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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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tout. Tel était son maigre pouvoir. Une bien faible
compensation en regard du calvaire qu’elle endurait régulièrement depuis son
adolescence. Sans compter que la maladie l’avait empêchée de donner à ses fils
tout ce qu’ils étaient en droit d’attendre d’une mère. Et pour l’un d’eux, il
était désormais trop tard…
    Soudain,
le corps de Wilhelmina se contracta et la douleur annihila toute réflexion. La
bête avait brisé sa cage. Des couteaux affûtés se mirent à lacérer le cerveau
de Wilhelmina tandis que des milliers d’aiguilles chauffées à blanc
s’enfonçaient sans relâche dans sa chair. Le simple fait de gémir accentuait
son supplice. Elle ne pouvait cligner des yeux sans avoir l’impression qu’on
lui fendait le crâne.
    Ses
mains pâles crispées sur le couvre-lit, Wilhelmina combattait la bête. C’était
une longue lutte sans cesse renouvelée, sans vainqueur ni vaincu, qui la
laissait brisée, exténuée. Une lutte qui la tuait à petit feu.
    Aussi
insupportable que fut la douleur, jamais elle ne s’évanouissait. Même ce pauvre
réconfort lui était refusé. Cela faisait partie de sa malédiction.
    Elle
resta ainsi couchée là plusieurs heures, prisonnière de sa souffrance, tandis
que s’écoulait la fin de l’après-midi. Enfin, la bête se lassa. Décidant
qu’elle avait assez torturé Wilhelmina pour la journée, elle reprit le chemin
de sa tanière. La douleur s’atténua progressivement, mais les sens de
Wilhelmina étaient toujours à vif. Des sons familiers se frayaient un chemin
jusqu’à elle à travers la porte de sa chambre. Un trottinement menu dans le
couloir. Celui d’Emma, sa camériste, toujours affairée. Des pas dans
l’escalier : John, le valet de pied, reconnaissable à sa démarche pesante.
Même en son absence, la maison continuait à vivre.
    L’esprit
de Wilhelmina dériva vers des contrées où la réflexion n’avait plus cours.
Epuisée, elle sombra dans un demi-sommeil agité. Celui-ci fut bref, car le
carillon de l’entrée retentit dans la maison. Le majordome alla ouvrir et une
voix inconnue résonna dans le hall. Une voix de femme, claire et assurée. Une
visite pour elle ? Wilhelmina retint son souffle ; elle ne pouvait
saisir tous les mots prononcés, mais percevait leur signification essentielle.
Non, la visiteuse demandait à voir lord Westbury. Le majordome partit porter la
commission à son maître. Des talons qui claquent sur le carrelage… Une porte
qui s’ouvre et se referme… La voix policée du domestique et celle, froide et
autoritaire, de son époux… Un très long silence… Un murmure étouffé… De nouveau
des bruits de pas… Rupert acceptait de recevoir la visiteuse.
    Voilà qui était
surprenant.
    Wilhelmina
passa une main sur son front moite, intriguée. Rupert professait un souverain
dédain envers les femmes et ne leur adressait la parole que contraint et forcé.
Il les jugeait versatiles et faibles, or Rupert exécrait la faiblesse plus que
tout. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il méprisait autant sa chétive
épouse, toujours malade et alitée. Il ne s’en cachait du reste aucunement.
Fataliste, Wilhelmina en avait pris son parti. Dieu merci, ses fils s’étaient
montrés plus compréhensifs à son égard que leur père.
    À
présent, le majordome conduisait la visiteuse dans le salon où son époux allait
la recevoir. Wilhelmina se souleva sur un coude, porta le verre d’eau à ses
lèvres, but quelques gorgées. Elle entreprit de remonter ses oreillers afin de
se mettre en position assise. Ses gestes étaient lents, précautionneux, car
elle ne voulait pas prendre le risque de réveiller à nouveau la bête.
    Enfin,
elle s’immobilisa et darda son attention sur le salon. Le domestique venait d’y
introduire l’inconnue ; il referma doucement la porte derrière elle avant
de se retirer. Ensuite, il n’y eut plus rien. Un silence inhabituel se déploya
au sein de la résidence.
    Wilhelmina
avait beau tendre l’oreille, aucun son ne lui parvenait. Puis, tout à coup, un
cri étranglé vibra dans l’air, suivi presque immédiatement d’un bruit de chute.
Wilhelmina se redressa, alarmée. En bas, la porte du salon s’ouvrit à la volée,
et la visiteuse appela à l’aide. S’ensuivit un remue-ménage indescriptible, des
bruits de course précipitée dans les couloirs se mêlant à un concert de voix
inquiètes et fébriles. Plus près de Wilhelmina, des pas furtifs se

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