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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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vacilla, en voyant la haine qui brillait dans ses yeux.
    — Croyez-vous que je l'ai fait de gaieté de cœur?
    demanda-t-il lentement. Moi, Charles Brissot, qui ai étudié à la Sorbonne, à Padoue et à Marseille, croyez-vous que j'étais heureux d'être entre les mains d'un individu comme Tenebrae?
    Il secoua la tête.
    — Je mérite tout ce que vous avez dit, Maîtresse Kathryn, mais...
    Se penchant en avant, il se tapota la tempe.
    — Là-dedans habitent des démons et des fantômes, tapis dans les recoins honteux de nos esprits. N'en avez- vous pas ? Moi, si.
    Il se sécha les joues avec le dos de la main.
    — Il fallait connaître Tenebrae pour comprendre sa perversité. Il était malin et rusé. Telle une grosse araignée, il vous attirait dans sa toile, et quand vous y étiez, il vous tenait bien.
    — Comment vous a-t-il pris au piège? demanda Colum.
    Brissot se tourna vers lui.
    — A cause de vous, rétorqua-t-il, ou d'hommes comme vous. Oui, je suis médecin des orfèvres de Londres, mais durant l'été 1471, j'ai été nommé médecin auprès du roi Henri VI, quand il était emprisonné à la Tour de Londres.
    Devant l'air étonné de Colum, Brissot insista :
    — Oui, oui, insista-t-il, le pieux roi Henri VI, de la maison des Lancastre : un homme qui aimait davantage les prières que la Couronne. Vous connaissez la suite? Après les victoires yorkistes de Barnet et de Tewkesbury, Henri VI, prisonnier à la Tour, y est mort mystérieusement.
    Il fixa un point au-dessus de Kathryn et de Colum.
    —
    Il ne s'est pas éteint. Le pauvre saint homme a été assassiné, on lui a écrasé la tête contre le mur, et on a transpercé de dagues son corps décharné.
    Brissot se tut et respira profondément.
    —
    J'ai dû m'occuper de lui, habiller son cadavre avant qu'on le descende par le fleuve jusqu'à Chertsey pour l'inhumation. Alors, Irlandais, quand on est le médecin qui a préparé le corps du roi et qu'on sait la vérité, mais qu'on ne doit en aucun cas la dire, à votre avis, qu'est-ce qui vous attend?
    —
    C'est vrai, murmura Colum, les rumeurs ne manquent pas sur la façon dont mourut Henri. Son décès survint la nuit même où le roi et ses frères donnaient un banquet à la Tour. Officiellement, il a succombé à des causes naturelles.
    —
    Tenebrae m'accablait de sarcasmes à ce sujet, reprit Brissot.
    Il fusilla Kathryn du regard.
    — Vous rendez-vous compte, Maîtresse !
    Il éclata brusquement de rire.
    —
    Dire que j'arpente les rues de Cantorbéry, que je rends hommage à Becket, un archevêque qui a été tué par un roi ! Et pourtant, regardez-moi : je suis un médecin qui sait qu'un roi pieux a été assassiné. Tenebrae me menaçait de le faire savoir partout.
    Il haussa les épaules.
    —
    Il a donc bien fallu que je lui avoue tout ce que je savais : les potins de la guilde, qui disait quoi à qui, les vils petits scandales qui empoisonnent nos vies.
    Il étendit les mains devant lui.
    —
    Oui, je lui ai parlé de Louise Condosti et d'autres affaires.
    — Eh bien, répétez-nous ce que vous lui avez appris, répliqua Kathryn qui leva la main pour ajouter : Je vous en donne ma parole : nous voulons seulement arrêter l'assassin de Tenebrae.
    Brissot sourit.
    —
    Oui, je vais tout vous dire, tout ce que j'ai raconté à ce salaud de mage. Comment Hetherington était furieux que Tenebrae soit au courant pour Louise Condosti, et comment ce même Hetherington a prêté des bourses d'argent aux partisans des Lancastre. Et comment Thomas Greene aime les jeunes garçons avec des visages d'anges et de jolies fesses blanches.
    — Et Neverett? demanda Kathryn.
    —
    Oh, lui, on n'a à peu près rien à lui reprocher.
    C'est un jeune homme qui n'a pas encore plongé dans le péché.
    — Et la veuve Dauncey ? interrogea Colum.
    —
    Questionnez-la vous-même ! Parlez à la brave femme, demandez-lui comment elle ne cesse de chasser le mari.
    —
    Elle est avenante, intervint Kathryn avec tact, et très riche.
    —
    Certes, répliqua Brissot. Son dernier mari possédait des navires. En vérité, c'était purement et simplement un pirate, et sa fortune, pour l'essentiel, fut mal acquise.
    — Sa veuve n'en est pas moins très aisée.
    Brissot se leva.
    — Je vous en ai assez dit.
    Il pencha son visage à quelques centimètres seulement de celui de Kathryn, et reprit d'une voix âpre :
    —
    Je n'ai pas tué le mage, mais je le regrette, je vous le jure !
    Sur ces mots, il pivota sur

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