Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
ses talons et sortit de la pièce.
    —
    Eh bien, eh bien, fit Colum en s'étirant. Les apparences sont toujours trompeuses et, dans cette affaire, tout ce qui brille n'est pas de l'or.

    Se levant, Kathryn se glissa derrière lui pour lui tirer gentiment les cheveux.
    — Ce n'est pas le moment de citer Chaucer, murmura-t-elle. Inutile de faire des hypothèses. Je parie que chacun de nos pèlerins avait une bonne raison de haïr et de tuer Tenebrae.
    — Où est le grimoire ? demanda Colum.
    — Nous nous en occuperons dans un moment, répliqua Kathryn. D'abord, parlons un peu avec la bonne veuve Dauncey.
    Colum descendit dans la salle d'auberge et en revint avec Dionysia qui l'avait pris gracieusement par le bras tandis qu'elle serrait sa canne de son autre main.
    Kathryn examina avec attention le visage maigre et ridé de la veuve. Elle avait des yeux assez vifs, mais son teint était brouillé, malsain. Elle prit place sur le siège, et Kathryn vit comme elle se tenait le ventre d'un geste crispé : on eût dit qu'elle souffrait. Puis elle arrangea coquettement les plis de sa robe bleu sombre, et remit en place sa coiffe sur ses cheveux grisonnants. Après quoi elle demeura les mains sur les genoux, arborant un air faussement modeste, ses yeux vigilants.
    — Maîtresse
    Swinbrooke,
    commença-t-elle
    doucement, vous méritez des félicitations. Nulle femme avant vous n'a contrarié autant de gens en un temps aussi bref.
    — Ce n'était pas mon intention, rétorqua Kathryn, mais comme le dit Maître Brissot, nos âmes recèlent de sombres profondeurs que nous ne voulons pas que d'autres pénètrent. Et pourtant...
    Elle eut un haussement d'épaules.
    — Un individu comme Tenebrae avait le don de percer ces zones d'ombre.
    — Il y était très fort, répliqua Dionysia. C'était un homme perspicace et mystérieux, qui possédait un esprit sagace et un œil rapide. Il connaissait l'importance des rituels et des apparences. Il nous persuadait qu'il détenait des pouvoirs. Peut-être n'était-ce pas vrai.
    —
    Depuis combien de temps êtes-vous veuve?
    demanda Kathryn.
    La Dauncey sourit, s'efforçant de ne pas montrer ses dents jaunissantes et abîmées.
    —
    Quatre ans. Mon mari a péri en mer, et avant que vous ne posiez la question, Maîtresse Swinbrooke, sachez qu'il était mon troisième époux.
    — Avez-vous des enfants?
    — Oh, non !
    La Dauncey eut un rire forcé, et ses doigts se crispèrent sur son ventre.
    — Vous souffrez, Maîtresse Dauncey?
    —
    Pourquoi cette question? jeta la veuve d'un ton cassant. Que vous a raconté le petit Brissot gros et gras ?
    —
    Rien que nous ne sachions déjà. Que Tenebrae était un maître chanteur avéré. Et donc quel pouvoir détenait-il sur vous ?
    La Dauncey eut un regard morne.

    — Je ne... bredouilla-t-elle, je ne peux...
    — Vous êtes malade, l'interrompit Kathryn.
    Elle regarda la femme avec attention. Sous l'épaisse couche de poudre et de rouge, elle repéra de petites plaies aux commissures des lèvres.
    Dionysia allait secouer la tête, mais elle leva les mains en un geste pathétique et détourna les yeux, clignant nerveusement des paupières pour dissimuler ses larmes.
    —
    J'envie Maîtresse Condosti, murmura-t-elle.
    J'envie son ravissant visage, et son corps chaud et mûr comme une pomme prête à être cueillie.
    J'aimerais qu'on me cueille, Maîtresse Swinbrooke.
    Elle abaissa les yeux sur la bague coûteuse à son index.
    —
    Les gens me regardent et pensent : « Tiens, voilà la veuve Dauncey, une femme riche et respectée, un pilier de l'Église », et pourtant, la nuit dans mon lit, je m'agite comme un bouchon sur l'eau.
    —
    Vous avez cependant des soupirants?
    demanda Colum.
    La veuve éclata d'un rire nerveux.
    —
    Oh, oui, et les langues vont bon train : la vieille veuve Dauncey poursuit des jeunes gens de ses assiduités. J'aimerais me remarier.
    — Pourquoi ne pas le faire?
    Dionysia se pencha en avant, la fureur déformant ses traits.

    —
    Parce que j'ai une maladie, Maîtresse Swinbrooke, legs impérissable de mon dernier époux.
    Elle se redressa.
    —
    Il pouvait coucher avec n'importe quoi, et le fit probablement, qu'il s'agisse d'un chien ou de quelque putain grossièrement fardée, ramassée dans un des nombreux ports où il relâchait.
    Elle indiqua les plaies à sa bouche avant de continuer :
    —
    Le mal grandit en moi. Qui voudra m'épouser, Maîtresse Swinbrooke? Je ne suis qu'une vieille femme qui tombe en

Weitere Kostenlose Bücher