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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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luxueux fardeau. Il s’affala ensuite sur la banquette de
cuir en soupirant ostensiblement, tandis qu’Angelia s’installait avec grâce à
ses côtés, lissant d’une main les plis de sa cape de fourrure fraîchement acquise.
    –  Cessez
de vous plaindre, Mr. Crane. Vous auriez dû au contraire profiter de
l’opportunité que je vous offrais pour vous acheter des vêtements décents,
dit-elle en jaugeant sa mise d’un air réprobateur.
    –  Que
reprochez-vous à mes vêtements ? protesta Walter, piqué au vif. Ils sont
simples, mais confortables.
    –  Oui,
et d’une grande élégance, se moqua Angelia en pointant du doigt son vieux
manteau à pèlerine râpé. Ils vous donnent tout l’air d’un parfait gentleman.
Mais qu’importe, s’ils vous plaisent.
    –  Et
maintenant, où allons-nous ? questionna Walter avec humeur. Puis-je
espérer rentrer chez moi un jour ?
    –  Nous allons voir la
personne dont je vous ai parlé.
    –  En pleine nuit ?
    –  C’est plus sûr.
    –  Plus sûr pour qui ?
    Les
paupières d’Angelia s’abaissèrent et elle ne répondit pas. Walter ne tarda pas
à l’imiter, bercé par les cahotements du fiacre. Lorsqu’il rouvrit les yeux,
leur véhicule avait quitté les faubourgs de Londres et roulait en pleine
campagne. La nuit était tombée, mais Walter n’aurait su dire quelle heure il
était, pas plus qu’il ne pouvait déterminer le lieu où il se trouvait. Près de
lui, éclairée par une minuscule veilleuse, Angelia, le regard fixe, semblait
écouter quelque chose. Son expression était inquiète, tendue, et comme par
contagion une angoisse sourde envahit Walter,
    –  Que se…
    Il
n’eut pas le temps d’achever sa question. Angelia se leva brusquement, abaissa
la vitre de sa fenêtre et se pencha au-dehors. Elle demeura ainsi une éternité,
ses cheveux balayés par le vent de la course, ses mains crispées sur le rebord
de la fenêtre. Walter scrutait avec appréhension le visage pâle et hagard de la
jeune femme, cherchant vainement à comprendre son attitude.
    –  Que
se passe-t-il, Angelia ? demanda-t-il d’une voix douce pour ne pas
l’effrayer davantage.
    –  Nous sommes suivis,
haleta-t-elle sans le regarder.
    –  Comment ?
    Walter se pencha à son
tour à la fenêtre.
    –  La route est déserte,
objecta-t-il.
    De fait, il n’y avait
pas âme qui vive dans les environs.
    –  Nous
sommes suivis, vous dis-je, répéta obstinément Angelia.
    Elle
se rassit sur la banquette et Walter s’aperçut qu’elle tremblait.
    –  Ne
les laissez pas nous rattraper, chuchota-t-elle, soudain implorante. Ils me
feraient du mal.
    Cette
supplique acheva de terrifier Walter, qui tenta cependant de se montrer
raisonnable.
    –  Rassurez-vous, il n’y a
personne.
    Mais
les arguments rationnels n’avaient plus prise sur Angelia, qui demeura prostrée
sur son siège, grelottant comme si un froid polaire s’était infiltré dans le
fiacre. Walter la contempla un long moment, désemparé, avant de s’asseoir
auprès d’elle. Puis il l’attira maladroitement à lui. Sans résistance, elle se
laissa aller contre sa poitrine. Il la tint ainsi longtemps, lui murmurant à
l’oreille des mots d’apaisement et de réconfort, jusqu’à ce que ses
tremblements s’espacent peu à peu. Tout à coup, sans que rien ne l’eût laissé
prévoir, Angelia se raidit et le repoussa brutalement.
    –  Comment osez-vous me
toucher ? hurla-t-elle.
    Toute
trace de peur avait disparu en elle, et ce fut comme si les dernières minutes
n’avaient été qu’un mauvais rêve.
    –  Mais… je voulais vous
aider, balbutia Walter.
    Elle
s’éloigna de lui autant qu’il était possible dans l’espace réduit du fiacre.
Abasourdi, il n’osa plus souffler mot, et le reste du trajet se déroula dans un
silence pesant. De temps à autre, Walter jetait un regard en coin à Angelia qui
fixait ostensiblement le paysage enténébré. Ce pénible voyage prit fin lorsque
le fiacre s’arrêta devant une villa à pignons à la façade d’un blanc immaculé,
pourvue de fenêtres en saillie et d’une véranda sur le côté. Aucune autre
habitation ne se voyait dans les alentours.
    Angelia
sauta légèrement du marchepied et gagna la porte de la maison, tandis que
Walter demandait à voix basse au cocher :
    –  Où sommes-nous ?
    –  Près de Windsor,
monsieur.
    Voilà
qui ne l’avançait guère. Ne sachant que faire d’autre, il rejoignit Angelia sur
le seuil.

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