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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Louise était volontaire, et elle comprit comme les émotions brûlantes la submergeaient.
    — Oh, il était bon, Tenebrae, reprit la jeune femme. Il tirait ces maudites lames, et c'est lui qui a prédit le danger : il m'a montré le deux d'épée.
    Après la mort de Charles, je n'ai plus eu de doute.
    Louise sécha ses larmes de sa main.
    — L'automne dernier, je suis revenue ici avec Sir Raymond et les autres : cette fois, Tenebrae avait changé. Il m'a prédit mon avenir et m'a déclaré que si je ne faisais pas exactement ce qu'il me disait, le monde entier serait averti de ma conduite honteuse.
    — Et que vous a-t-il demandé? voulut savoir Kathryn.

    — Il m'a dit que j'étais belle, avoua Louise qui jeta un regard par-dessous ses paupières à Hetherington.
    — J'aurais dû vous le dire, mais...
    Elle se tut un instant.
    —
    Il m'a obligée à me dévêtir, murmura-t-elle alors. J'ai dû m'exécuter devant lui, puis marcher dans la salle.
    Hetherington bondit sur ses pieds, son visage empourpré de fureur.
    —
    Qu'il soit damné et aille en enfer! rugit-il avant de s'agenouiller à côté de Louise. Pourquoi ne m'en avoir rien dit? T'a-t-il touchée?
    Louise secoua la tête.
    —
    Non, il ne m'a contrainte à rien d'autre. Il m'a promis de se taire, et qu'il allait exorciser l'avenir : grâce à lui, tout irait bien. J'ai obéi parce je me suis sentie prise au piège. J'avais l'impression d'être dans un rêve. Après, je me serais pincée.
    Elle haussa les épaules en un gracieux mouvement.
    — Et il n'y a rien eu de plus.
    —
    Haïssiez-vous Tenebrae, Maîtresse Condosti?
    demanda Kathryn.
    —
    Quelques fois, oui. Quelques fois, c'est moi que je hais.
    La voix de Louise monta d'un cran.
    —
    Parfois, je hais la vie, et Charles, et tout se mélange et s'embrouille.
    — Et Maître Fronzac? interrogea encore Kathryn.

    Louise soutint son regard et ses yeux avaient perdu leur douceur de colombe : on percevait l'acier sous le velours.
    — Il savait la vérité, lâcha-t-elle avec violence.
    — Que veux-tu dire? s'exclama Hetherington.
    —
    Fronzac était au courant, déclara Louise. Oh, avec vous, Sir Raymond, il se montrait un clerc industrieux, mais l'avez-vous observé avec attention? Avez-vous noté ses yeux humides, sa bouche molle ? Souvent je le surprenais à m'épier, et il lui arrivait de s'asseoir à côté de moi : alors il humectait ses lèvres craquelées, et pressait sa jambe contre la mienne, puis tout de suite, il s'excusait avec empressement.
    — Que vous a dit Fronzac hier soir ? insista Kathryn.
    Louise se mit à rire brusquement.
    — Savez-vous, quand j'ai appris le meurtre de Tenebrae, j'étais contente. Soudain, tout semblait rentrer dans l'ordre. Tenebrae était mort, il n'y aurait plus de menace, et je n'aurais plus à marcher dans cette horrible salle. Et voilà que la nuit dernière, quand je suis montée à l'étage, le cauchemar a recommencé. Fronzac m'a attirée à l'écart. N'étais-je pas heureuse que le mage ait été tué? me demanda-t-il. En guise de réponse, je l'ai regardé, et alors il a dit : « Un jour, Maîtresse Condosti, si vous savez où est votre intérêt, vous devrez marcher dans ma chambre comme vous l'avez fait avec Tenebrae. » Je me suis enfuie, terrifiée.

    Louise eut un rire amer.
    — A présent que Fronzac a été victime d'un meurtre, je me demande si une malédiction ne pèse pas sur moi. Dois-je bien être fiancée à Maître Neverett ?
    Elle se mit vivement debout et, séchant ses larmes, se pinça les joues pour leur redonner de la couleur.
    —
    Je vous ai dit ce que je sais, Maîtresse Swinbrooke, devant Dieu, c'est la vérité.
    Elle abaissa son regard sur Sir Raymond pour ajouter :
    — Peut-être serait-il bien que d'autres fassent de même.
    Et sans se retourner, elle sortit de la pièce, claquant la porte sur elle.
    Hetherington était blême. Il murmura d'une voix âpre :
    — L'Église nous fait interdiction d'entretenir tout commerce avec les individus comme Tenebrae.
    Il leva brièvement les yeux sur Kathryn.
    — Croyez-moi, maintenant, je comprends comme c'est sage.
    — Que voulait dire votre pupille quand elle a suggéré que d'autres devraient m'avouer la vérité?
    Kathryn se tut comme on frappait à la porte. Colum entra et elle lui fit signe de prendre le siège à côté d'elle.
    — Que se passe-t-il? demanda l'Irlandais.
    Maîtresse Condosti est descendue en courant pour se précipiter dans le jardin.

    — J'ai

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