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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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reine perdit un peu de sa superbe. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais se ravisa.
    — Allons, allons, intervint Brissot, Maître Tenebrae était un individu puissant, et il avait ses ennemis.
    Il sourit avec condescendance.
    — Je suis certain que la vérité sortira bien vite.
    Il s'étira et bâilla, puis :
    — Mais la soirée touche à sa fin. Si nous prenions notre vin et sortions dans les jardins ?
    Tout le monde en convint. L'atmosphère dans la pièce devenait étouffante, les nerfs étaient à vif.
    Muni de son gobelet, chacun descendit l'escalier pour traverser la salle d'auberge désertée par les clients, mais où des marmitons aux yeux lourds s'apprêtaient à dormir sur des paillasses. Dehors, derrière la taverne, il y avait une petite cour pavée entourée d'une clôture avec un petit portail. L'air de la nuit était frais, et agréable après la chaleur lourde de la salle du dîner. Kathryn leva les yeux et admira les étoiles qui éclairaient le ciel sombre. On franchit le portail, puis on traversa le jardin d'herbes aromatiques où Kathryn respira le parfum de la citronnelle, du persil, du romarin, de l'achillée millefeuille, et on continua, longeant les poulaillers et
    les
    pigeonniers.
    Kathryn
    s'immobilisa
    brusquement, en même temps qu'une odeur nauséabonde lui faisait froncer le nez. Brissot, qui marchait à côté d'elle et qui l'abreuvait d'une litanie de
    traitements
    aux
    résultats
    miraculeux,
    interrompit son monologue. Foliot poussa une exclamation et se pinça lui aussi les narines tandis que Colum se contentait d'éclater de rire.
    — Vous n'avez donc jamais senti l'odeur des sangliers? demanda l'Irlandais.
    — La taverne possède son propre élevage, expliqua
    Fronzac en indiquant un petit enclos fermé par une haute clôture.
    Kathryn perçut les grognements des animaux qui s'y trouvaient, et leurs ronflements poussifs.
    Colum la saisit par le coude avec un air malicieux.
    — Venez, Kathryn, chuchota-t-il, en Irlande ces bêtes sont très amusantes.
    Suivi seulement de Fronzac et de Foliot, Colum guida sa compagne vers la clôture, et jusqu'à une souche d'arbre qui se trouvait là. Kathryn, dévorée de curiosité, monta sur la souche pour regarder par-dessus la clôture. Voyant tous ces yeux furieux, ces groins luisants, ces oreilles velues, ces grosses panses et ces queues furieusement dressées, elle se hâta de redescendre.
    — Amusantes, avez-vous dit, Irlandais?

    Dans l'obscurité, le sourire de Colum s'accentua.
    — Mon père possédait une petite ferme, révéla-t-il. De temps à autre, en manière de blague, nous libérions ces animaux. Ce ne sont pas des porcs; les sangliers sont des bêtes brutales et prêtes à mordre. Il faut courir comme le vent pour leur échapper.
    Kathryn s'en fut rejoindre le reste du groupe.
    Louise Condosti, qui avait couvert son nez et sa bouche
    avec
    un
    mouchoir
    ;
    s'appuyait
    modestement contre son fiancé.
    — Je ne supporte pas ces animaux.
    — Ils fascinent Fronzac, se gaussa Greene d'un ton acide.
    — Mon père était propriétaire d'une taverne comme celle-là, expliqua le clerc. Elle était située près de Mapledurham, sur l'ancienne route de l'ouest. Je pouvais passer des heures à les regarder manger.
    — Cela doit-il être notre unique passe-temps?
    s'exclama Hetherington d'une voix tonnante, et s'adressant à Colum et Foliot, il demanda : Combien de temps, messieurs, devrons-nous demeurer à Cantorbéry ?
    Colum porta son regard sur l'émissaire de la reine.
    — Nous sommes aujourd'hui mardi, dit lentement celui-ci. Si la mort de Tenebrae n'a pas été élucidée d'ici la fin de la semaine, vous pourrez alors partir.
    Il éleva la main pour faire taire les protestations.

    — Mais lorsque vous serez de retour à Londres, l'affaire tombera entre les mains des magistrats du roi.
    Sur quoi, Colum, Foliot et Kathryn firent leurs adieux aux pèlerins, et Kathryn eut la nette impression que ceux-ci étaient heureux de les voir partir. Ils reprirent leurs montures pour repartir au clair de lune dans Burghgate. Les maisons étaient maintenant barricadées, et la rue était déserte à part un chat errant de temps à autre, ou un mendiant qui gémissait dans l'ombre, demandant l'aumône.
    Ils chevauchèrent en silence dans Saint Margaret's Street et là Foliot tira sur ses rênes pour faire pivoter son cheval.
    — Eh bien, demanda-t-il, quelle est votre impression?
    — Ces gens mentent, déclara Kathryn. Le mage

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