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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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conduisait en haut des escaliers et frappait trois fois à la porte.
    Elle sourit.
    — Invariablement Tenebrae demandait qui c'était et Morel répondait : « Quelqu'un qui cherche la vérité. »
    — Que se passait-il ensuite? demanda Colum qui s'étonnait que ces gens riches et évolués puissent être aussi crédules.
    — Tout dépendait de votre situation, intervint sèchement la veuve Dauncey. Je me suis assise sur le tabouret devant Maître Tenebrae. Nous avons échangé quelques questions de politesse, puis j'ai posé celles qui me tenaient à cœur.
    — Quelles étaient-elles ? la pressa Kathryn.
    La veuve respira si profondément que ses narines palpitèrent, signe qu'elle était contrariée.
    — Est-il nécessaire de répondre à cela?
    demanda-t-elle à mi-voix.
    Voyant la grimace agacée de Foliot, elle soupira.
    —
    Si vous insistez, je le ferai. Je lui ai posé les questions que n'importe qui poserait à un homme comme lui : des questions sur l'avenir.
    La Dauncey marqua un temps d'arrêt : elle réfléchissait à ce qu'elle allait dire, Kathryn n'était pas dupe. Des questions sur la stabilité de la Couronne ou sur la santé du roi pouvaient être interprétées comme des trahisons. La veuve dissimula son embarras en buvant un peu du contenu de son gobelet, puis elle reprit précipitamment :

    —
    J'ai demandé si les marchés seraient prospères, et quels dangers je risquais de rencontrer.
    — Comment Tenebrae vous a-t-il répondu ?
    —
    Il se servait des lames du tarot : l'as de denier signifiait le bonheur; le cinq d'épée, une perte; le trois de denier, du négoce ; le cinq de bâton, un procès.
    La veuve Dauncey haussa les épaules.
    — Et que vous réserve le futur ? lui demanda Colum.
    — De la prospérité !
    —
    Est-ce la même chose pour chacun d'entre vous? interrogea Foliot.
    —
    Il y a toujours du danger, intervint vivement Hetherington.
    —
    Et le grimoire ? lança Kathryn qui vit les pèlerins se crisper. Comment Tenebrae se servait-il du livre d'Honorius ?
    Greene prit la parole :
    —
    Il en lisait des passages, et déclamait une incantation avant de retourner les lames.
    Kathryn jeta un rapide coup d'œil à Colum. « Tous ces gens mentent, disaient ses yeux, nous ne leur soutirerons jamais la vérité. »
    — Comment était le grimoire? interrogea Colum.
    —
    De la taille d'un missel d'église à peu près, incrusté de pierres précieuses étranges, et relié dans un cuir qui ressemblait à du veau.
    — Vous êtes tous allés voir Maître Tenebrae à l'heure qui vous avait été fixée ? s'enquit Kathryn.

    — Oui, comme vous l'a dit la veuve Dauncey, répliqua Neverett. Nous nous sommes assis à la table. Tenebrae était toujours vêtu de noir, et portait un capuchon et un masque sur son visage.
    Sa voix était douce, mais profonde : nous ne bavardions pas vraiment, et il ne nous offrait pas de vin. Il m'a fait sortir par la porte du fond, qui ouvre sur le petit couloir puis j'ai descendu les escaliers jusqu'à l'entrée donnant sur la ruelle où attendait cette créature du nom de Bogbean.
    Neverett eut un rire nerveux.
    — Ceux qui venaient chercher la sagesse de Tenebrae ne devaient jamais rencontrer ceux qui le quittaient, le mage y tenait beaucoup.
    — Et aviez-vous foi en sa sagesse? demanda Kathryn en promenant son regard sur tous les convives. Vous, puissants orfèvres ! Ne vous est-il jamais venu à l'esprit que Tenebrae était un espion qui avait des intérêts partout dans le royaume?
    Qu'il apprenait des choses et s'en servait sous le couvert de la magie?
    — Si c'était mal, fit valoir Hetherington, pourquoi ne l'a-t-on pas arrêté? Je crois savoir, Maître Foliot, que même Sa Majesté la reine, que Dieu la bénisse, avait affaire avec lui.
    — Nous ne parlerons pas publiquement de la reine dans cette affaire, riposta Foliot.
    — Dans ce cas, aboya Hetherington dont le visage s'était empourpré, nos rapports avec le mage ne concernent que nous, monsieur. Oui, nous avons rendu visite à Tenebrae, mais ce n'est pas un crime. Nous avons peut-être été les derniers à le voir, mais est-ce là la preuve que nous l'avons assassiné ? Vous avez vu son serviteur, Morel. Il est aussi capable de tuer que n'importe qui. Quant à vous, Maître Foliot, que savons- nous de ce qui a été dit entre Tenebrae et vous, quand vous êtes allé chez lui un peu plus tôt ce matin? Car vous l'avez vu, n'est-ce pas?
    Pour la première fois, l'émissaire de la

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