années environ, elle était soignée
à l’asile de Reinfield, un établissement situé dans la banlieue de Londres. Il
semblerait qu’un grand malheur l’ait privée de sa raison. Sur un mouchoir en sa
possession figuraient les

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